Le choc l'avait empêchée de répondre. Lorsque le Marquis était parti, la laissant seule dans l'étude, elle était restée un long moment silencieuse. Herald, qui à l'origine voulait lui demander ce qu'il s'était passé, la retrouva immobile sur le canapé. Quand il lui demanda si tout allait bien, elle hocha la tête avec son sourire habituel. Mais ses yeux étaient perdus.
Le cœur meurtri par cette vision, le chevalier lui avait serré la main, sans rien dire.
Macklar ne se présenta pas de la soirée. Et, assise dans son lit, seule, Liliane était incapable de fermer l'œil.
Elle réfléchissait. À toute vitesse. Mais tout se figeait, l'empêchant de mener à terme ses réflexions. Épuisée moralement, elle considéra, au cœur de la nuit, le carnet posé sur sa table de chevet. C'était celui récupéré tantôt.
Le Marquis n'étant pas encore rentré, elle s'en saisit afin de passer le temps.
Ouvrant une page au hasard, elle lut :
« Jamais je n'aurais pensé que Margareth et son frère le Marquis de Macklar étaient une seule et même personne ! ».
Hein ? Pardon ?
Confuse, Liliane referma le livre. Avant de le rouvrir, les yeux ronds comme des soucoupes.
« La Chevalière Sanglante, que nous ne pouvons voir que la nuit, et le Marquis, ne sont qu'une seule et même personne. Les deux faces d'une même pièce. J'ai été confus en découvrant cela, de prime abord. Je ne pensais pas que mon épouse, aussi étrange soit-elle, puisse se changer en homme au lever du jour et devenir une femme à la tombée de la nuit ».
Oh bon sang.
Marquant la page, Liliane réorganisa son lit, pour s'installer confortablement contre les coussins entassés en un dossier, avant d'allumer deux autres bougies pour mieux voir. Calée sous les draps, le carnet en cuir sur ses genoux repliés, elle retenait presque son souffle en lisant les différentes entrées du carnet. Il n'y avait aucune date. Néanmoins, elle pouvait nettement voir qu'entre la première page, traitant de son mariage avec la Chevalière Sanglante, et celle où il découvrait le pot au rose, deux mois au moins s'étaient écoulés.
Était-ce le père du Marquis actuel qui écrivait les lignes ? Était-ce plus ancien que cela ? Confuse, elle se demanda quel était le nom de la mère de Macklar. Si c'était bien Margareth, alors...
« Voilà deux semaines que je sais, à présent. Margareth se sent coupable de m'avoir caché cela. Mais je peux la comprendre. Femme de naissance, connue comme telle, elle a fait face à tant d'adversité qu'elle ne pouvait se confier à quiconque. Car sœur du Marquis et Marquis à la fois, elle s'était retrouvée face à une situation inextricable : elle devait avoir un héritier pour perpétuer le nom des Macklar. Mais elle ne voulait pas prendre une épouse, car elle n'était même pas certaine de pouvoir la féconder. De plus, sa préférence semblait être pour les hommes. De fait, elle avait trouvé un compromis : elle devait épouser un noble, qui ne représenterait pas une menace, même s'il découvrait la situation. Et qui serait capable de lui donner un enfant, qui deviendrait l'héritier légitime du Marquisat. Ainsi, le « Marquis » de Macklar n'aurait pas à se marier, sa descendance étant assurée par sa « sœur ». Son choix s'était donc porté sur moi. Quatrième fils d'un noble de petite naissance, sans contact dans l'empire, à la santé fragile de surcroit. Je comprends mieux, à présent. Je trouvais étrange, aussi, qu'un homme aussi puissant que le Marquis de Macklar me choisisse, moi, comme époux de la Chevalière Sanglante. »
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La Malédiction de Macklar
RomanceEn rencontrant Liliane de Karth, Logan sait qu'il va avoir besoin de toute sa volonté pour lui résister. Car la magicienne, mandatée pour enquêter sur sa malédiction, est bien décidée à découvrir son secret. Quitte à faire craquer les nerfs du beau...