Sur le dos du monde

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Sur le dos du monde, il ronfle sans fin...

Il ronfle du bout des dents, comme un chien qui veille, et son œil gauche, en ce moment, brûle de toute la fièvre qui est en lui, et son bras gauche est un nœud d'espoir ou un filet tendu à la mer.

Le bruit continu de la bouche de l'homme s'est tôt étouffé. Son œil est tombé dans un grand rêve, et s'enroulent ses paupières sur ses yeux en suant.

Je suis cet homme, et je m'en vais lentement d'ici pour la mer. Je m'en vais lentement pour que la mer s'écoule en moi et m'épouse, comme un homme qui va vers sa mort et qui laisse une femme s'en aller avec lui, et je vais l'épouser avec grand-hâte.

Ce n'est pas un bain qui est là pour moi, c'est une nuée de pensées qui me prend dans ses bras.

Je sors du monde.

Je laisse les morts me regarder. Je sors de mes vêtements de cendres. Le vent s'enfuit de la terre sans que rien ne lui résiste. La pluie tombe avec des bruits de bûches arrachées.

J'écoute les cris de la foule. Ils courent dans les rues, les uns vers les autres, et ils se mêlent, et les sons se coulent en eux et se mêlent. Le rire d'un enfant est comme une guirlande, chaude et fidèle, et elle tourbillonne autour du monde.

Je m'en vais lentement, lentement. Je m'arrête pour regarder la mort, comme si elle était une chose que je croyais avoir oubliée. Je la prends dans mes bras, je l'embrasse, comme on embrasse un être qu'on n'aime pas. Je lui dis : Je te trouve belle.

Je ne lui dis pas : Prends la terre. Je ne lui dis pas : Prends le ciel. Je ne lui dis pas : Tes yeux sont bleus comme les fleurs. Je ne lui dis pas : Tes paupières sont roses. Je ne lui dis pas : Ta peau est douce et chaude comme un baiser.

Je ne dis rien non plus à l'homme qui est assis près de moi, le cœur me bat violemment. Il attendra que je le salue.

J'avais promis de ne plus parler, mais la voix qui me dit ces choses en mon sein s'impose comme le commandement de la terre et du ciel, et crie : "Viens près de moi ! viens si tu peux !" Et je m'enfonce plus profondément dans les eaux. Alors sans musique ou mots, des douleurs et des repos.

Je veux que cette chanson sombre

Me fasse penser à ma vie,

Et que je ne m'étonne plus

Qu'on m'aime et qu'on ne m'aime pas.

Que chaque matin

Je me réveille avec une nouvelle raison

Par-delà les grands mots et l'inconstance,

Qu'on se moque de mes efforts maladroits,

De mon physique ingrat

Qu'on me prenne pour un bâtard, un roi

Qu'on me pardonne quand même

et qu'on me cède

Tous les soirs mon trépas.

Que je puisse mourir en paix

Et me remettre en route loin de la terre

Qu'un jour plus jamais je ne reverrai.

CACA CACA CACAAAAAAAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant