La fatigue se faisait ressentir, mais il fallait absolument que je me relève. C'est soit eux, soit moi. Mes mains glissaient lentement le long de mon corps, sur le sol, venant pousser contre ce dernier, tapissé de neige. Mon corps est lourd, fatigué, et j'ai horriblement froid mais c'est ma seule chance de sortir de cet endroit. Après m'être relevée, je jette un coup d'œil aux corps des trois hommes qui jonchaient le sol blanc et froid, tacheté de leur sang. Tout en saisissant le pistolet chargé de la poche arrière de l'un d'eux je lâchais froidement :
-Saloperies, on se revoie en enfer.
J'avais une telle envie d'appuyer sur la gâchette afin d'éterniser leur sommeil, mais ce pistolet n'est pas un silencieux, et je n'ai pas vraiment l'intention de me faire repérer actuellement. Mon regard se posa sur les fils électriques qui n'attendaient que moi pour être franchis. J'entendais déjà les chiens aboyer au loin, la disparition du garde du mirador du nord-est a été signalée, il ne faut pas traîner.
Je cours vers le mirador afin de monter dans celui-ci. Je glissais l'arme à feu que j'avais piqué contre mos dos, bloquée entre ce dernier et mon pantalon. Je m'installe sans perdre de temps sur la chaise, face au tableau sur lequel il y avait plusieurs commandes. Bordel, tout est en coréen et je n'ai pas le temps de réfléchir, des soldats nord-coréens pointaient déjà le bout de leur nez, des chiens enragés attachés à leurs ceintures, retenus par leurs harnais. Je pris une bouffée d'air, ferme les yeux et appuie sur les cinq boutons qui me faisaient face.
-3..2..1..Repérée.
Les soldats se dirigeaient vers moi alors que je venais de désactiver le système électrique de la partie nord-est de la clôture électrique qui me séparait de la « liberté ». Je viens bloquer la porte d'entrée du mirador en faisant tomber l'armoire en fer devant cette dernière, puis me dirige vers la fenêtre. Dieu merci, les nord-coréens en sont encore aux miradors de taille moyenne, et pas aussi hauts que ceux en Amérique.
Je sautais hâtivement de la fenêtre, ma chute fut amortie par la neige sur le sol, mais le danger des soldats courant vers moi était bien plus alarmant. Je commençais à grimper sur le grillage, l'électrocution me guette, mais de ce que je vois, j'ai bien réussi à désactiver le système. Les chiens avaient été lâchés, et je les entendais grogner en contrebas, mais bien avant que leurs maîtres ne m'atteignent, je venais de passer de l'autre côté du grillage. Je me tournais vers les soldats qui arrivaient à ma hauteur, le grillage nous séparant, ils pointaient leurs armes sur moi. J'observais chacun de leur mouvement en soupirant, et hocha doucement la tête de droite à gauche.
-Souciez-vous plutôt d'eux pour le moment, pas de moi. Leur confiais-je en désignant du doigt ce qu'il se passait derrière eux.
Les prisonniers de la partie nord-est du camp venaient de voir ma galipette au-dessus du grillage, alors pourquoi ils ne pourraient pas le faire eux aussi ? Honnêtement, mon plan se déroule à merveille, c'est le moment de la distraction pour eux, et le moment de l'évasion pour moi.
Je dois maintenant rejoindre la ville de Hoeryŏng, afin d'ensuite rejoindre la frontière chinoise, au fleuve Tumen. Je courrais, m'éloignant de plus en plus du camp dans lequel j'avais été faite prisonnière depuis une durée indéterminée, mais trop longue à mon goût. Les soldats sont trop occupés à retenir et massacrer les prisonniers tentant de fuir, je suis tranquille pour le moment. Je ralentis alors, jusqu'à marcher lentement, néanmoins je sentais mes jambes me lâcher, je suis à bout. Je n'y arrive plus. Mon corps tremblait. Alors que j'essayais de lutter pour atteindre Hoeryŏng, je m'effondrais, mes yeux ne voyaient plus que du noir. Le noir total.
