Chapitre 9 : Le Corps d'Arlette

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Liliane sommeillait paisiblement, roulée en boule dans son lit, lorsque la porte de sa chambre s'ouvrit avec perte et fracas. Elle rebondissait à peine contre le mur que le Marquis déboulait comme un taureau, Herald dormant encore à cette heure-ci.

-Kekispass ? bafouilla-t-elle en émergeant de ses coussins, pas du tout réveillée.

-Je suis resté un homme !

Pardon ? Battant des paupières, elle fit le point sur les cheveux longs et le joli minois de mademoiselle Arlette, dont les mains la saisissaient déjà pour la secouer.

-Je suis resté un homme quelques minutes, alors que le jour venait de se lever !

-Oh... Oh ? Attendez, comment ça !?

Parfaitement réveillée à présent, elle considéra le visage chargé d'espoirs d'Arlette, enfin, du Marquis... Bref ! De Macklar. Il avait de sacrés cernes sous les yeux.

-Vous en êtes certain ?

-Évidemment ! J'ai même un témoin. N'est-ce pas, Alfred !?

Elle remarqua alors la présence du majordome, debout devant la porte close, le dos bien droit. Il hocha la tête, avec un petit sourire.

-C'est la première fois que ça arrive, Liliane ! Ça n'a duré que peu de temps, mais c'est bien la première fois qu'un changement se produit dans ma malédiction !

-Mais c'est génial ! D'où cela provient-il, à votre avis ?

-Ça, je l'ignore. Je compte sur vous pour me le dire.

Haussant les sourcils, elle considéra le Marquis, qui certes avait cessé de la secouer, mais qui la tenait toujours par les épaules.

-Je ne vais pas pouvoir le deviner comme ça. Il va falloir que je mène quelques recherches.

-Faites. Il n'y a pas de problème.

-Oh, vous consentez à me prêter votre corps, alors ?

Le sourire de Macklar se figea sur ses lèvres, tandis qu'elle souriait de toutes ses dents. Il la relâcha enfin, pour se pincer l'arête du nez avec un soupir, une main sur sa hanche féminine.

-Vous et vos formulations, franchement... Très bien ! Je vous prête mon corps, mademoiselle Liliane ! Que dois-je faire ?

-Tout d'abord, sortir votre magnifique fessier de ma chambre et me laisser m'habiller.

Il tiqua à cette remarque, étant donné qu'il était sous sa forme d'Arlette, avant de croiser les bras pour lui adresser un regard courroucé. Elle en fit de même.

-Vous êtes gonflée, pour quelqu'un qui m'a sauté dessus et mis à nu il y a deux jours.

-Certes, mais c'était pour une bonne cause. Outre le voyeurisme, quelle est la vôtre, ce matin ?

-Le voyeu... Mais je ne suis pas voyeuriste, bon sang !

-Oh... Étant donné votre présence dans ma chambre de bon matin, je me suis fourvoyée, fit-elle d'une voix pleine d'innocence. Ou vos intentions sont-elles encore moins nobles ?

Il s'étouffa presque dans ses jurons en devenant tout rouge. Avec sa longue chevelure rousse d'Arlette, cela donnait un effet rougeoyant très lumineux. Néanmoins, Liliane éclata de rire, ce qui lui fit cesser ses insultes et quitter la pièce à grandes enjambées, sous le regard du majordome stupéfait de ce spectacle.

La Malédiction de MacklarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant