Chapitre 1

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« - C'est une plaisanterie ? »

Attablé à une immense table de réunion tout en verre, le jeune homme de 27 ans joue frénétiquement avec ses doigts. Son attitude témoigne de son anxiété grandissante, à mesure que la conversation avec les collaborateurs des lieux progresse.

Au dehors, l'atmosphère est aussi douce qu'elle peut l'être lors d'un début de printemps. Les oiseaux gazouillent, tandis que le ciel se pare d'une robe d'un bleu éclatant, parsemée de quelques nuages. D'énormes boules de coton, d'une pureté étonnante, semblable à de la barbe-à-papa, dans lesquelles les enfants souhaiteraient plonger sans aucune hésitation.

Une brise légère passe dans les rues, soulevant doucement les feuilles des arbres, tout en transportant les effluves des fleurs qui ont éclot il y a peu. Une véritable vision de paradis, qu'il aurait sans doute prit beaucoup de plaisir à peindre. Il aurait presque pu se voir se rendre dans l'un de ces cadres idylliques, avec tout son attirail sous le bras, bien décidé à en capturer la moindre once de beauté.

Seulement, il est coincé là.

Au quinzième étage de ce building immense et très moderne, au multiples vitres, à ne pouvoir observer le tableau que depuis celles-ci, d'un coup d'œil très léger. Assis sur un fauteuil en cuir de luxe, qui vaut sans nul doute plus cher que n'importe quel loyer en ville, devant un verre d'eau minérale.

Ses mains se mettent à triturer le tissu de sa chemise légère, au niveau de ses poignets, tandis que son crâne emmagasine les informations qui lui sont transmises. Les quatre personnes assises autour de cette même table, lui répètent en boucle les mêmes choses, pour son plus grand désarroi.

« - Je sais que ça ne te fait pas plaisir Izuku, mais c'est le seul arrangement auquel nous pouvons arriver.

- Toutes les autres participations ont été en solo. J'ai largement fait mes preuves en six ans, vous savez ce dont je suis capable pourtant ! »

Cela résonne comme une injustice au creux de son sternum. Lui qui ambitionne de participer à un tel évènement, depuis bien avant ses débuts dans le milieu. C'est là, la consécration même de sa carrière, l'apogée de son parcours.

Son rêve s'effrite juste sous ses yeux, alors qu'il s'est appliqué à travailler si dur depuis le commencement. Alors que la vie ne l'a jamais épargné, l'obligeant à fournir plus d'effort que n'importe qui d'autre dans sa branche, afin que son talent sois reconnu. Qui s'est heurté aux rires, et aux moqueries, de ceux qui ne l'estimaient pas digne d'une telle notoriété.

Cette constatation lui laisse un goût amer dans la cavité buccale, sa langue lui semble bien trop pâteuse, et il peine à déglutir. Cette situation va donner raison à tous ces vieux abrutis, alors que le comité du musée va l'enfoncer, en l'obligeant à avancer en tenant la main de quelqu'un. Tel un bambin incapable de traverser la route.

Il a conscience que cette décision vise à lui venir en aide. Mais le jeune homme ne peut s'empêcher de voir cette condition qu'on lui impose, comme un fardeau, un réel manque de confiance en ses compétences. Parce que le positif a toujours tendance à se faire noyer sous le négatif.

« - C'est notre condition. Il est déjà assez exceptionnel que nous acceptions de te confier une nouvelle fois cette charge, alors que tu t'en es délesté l'année passée. Tu avais été choisi pour cette tâche.

- Je sais... »

Izuku baisse la tête, l'air penaud. Traversé de la sensation d'être remit à sa place, comme s'il venait de faire une ânerie, il se contente d'écouter ce qui lui est dit.

Il peut difficilement s'imposer, alors que la voix forte et pleine d'assurance du pionnier de cet évènement, le grand Yagi Toshinori, vient de s'adresser à lui. Mais surtout, il serait très mal venu de sa part d'émettre la moindre objection, alors qu'il est totalement fautif.

Our demons [KatsuDeku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant