Douceur

#12 Vous savez ce que ça fait d'aimer quelqu'un qui ne vous aime pas ?

#12
Est-ce qu'avoir des sentiments c'est « être amoureux » ? Les fervents défenseurs du séparatisme de ces deux causes diront que non. Alors quelle est la différence ? Et à partir de quand pouvons-nous dire « je l'aime » ou « je t'aime » -pour les plus courageux- sans que ça ne soit « que des sentiments » ?
Le pire est peut-être d'aimer quelqu'un qui fera tout pour que vous l'aimiez encore plus, mais tout en ayant conscience de ne jamais vous aimer en retour. Vous savez ce que ça fait d'aimer quelqu'un qui ne vous aime pas ?
Ou peut-être que l'amour c'est uniquement du désir ? Ou de la science -on a tous entendu parler de la théorie de la réaction chimique. Le désir ça, j'connais. Ou plutôt, il me connaît. Et il sait très bien me faire vivre tout et n'importe quoi d'ailleurs.

Cliff se tient devant moi, contre le mur. Je me rapproche d'elle, comme de manière magnétique ; une envie viscérale de la toucher m'habite depuis que nos regards se sont croisés ; envie qui devient de plus en plus irrépressible. Si elle avait été dans ma tête, elle aurait su que j'avais -évidemment- un besoin fou de l'embrasser. Mais mes yeux me trahissent suffisamment pour ne pas avoir à lui dire.
Elle lit mon envie viscérale à travers mon regard, mais se contente d'esquisser un sourire. Je m'en mords les lèvres. Ça devient de plus en plus difficile de résister... Je me rapproche encore. Elle tire sur sa clope et laisse échapper sa fumée qui vient caresser mon visage. Elle me susurre « Pourquoi tu ne le fais pas... si tu en as autant envie ? ». Elle lève son menton, comme elle sait si bien faire, et me regarde d'un regard défiant. « Vas-y.. » murmure-t-elle. Impossible de résister. Nos corps se rapprochent comme une évidence. Magnétisme. Je pose mes mains sur ses hanches, mes lèvres se perdent sur les siennes comme une goutte d'essence sur un brasier. Sa langue effleure la mienne, ses cheveux entre mes doigts. Je passe mes mains sous ses vêtements, la chaleur de son corps m'envahit. J'embrasse son cou, je respire son odeur -son parfum que je reconnaîtrais entre mille, comme ma drogue- son ventre, son dos, sa mâchoire, sa nuque, ses battements de cœur, sa respiration dans ma bouche. Nos corps se touchent. Laissez-moi devenir qu'une avec elle. Je l'espère inexorablement.
Elle glisse sa main sous mes vêtements, caresse mon dos, mes hanches, mon ventre. Mon souffle s'accélère à nouveau. Je ne vais pas tenir... Je me recule pour reprendre mes esprits. Elle me regarde, sonnée aussi, puis me sourit. « Ca va..? » murmure-t-elle. Aucune réponse, mes mots sont bien loins. Mes yeux se perdent à nouveau dans les siens, puis descendent sur sa bouche, sa poitrine, son ventre. « Qu'elle est belle... ».
Elle revient vers moi et niche son nez dans mon cou, sent mon odeur, m'embrasse et m'entoure de ses bras, comme une protection. Laissez-moi là. Des heures. Je l'embrasse puis sa main descend mon dos avant de s'arrêter sur mes fesses. Je recule, attrape sa clope et tire dessus. Mon dégagement soudain la fait froncer les sourcils « Vi..? », elle s'installe sur la chaise devant le mur.
Mon instinct va prendre le dessus. Comment lui expliquer que je risque de perdre le contrôle ? Je ferme les yeux, crache la fumée. Respire, tu vas pas tuer quelqu'un quand même ? On parle juste de désir... Elle attrape mes cuisses et me tire vers elle « allez viens là... » me souffle-t-elle avec son sourire -tellement séduisant. Ses mains remontent jusqu'à la commissure de mes fesses, sous mon short. Mon cœur s'accélère. Je jette ma clope et l'écrase frénétiquement en me concentrant sur mon souffle. Je me murmure « ça va aller... ». Elle se lève, me retourne vers elle. Sa langue effleure ma lèvre, avant de la mordre. Tout en me plaquant violemment contre elle, elle remonte sa main entre mes deux jambes. Elle s'arrête « t'as envie..? ». Entre deux souffles, je susurre un « vas-y. ».
Ses doigts se perdent. Je lâche un gémissement et la griffe.
Un bruit strident retentit. Mon réveil... 8h23, « Merde !! ». Arriver en retard en pleine première semaine, faut le faire.
Je bondis de mon lit, enfile maladroitement mon jean, ma veste, mes DocMartens (non je ne les lâcherai jamais), j'appuie sur la cafetière. Le café coule, mon regard se perd dans le vide pendant que mon cerveau tente d'émerger. « J'ai pas rêvé de... ? » . J'écarquille les yeux « Wow, si. » J'attrape ma tasse. « Attends c'était quoi exactement ? » J'y jette un sucre, je tourne ma cuillère. « J'ai rêvé que je... avec ma collègue Cliff ?! » La tasse me glisse des mains et le café s'étale sur mon t-shirt.