Chapitre 1

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Jouant avec les sangles de son sac à dos, elle était assise sur une chaise en plastique grise, adossée contre un mur peint d'une couleur censée avoir un effet positif sur l'humeur selon une théorie des années quatre-vingt-dix. Cependant, après avoir compilé les données recueillies sur un échantillon-test (elle-même), elle pouvait affirmer que cela n'avait absolument aucun impact sur son humeur. Elle serait même prête à valider ses résultats avec la personne chargée de la récupérer. Aucun effet sur l'humeur. Elle ne savait pas vraiment qui se déplacerait cette fois-ci pour s'excuser auprès du recteur. Sa famille étant plutôt nombreuse, elle s'imaginait qu'ils devaient procéder par tirage au sort. Mais peu importe qui viendrait, elle allait sérieusement se faire engueuler cette fois-ci.

Elle scrutait les affiches collées au mur, abordant la prévention du harcèlement et la lutte contre le suicide. Elle se demandait pourquoi elle se retrouvait là, alors qu'elle n'avait fait que se défendre. Elle était, d'une certaine manière, la victime ici. Certes, elle avait intentionnellement bousculé Ty Monroe, mais en même temps, lorsque quelqu'un occupe un espace aussi large qu'une allée entre deux tables, cette personne pourrait au moins faire l'effort de se pousser ou de s'excuser pour laisser passer les autres clients du fast-food fréquenté par tous les étudiants. Non seulement Ty ne se poussait pas, mais il le faisait sciemment. Ainsi, lorsque ce dernier avait délibérément bousculé sa meilleure amie, elle avait été contrainte de lui expliquer les règles de la vie en société. Est-ce que l'utilisation de mots trop complexes pour son petit cerveau de joueur de première ligne au football l'avait offensé ? Elle en doutait. Peut-être était-ce plutôt le fait qu'elle lui explique ces mots qui l'avait offensé ? Probablement. Et la présence de Ty Monroe à l'infirmerie expliquait sûrement pourquoi elle se retrouvait devant le bureau du Doyen.

Oh merde... jura-t-elle intérieurement.

Parmi toutes les personnes susceptibles de se déplacer, c'était sa tante qui était venue, la seule, à part son père, qui avait réellement un emploi du temps chargé. Il fallait que ce soit elle qui vienne, et elle semblait réellement fâchée.

« Bonjour, tata », murmura-t-elle en baissant la tête.

« Qu'est-ce que tu as encore foutu, Caity ! » s'énerva-t-elle dans le couloir.

« Madame Stone », s'excusa mielleusement le Doyen en sortant de son bureau. « Entrez, je vous en prie. Excusez-nous de vous avoir dérangée.

— Qu'est-ce qui s'est encore passé ? » demanda-t-elle en s'asseyant à côté de sa nièce une fois dans le bureau.

Caity fixait l'horizon visible à travers la fenêtre, droit devant elle. Elle connaissait le bureau par cœur, tant elle y avait été convoquée malgré elle. Elle connaissait le contenu de chaque bibliothèque, le nombre de vis sur chaque panneau en bois, le nombre de feuilles dans les motifs du tapis, et le nombre de clous sur le cuir qui entourait le bureau.

« Il y a eu une légère altercation entre Caity et un autre élève, une divergence de points de vue. Des mots ont été échangés et l'autre élève a maladroitement glissé sur la main de Caity. Plus de peur que de mal, je vous assure », expliqua le Doyen d'un ton condescendant qui agaça sa tante, comme le remarqua Caity en observant les jointures blanches de ses mains serrées.

« Est-ce qu'il est blessé ?

— Non, rassurez-vous. C'est un costaud, il joue dans l'équipe de football.

— Des recruteurs le surveillent-ils ?

— Je ne crois pas, non, Madame Stone.

— Tant mieux. Alors, vous l'expulsez pour combien de temps ?

— Comprenez que le règlement intérieur est assez strict, et Caity n'en est pas à son premier incident. Cependant, si nous devions l'expulser, cela pourrait être gênant pour sa famille. Son père, un capitaine de police, sa mère, une enseignante respectée, vous-même, Madame Stone. J'aimerais pouvoir faire quelque chose.

Second chances Tome 4/6 : Clara-Rose & HarperOù les histoires vivent. Découvrez maintenant