La salle de banquet est comble ce soir-là. Tous les habitants du Multiverse se sont rassemblés au château sous invitation de ses deux propriétaires. Nul ne fait exception, pas même Océan qui n'aurait pas dû passer la porte selon toute vraisemblance. L'imposante silhouette de Caleb se distingue particulièrement de l'attroupement qui peuple la salle. Rien d'étonnant à ce que l'attention soit si facilement portée sur le maître des lieux. Celui-ci observe son peuple avec un regard seigneurial que son apparence ne vient pas démentir. Sa compagne et lui sont tous les deux en costume d'apparat, vêtus comme ils l'étaient lors de leur premier baiser. Une tenue hautement symbolique, donc, qu'ils n'ont pas manqué d'arborer en cette soirée si spéciale. De temps à autre, tous deux échangent un regard enamouré. La présence de leurs sujets et les bonnes mœurs les empêchent d'aller plus loin qu'un chaste baisemain, mais les dieux savent à quel point le cœur y est.
Caleb détourne parfois son regard pour le poser sur Riku. Le barde se tient quelque peu à l'écart de la foule, son instrument dans les bras. Il lui adresse un sourire amical, avant de lui indiquer de se tourner vers Alicia. Ce qu'il fait sans se faire prier davantage, la dévorant presque des yeux. Au bout de quelques instants de contemplation langoureuse, Caleb prend les mains de sa dame alors que les premières notes de mandoline retentissent dans la salle. Les deux amants s'entraînent mutuellement vers un espace plus dégagé de la salle aménagé en piste de danse. Ils commencent à valser alors que la voix de Riku s'élève par dessus la mélodie. Leur chorégraphie est fluide, élégante, majestueuse. Elle est toute à l'image de ce château et de ce couple, et semble une évidence pour quiconque la regarde. C'est comme si leurs corps et leurs âmes étaient faits pour s'entrelacer. Et alors que leurs mouvements s'enchaînent à la perfection, les battements de leurs cœurs retentissent à l'unisson et viennent compléter la chanson du Kaakuta.
Tandis que leurs hôtes tournoient inlassablement sur la piste, les sujets s'attablent devant le repas qui leur est servi. Les mets sont tous plus somptueux les uns que les autres et dégagent une odeur sucrée et entêtante. Ce parfum ensorcelant a vite fait de convaincre les invités, qui se précipitent presque sur leurs assiettes. Seuls font exception les danseurs et le musicien, qui semblent évoluer dans une réalité parallèle en cet instant suspendu hors du temps. Peu importe la ripaille ! Peu leur chaut la senteur envoûtante de ces plats ! Et peu les intéresse le goût divin qu'on leur devine pourtant...
C'est comme si l'univers s'était arrêté pour accueillir leur valse. Il leur semble l'avoir dansée depuis la nuit des temps et n'avoir jamais cessé depuis lors. Caleb et Alicia ne vivent qu'au gré de leurs propres gestes et de la musique de Riku. Rien ne saurait les interrompre, quand bien même le monde viendrait à s'effondrer autour d'eux. Là, tout n'est qu'ordre et beauté. Luxe, calme et volupté. Il n'y a pour eux que le plaisir réciproque de partager cet instant précieux.
L'éclat d'un verre brisé retentit, jurant parmi les accords enchanteurs de la mandoline. S'il en faut plus pour déstabiliser le couple, Riku s'arrête de jouer l'espace d'un court instant. Le silence laissé par sa pause ne s'éternise pas longtemps ; très vite, du grabuge se fait entendre depuis les tables. Le barde s'accroche à son instrument et s'affaire à jouer plus fort encore pour couvrir le brouhaha. Caleb et Alicia n'y voient que du feu, continuant de danser sur une musique de plus en plus endiablée. Leurs pas s'intensifient en même temps que la mélodie de Riku et se répondent dans une harmonie parfaite. Celle-ci semble partie pour durer éternellement... mais qu'est-ce qui peut se targuer de le pouvoir ? La rumeur des conversations finit par couvrir le son des cordes pincées. La musique s'arrête et les danseurs se figent dans leur mouvement.
Caleb et Alicia demeurent interdits pendant quelques instants, avant de finalement se retourner vers les tables. La salle de banquet est en proie à un gigantesque pandémonium. Les sages convives se sont tous mués en bêtes sauvages ; bien qu'ils aient tous gardé leur véritable aspect, ils se conduisent comme tels. Ceux qui disposent d'une arme ou d'un pouvoir assimilable n'ont pas manqué de la dégainer, frappant des coups au hasard vers le premier badaud venu. Ce haut-lieu de raffinement s'est changé en un champ de bataille où le sang n'a pas manqué de couler. Voyant sa fête dégénérer affreusement, Caleb avance vers les belligérants dans l'intention de les séparer. En tant que seigneur, il va de son devoir de rétablir l'ordre au sein de sa cour. Le jeune homme élève la voix, mais personne ne l'écoute. Ses cris se perdent dans ceux que poussent inlassablement ces animaux. Il pousse un soupir agacé et porte la main à sa ceinture. Aux grands maux, les grands remèdes.
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Les mots d'autres visages
AléatoireIci se mêlent la plume et le regard de personnages tous plus distincts les uns que les autres. Leur point commun ? Avoir tous été incarnés dans un RP pour une durée plus ou moins longue. Qu'ils soient de nobles âmes, des fauteurs de troubles ou enco...