Le Dîner

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20 h 45. J'étais enfin prête. Après avoir passé plus de vingt minutes à chercher ce que je pouvais bien me mettre, Nathaniel vint à ma rescousse. Je n'avais aucune idée de la façon dont je devais m'habiller pour un dîner avec un PDG, à vrai dire, je n'avais encore jamais eu de rendez-vous avec une personne aussi influente, et je n'avais pas envie de me sentir ridicule. Après un long débat avec mon colocataire, celui-ci opta finalement pour une robe sobre noire cintrée, décolletée, qui m'arrivait à hauteur des genoux.

— Euh, tu es sûr de toi? lui demandai-je soucieuse. Ce n'est pas un peu trop sexy pour un dîner?

— Tu ne voulais pas l'allumer ton bel apollon?

— Nathaniel! C'est un dîner de repérage, je ne veux pas qu'il pense que je lui tombe dans les bras!

— Crois-en mon expérience, tu vas lui faire de l'effet. Il vaut mieux qu'il soit envoûté par ton charme lorsque tu lui poseras tes questions, il y répondra sans s'en rendre compte.

— J'aimerais que ça soit aussi simple.

— Ne t'en fais pas, tu es parfaite!

Nathaniel s'occupa ensuite de mes cheveux. Il les coiffa de telle sorte qu'ils retombent bien ondulés sur mes épaules. Il me conseilla ensuite des petits escarpins noirs vernis. Je me maquillai, mais très légèrement, car le temps jouait contre moi.

21 h. Après avoir remercié mon colocataire, je pris ma voiture et je me dirigeai vers la société d'Hartner. Il me fallut une bonne vingtaine de minutes pour y arriver, et cinq de plus pour me stationner.

Enfin, j'y étais, avec cinq minutes d'avance. J'avais le cœur qui battait à cent à l'heure, et des voix résonnèrent dans ma tête.

Mais qu'est-ce tu fiches ici ? Pourquoi as-tu accepté cette invitation ?

Je les fis taire et sortis de mon véhicule, en m'armant de courage. Maintenant que j'y étais, je ne pouvais plus reculer.

Mon instinct de flic ne me quittant jamais, j'avais néanmoins pris mon arme de service dans mon sac à main. Arrivée face aux portes du restaurant, je ne pouvais m'empêcher de remarquer que c'était un restaurant français. J'adorais la cuisine française, depuis mon séjour à Paris.

— Lieutenant Shade, je suis ravi de vous revoir, intervint une voix suave.

Je me retournai, et tombai nez à nez avec mon milliardaire. Mon Dieu, qu'il était élégant et terriblement sexy dans son pantalon noir de grand couturier et sa chemise bleu ciel qui laissait deviner une carrure parfaite ! Cet homme était taillé comme une statue grecque. Nathaniel avait raison quand il le qualifiait d'Apollon.

— Vous avez trouvé facilement? me demanda-t-il en esquissant un sourire.

Dis quelque chose, respire, parle ! me hurlait ma conscience.

— Euh... oui. Ce n'était pas très difficile de revenir sur les lieux d'une enquête.

— Je croyais que nous devions mêler l'utile à l'agréable?

— Oui, je vous prie de m'excuser, me rattrapai-je. Je n'ai pas l'habitude de dîner avec mes suspects.

Son sourire disparut et laissa place à la tristesse. Il semblait blessé par ma remarque. Quelle gourde !

— Excusez-moi, je n'aurais pas dû dire ça.

— Non, vous avez raison, répliqua-t-il. Techniquement, je suis le suspect numéro un dans votre enquête pour meurtre, mais, ce soir, pouvons-nous mettre nos différends de côté et n'être que deux personnes civilisées qui apprennent à se connaître lors d'un dîner?

SHADE, TOME 1 - Cœurs EcorchésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant