La rencontre

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Peine perdue. Je passai une très mauvaise nuit. À chaque fois que je fermais les yeux, je ne pouvais m'empêcher de repenser au baiser de Richard. Je voyais les heures défiler sur mon réveil, maudissant mon cerveau de cogiter autant. Lorsque vint l'aurore, et que les premiers rayons du soleil pénétraient dans ma chambre, je sus que c'était peine perdue. Je décidai donc de me lever, et d'aller faire un jogging afin de m'aérer l'esprit. Après un rapide passage dans la salle de bains, j'enfilai ma tenue de sport, chaussai mes baskets, et pris la direction de Central Park, mes écouteurs dans les oreilles. J'avais les nerfs à fleur de peau et courir m'aiderait peut-être à me calmer. Arpentant les sentiers en footing, je laissai mon esprit s'évader, quant au détour d'un virage, je manquai de me faire renverser par un cycliste. Je m'écartai rapidement, mais trébuchai sur le bas-côté, perdant mon équilibre avant de finir les fesses sur l'herbe. L'homme au vélo s'arrêta pour venir à ma rencontre.

— Vous allez bien? demanda-t-il aussitôt en s'agenouillant vers moi.

Un peu secouée, je relevai la tête vers lui.

— Je n'ai rien de cassé, enfin je crois, répondis-je amèrement. Vous auriez pu faire attention, c'est une voie réservée aux coureurs, pas aux cyclistes!

— Je suis navré, s'excusa-t-il en me tendant la main pour m'aider à me relever.

Lorsque je posai son regard sur cet homme grand, mince, à la silhouette athlétique, ma respiration se bloqua. Blond aux yeux d'un bleu profond, les cheveux mi-longs à moitié ébouriffés par son casque de vélo, il était vêtu d'un simple short gris et d'un débardeur blanc, laissant apparaître des épaules probablement travaillées par des heures de musculation. De son sourire plein de charme, il me demanda à nouveau :

— Vous êtes sûre d'aller bien?

— Oui. Aïe, gémis-je en posant le pied.

— Oh non, vous êtes blessée, je vous appelle un taxi pour vous conduire à l'hôpital, proposa-t-il.

— Non, merci, c'est juste une petite égratignure, refusai-je en lui montrant ma blessure à la cheville. Vous voyez, je peux poser le pied, ça me lance juste un peu, mais rien de bien grave.

— Laissez-moi vous raccompagner alors? Je m'en veux d'avoir bousculé une si jolie personne.

Non, mais je crois rêver! Ce type me renverse et maintenant il me drague ouvertement. Quel mufle!

— Je peux me débrouiller, je suis une grande fille. Merci de m'avoir aidée, mais il faut que je me sauve.

— Attendez, pourrais-je au moins connaître votre prénom?

— À quoi cela vous servirait-il?

— À me faire pardonner, déclara-t-il sur un ton charmeur. Je m'en veux terriblement de vous avoir blessée.

— Vous êtes sérieux? m'étonnai-je.

— Je ne saurai être plus sérieux, répliqua-t-il. Un déjeuner vous conviendrait-il?

Apparemment, il n'a pas l'air de vouloir lâcher l'affaire.

— C'est gentil, mais je ne déjeune pas avec des inconnus, déclinai-je du tac au tac. Vous m'avez aidée à me relever, fin de l'histoire. Chacun reprend sa vie, et j'ai justement un boulot qui m'attend. Alors, bonne journée à vous, et soyez plus prudent à l'avenir! lançai-je avant de m'éloigner.

SHADE, TOME 1 - Cœurs EcorchésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant