Explications

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Après avoir laissé Leah à ses occupations, je décidai de me rendre chez Richard. Il vivait dans une petite maison dans un quartier tranquille à l'ouest de New York. Pendant tout le trajet, je n'arrêtais pas de réfléchir à la façon d'aborder les choses avec lui. Il allait sûrement me demander les raisons de ma fuite, et je ne savais pas si j'arriverais à lui dévoiler une part de mon passé. Vingt minutes plus tard, je m'étais garée dans l'allée menant à la maison. M'armant de courage, je sortis de la voiture et me dirigeai vers le palier afin de sonner, les mains tremblantes. Après quelques secondes, Richard vint m'ouvrir, et resta muet sur le seuil de la porte, ne s'attendant visiblement pas à me trouver ici. Vêtu d'un peignoir gris, ses cheveux en bataille, on aurait dit qu'il n'avait soit pas décuvé de la veille, soit qu'il broyait du noir à cause de mon rejet.

— Que fais-tu ici? demanda-t-il d'une voix rauque.

— Bonjour à toi aussi, répondis-je un poil agacé par sa façon de m'accueillir.

Bon d'accord, il n'avait pas l'air heureux de me voir, et il m'en voulait certainement, mais il pouvait quand même me recevoir autrement.

— Que veux-tu?

— Tu n'es pas venu au poste aujourd'hui et...

— Alors, tu t'es dit que ton nouveau statut de lieutenant te donnerait le droit de venir me chercher chez moi? me balança-t-il plein d'amertume.

Aïe, il était vraiment de mauvais poil. Il fallait que je trouve quelque chose pour détendre l'atmosphère.

— Non, soupirai-je, je voulais juste prendre de tes nouvelles.

Super, je ne pouvais pas faire mieux!

— Comme tu le vois, je vais bien, rétorqua-t-il s'apprêtant à refermer la porte.

— Je suis venue m'excuser, déclarai-je à la va-vite. S'il te plaît, peut-on peut discuter?

Après une grimace d'agacement, il m'invita à entrer et m'accompagna au salon. Son appartement était simple, sobre et incroyablement bien rangé. Les murs en briques rouges, le sol en carrelage beige apportait de la luminosité à son salon. Il m'invita à m'asseoir sur le vieux canapé en cuir craquelé marron avant d'ajouter :

— Je t'écoute.

Je ne pouvais plus reculer maintenant.

— Je suis désolée pour hier, repris-je. Tu m'as prise de cours... c'était tellement... précipité et inattendu.

Je cherchais mes mots pour éviter que la discussion ne s'enflamme. Richard était un homme charmant, mais très susceptible, le moindre faux pas pouvait le faire sortir de ses gonds.

— Tu affrontes des bandits tous les jours, et quand je t'annonce que je t'aime, tu m'ignores et tu prends la fuite, lâcha-t-il.

À l'entente de son «Je t'aime», je me sentis défaillir. La dernière personne qui m'avait dit ces mots m'avait causé beaucoup de souffrances, et je ne m'en étais toujours pas remise.

— C'est... compliqué, répondis-je la gorge nouée.

— Ce n'est pas une raison suffisante pour expliquer ton geste. On se connaît depuis plus de cinq ans, je ne suis pas un inconnu qui s'est jeté sur toi hier, je suis ton meilleur ami!

— Justement... Pourquoi vouloir inclure des sentiments?

— Tu te fiches de moi? OK... Qu'est-ce que tu ressens pour moi? Je te plais? Ou je suis dans ta case «meilleur ami» pour toujours?

SHADE, TOME 1 - Cœurs EcorchésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant