Elle était eucharistique et perlée, calme et dévote ; elle avait des fesses trapues et de longues dents déchiquetées.
Il y avait du caca sur les murs. Il ressemblait à une crotte de chien, mais c'était bien, bien pire que ça. D'un brun clair, il avait presque la même consistance que l'argile, il était humide et collant et tachait les surfaces d'une pâte glissante de boue, parfois des vers rampaient sur le dessus, comme sur une grosse rondelle de fromage corse écrasé. Ça sentait l'étron fraîchement pondu.
Mais ce n'était pas de la merde. C'était plus... C'était plus "caca". Et c'est pour ça que ça ne sentait pas la merde.
C'était une légère acidité maladive comme un fromage fort ou du lait aigre. À la fois dominante et subtile. Elle n'étouffait pas l'odeur du reste, mais elle restait suffisamment forte pour qu'on puisse la sentir à travers tout, comme l'odeur d'un sac de viande pourrie qui trempe dans de l'eau stagnante.
Et la dévote s'amusait, devant notre regard atterré. Parfois sur le sol. Parfois sur les murs. Parfois sur les meubles. Parfois sur les gens.
Claquaient contre les murs des "ploc" humides, des salves giclant comme un ballon d'eau, et sous le pied se brisaient en feuilles comme du papier mouillé les cacas sales.
C'est sale. CACA CACA CACAAAAAAA.
TOUCHER TOUCHER.
Collant et collant aux doigts comme de l'argile humide et huileuse, une fois sèche, elle devient poudreuse comme du sable.
Alors elle flotte à travers la pièce en vagues ambrées...
Le goût est étonnamment doux et collant comme du sirop, mais avec un soupçon d'amertume de levure.
Et nous avons fini planté là, absorbé par ce spectre aux tâches blanches remuant ses bras dorés, s'agitant pour faire sortir des petits morceaux cacao de son arrière train. Ils étaient servis sur de la porcelaine fine, une fine croûte brune, une chaude odeur et un panache de fumée.
De temps en temps c'était plus gros, et poussant du sang se mélangeait, elle trempait alors ses doigts explorant la surface carrelée avant sur les murs de les poser.
00I00000 0I000I0I 0II0III0 0II00II0 0II00I0I 0III00I0
On ne comprenait pas ce qu'elle écrivait, on voyait juste ses yeux révulsés et sa langue pendante, exploratrice à deux doigts de s'arracher, quand surgit un fantôme d'âge moyen assis sur ses hanches. Sur le bord blanc brillant d'un bloc de marbre, il souriait, serrant une pelle dans une de ses griffes osseuses.
Il ne dit pas un mot, mais même elle se tourna vers lui. Car si l'autre odeur nous avait fait tourner la tête, celle-là était plus comme l'odeur fétide qui vous réveille une fois dans la nuit et qui se trouve dans votre lit, une puanteur de vieille viande déformée, de tripes et d'intestins de cochons qu'on a salement grillés et égorgés avant de les jeter dans une fosse de sang, de vomis et de déjections fermentées aux cucurbitacées pourries.
Elle se jeta à ses pieds et nous l'imitâmes, mangeant son propre fumé pour nous obliger. Mais cela ne suffit pas. Ignorant la femme qui hurlait, il nous agrippa par le cou et nous coinça au fin fond d'une boite en bois.
Et je tapais, je tapais, contre chaque coup de pelle, jusqu'à ne plus entendre que le bruit sourd des os de mes poings qui se brisent contre la paroi alors qu'il ne me restait qu'assez de force pour crier :
MAMA MAMA MAMAAAAAAA

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CACA CACA CACAAAAAAA
Short StoryDe fer et de sang et j'écris ton nom sur mes ailes, ainsi, j'aimerai que tu deviennes mon ombre féerique et je garderai un souvenir amoureux de toi à l'envers de ma peau et de mes os. De la chair des enfers aux nuages du ciel, ici commence l'étrange...