Al...peux...faire
Une voix parvenait jusqu'à mes oreilles tandis que l'obscurité était la seule chose qui m'entourait. Je fronçais les sourcils, essayant de me concentrer sur la voix afin d'entendre audiblement les mots qu'elle prononçait.
Alvah, tu peux le faire.
Cette voix. J'ouvrais les yeux brusquement, je ne suis plus dans l'obscurité dans laquelle j'étais plongée il y a quelques secondes, mais je suis actuellement allongée sur le sol, sous le ciel gris de Corée du Nord. Le ciel pleuvait de délicats flocons de neige qui recouvraient le sol. Merde, j'ai eu un moment de faiblesse. Je me relève rapidement pour continuer le chemin que j'avais entrepris jusqu'à la ville me rapprochant le plus de la frontière chinoise. Je dois courir, je ne sais pas combien de temps je suis restée évanouie et les soldats sont sûrement à ma recherche.
Des cris d'enfants jouant entre eux parvenaient à mes oreilles, la ville est en bas de cette colline. L'objectif premier : ne pas se faire repérer, la Corée du Nord, ce n'est pas le pays le plus simple pour y sortir...Je descends le long de la forêt, longeant les arbres et évitant de me faire repérer par un des gamins. Après les arbres, ce sont les maisons que je longe. Passant par un jardin, mon regard se posa sur du linge étendu à l'abri de l'humidité. J'en profite rapidement pour m'y arrêter et prendre une chemise épaisse et des chaussettes me permettant de me réchauffer. Je les enfile rapidement. Ils ne connaissent pas les joggings ici ou quoi. Même cette chemise est affreusement moche.
Plus je marche, plus j'ai l'impression de perdre mes pieds, le froid est mon pire ennemi pour le coup. Mon regard se posa enfin sur mon but ultime : Le fleuve Tumen. Il est face à moi et je suis prête à plonger dedans. Personne aux alentours, j'avais déjà entendu que ce fleuve avait été traversé par des réfugiés nord-coréens fuyant le régime communiste et qu'il était le lieu de passage préféré de ces réfugiés pour ses caractères positifs : peu profond et étroit, réduisant ainsi la visibilité des gardes nord-coréens.
Ni une ni deux, je m'apprêtais à sauter dans l'eau, mais j'apercevais le fond, je m'avance alors, grimaçant. Je vais mourir d'hypothermie. Je coupe mon souffle, comme si cela allait m'aider à ne plus ressentir ce froid intense. Je me dépêchais de traverser, et ne perdais par de temps afin de m'éloigner de la frontière séparant la Chine et la Corée du Nord.
Une larme s'échappa de mon œil droit, que j'essuya rapidement d'un revers de la main, c'est donc ça, « pleurer de bonheur » ? Je suis enfin sortie de cette merde. Mes jambes devaient me mener à présent loin de Tumen, il fallait que je rejoigne , ville chinoise la plus proche et plus éloignée que celle de Tumen.
Epuisée, essoufflée, je m'écroulais en arrivant à destination. Un tel périple, plus jamais, je le jure. Des personnes m'entouraient pour me venir en aide tandis que mes yeux se fermaient peu à peu. Je ne pus prononcer qu'un mot avant de laisser l'obscurité remplacer la lumière.
-Taryn...
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Bonsoir tout le monde ! J'espère que vous avez passés une très bonne journée et que vous avez appréciés ce chapitre.
Je vous souhaites une très bonne nuit, et demain foncez vous amuser car la fin des exams est proche pour certains.
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Quetzal-coatl
AksiLe Quetzal, une discothèque située en Californie, à San Francisco est tenue par une jeune femme d'humeur vengeresse et sarcastique. Aux yeux de la société fastidieuse abritant ce monde, une boîte de nuit avec une telle renommée et influence ne devra...