La petite bâtisse n'est pas très fringante.
La musique qui s'élève entre les murs défraîchis, est vieillotte. La chaîne stéréo n'est plus de première jeunesse, partageant des sons qui n'ont jamais été des tubes. Aucun client ne vient même remuer la tête au rythme des notes qui défilent, se contentant d'écouter d'une oreille à la manière d'une bande-son un peu chiante, qui a au moins le mérite de briser le silence.
Comme si la perspective de devoir affronter un endroit dénué de tout bruit était pire, que de devoir se farcir des navets qui passent parfois en boucle.
Les ampoules laissent une lumière très criarde, tantôt blanchâtre, tantôt d'un jaune presque orange, qui arrache la rétine. Accentuant le mal de tête offert par la maison, une fois que la clientèle à consommé quelques verres de cet alcool bon marché, qui cogne fort entre les tempes et sur l'estomac.
Mais les boissons ne sont pas trop chères, le patron n'est pas trop con. Et, lorsqu'aucune bagarre n'éclate entre deux poster de films des années quatre-vingt dix, l'endroit pourrait presque être fréquentable.
Assit à l'une des chaise de bar, le regard divaguant dans le vide, le jeune homme se contente de noyer son énervement dans le liquide ambré qui emplit son verre. Le whisky n'est pas trop dégueulasse, et a au moins le mérite de l'aider à se détacher progressivement de ses songes.
Et, tandis que sa gorge se réchauffe à mesure qu'il boit, il tente désespérément de ne pas penser au fiasco qui s'est déroulé quelques heures auparavant.
Mais cela semble peine perdue, alors que son esprit reconstitue sans peine les traits de ce visage larmoyant, succombant à ses peurs les plus ancrées en son âme.
Katsuki apprécierait ne plus revoir en boucle cette paire d'émeraudes scintillantes qui se posent sur lui, bordées d'eau, portant le poids de ses angoisses. Mais surtout, il aurait aimé avoir la solution ultime. Celle lui permettant de débarrasser Izuku de tout ceci. Lui offrir un tout nouveau départ bien mérité, après ces longues années de combat acharné, dont il n'a pas l'air de retirer grand-chose de positif. Du moins, rien qui soit à la hauteur de tout ce qu'il a du sacrifier pour en arriver là.
Seulement voilà, comme toujours ils n'ont pas su s'écouter ni l'un, ni l'autre. Parviendront-ils un jour à communiquer sans difficultés ? Le blond se le demande très sérieusement.
Et, maintenant qu'il est là dans ce bar miteux, à faire ce qu'il a reproché à son collègue de travail quelques heures plus tôt, l'artiste se questionne sur la suite des évènements. Doit-il retourner voir Izuku à son domicile ? Lui envoyer un message ? Rageur, Katsuki laisse sa main lourdement tomber sur le plateau en bois, juste à côté de son verre qui est désormais vide. Ce n'est pas son genre de se prendre à ce point la tête, sur des détails aussi futiles.
Qu'est-ce qu'il y peut après tout, si son comparse ne souhaite pas se faire aider ? Ce n'est pas comme s'il n'avait pas essayé, ou qu'il ne lui avait pas offert une porte de sortie à cet enfer. Et si le jeune homme ne veut pas saisir cette opportunité, ni même accepter la difficulté du parcours qui se présente à lui, Katsuki doit apprendre à lui lâcher la main.
D'un geste du doigt, le peintre fais signe au barman de le resservir. Il n'a aucune idée de ce qui va advenir de toute cette situation, mais dans le cas présent il est certain d'une chose : il n'a pas de compte à rendre, et a bien l'intention de profiter de cette journée de congé imprévue.
Tant pis pour son collaborateur.
Pourtant, alors que son regard vermeil se relève de son verre qu'il tient encore dans sa main, il ne peut dissimuler sa surprise en croisant les traits de ce visage, dans le miroir disposé derrière les innombrables bouteilles face à lui.
VOUS LISEZ
Our demons [KatsuDeku]
FanfictionSe noyant au centre de cette notoriété grandissante, et d'une envie de toujours prouver au monde le résultat de ses années d'acharnement, Izuku Midoriya garde la tête haute. Lorsqu'il est retenu pour représenter la communauté artistique lors de la...