𝑿𝕀﹣ Tʀᴇ̀s ᴀɪᴍᴇ́ᴇ ᴍᴀᴍᴀɴ

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Très aimée maman,

Mon désarroi est grand, car je n'ai pu t'écrire plus tôt, mais vois-tu, le travail à l'office de Londres est rude. Pas que cela soit de trop pour ton fils, mais la tâche ne donne point de distraction. Mais chère maman, ne t'en réjouis pas ! car la chance ne joue point en ma faveur. Le cœur d'un grand poète a beau battre en moi, il me faut modifier ma situation pour un temps. Oh ! ne t'effraie pas. Ce n'est rien qui ne puis être passager, car enfin les journaux ne peuvent me payer à la hauteur de mon génie, et de ce fait j'ai grand besoin d'une carrière parallèle qui ne dure pas plus que l'automne -c'est ce que je crois.

Chère maman, j'ai grand besoin de ton aide dans une affaire dont tu sauras t'occuper à merveille. Voudrais-tu passer chez Barrett, et au terme des amitiés que je lui transmets bien sincèrement, lui oser demander s'il puis m'embaucher à son coté et sous le rang d'assistant chirurgien dans un de ces bateaux pour l'Afrique pour lesquels il quitte Bristol toutes les années pour la saison que tu connais ? Ses manuels sont chez nous, tu le sais. Mais qu'il ne craigne pas, car je les ai bien lus jadis et les connais encore fort bien. Je te prie, maman, de lui demander pour l'amour du bon vieux temps à Bristol, il saura quoi en penser.

Je te prie de bien croire, très aimée maman, à l'amour et la tendresse que je te porte, et j'attends avec impatience de tes nouvelles, des nouvelles du pensionnat, de mes amis, William Barrett, John Lambert, Michael Clayfield, Ann Rumsey, Rosemonde Edwards, William Newton et ma très aimée sœur Mary.



Thomas CHATTERTON

Le 12 août 1770, à Londres


P.S : Je prie pour que l'amertume de Mary envers moi se soit adoucie, mais ne lui en tiens pas rigueur, je porte l'entière responsabilité de mes actes et suis fin prêt à m'expliquer au sujet de ma première décision quant à ses noces.

La mort de ChattertonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant