SHADE, TOME 1 - Cœurs Ecorchés

Premier suspect

Immeuble d'Hartner and Co

Nous arrivâmes devant les entreprises Hartner, basées dans le quartier de Tribeca. L'immensité du building, presque aussi haut que l'Empire State Building, était une preuve irréfutable de la richesse de son patrimoine. Deux vigiles assuraient la sécurité à l'entrée.

Lorsque notre équipe voulut entrer, ils nous demandèrent nos pièces d'identité. Les gars exhibèrent leur plaque, et les deux colosses nous laissèrent pénétrer dans l'enceinte de l'immeuble. À notre grand étonnement, il n'y avait personne au rez-de-chaussée, seul un grand panneau indiquait ce qui se trouvait à chaque étage. Je jetai un œil à la liste et vis que notre suspect trônait au dernier étage. Logique pour un PDG...

Nous prîmes donc l'ascenseur. Après quelques minutes de montée, les portes s'ouvrirent sur un immense hall en marbre, où des baies vitrées laissaient passer la lumière du soleil. La vue qui se dégageait était un magnifique panorama sur le quartier. Un immense comptoir d'accueil présidait à gauche. Une femme plutôt mince, coiffée d'un chignon où aucune mèche de cheveux ne dépassait, brune aux allures de mannequin nous détailla de bas en haut, comme si nous n'avions rien à faire dans ces lieux. Les bourges, toujours aussi antipathiques ! Non loin de me laisser intimider, j'allai à son encontre et lui affichai mon badge sous le nez. La mine de la jeune femme se décomposa aussitôt.

— Bonjour, lieutenant Katherine Shade, nous aimerions avoir une petite entrevue avec votre patron, me présentai-je.

Elle me dévisagea puis s'empressa de prévenir son boss de notre venue. Une voix dans l'interphone autorisa l'hôtesse d'accueil à nous accompagner dans un bureau. Nous la suivîmes jusqu'à une immense porte, où elle frappa deux fois avant d'ouvrir et de nous inviter à entrer.

— Vos visiteurs, monsieur Hartner, annonça-t-elle avant de se retirer.

La pièce était immense, des sofas étaient disposés dans le coin droit, accompagnés d'une table basse en verre. Des tableaux affichant les exploits du PDG décoraient les murs blancs. L'homme que nous étions venus interroger était assis à son bureau, la tête dans son ordinateur, le téléphone collé à l'oreille. Lorsqu'il eut terminé sa conversation, il se leva de son siège et s'approcha de nous.

— Veuillez me pardonner, c'était un appel assez urgent. Tommy Hartner, se présenta-t-il en nous saluant.

Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je reconnus l'homme qui m'avait renversée plus tôt ce matin dans Central Park.

— Vous !? m'exclamai-je troublée. Mais... vous êtes le PDG de cette entreprise ?

— Oh, mais c'est notre joggeuse de ce matin ! répondit Hartner tout sourire. Je suis vraiment ravi de vous revoir.

— Euh, Kate, tu connais cet homme ? me demanda Butch.

— Figurez-vous que nous avons eu un petit accident ce matin, expliqua Hartner. Je l'ai accidentellement renversée avec mon vélo.

— Rouler en dehors des pistes cyclables vous aurait évité de me rentrer dedans, répliquai-je aussitôt.

— Peut-être, mais je n'aurais pas fait votre connaissance, dit-il d'un ton charmeur. Maintenant, je connais votre prénom, et il vous va à ravir Kate.

Entendre prononcer mon nom dans la bouche de cet homme me donnait des frissons. Sa voix était douce et sensuelle. Il n'avait plus rien à voir avec le sportif de ce matin. Vêtu d'une veste bleu électrique recouvrant une chemise blanche, dont les trois premiers boutons étaient ouverts, elle laissait entrevoir son torse musclé. Tous s'accordaient parfaitement à ses yeux bleus si intenses. Sa petite barbe de trois jours, que je n'avais pas remarquée, lui donnait un côté extrêmement viril et accentuait son charme. Je me retrouvai complètement envoûtée par son charisme, et je pouvais même me perdre dans son regard. Je devais me ressaisir.