Second chances Tome 4/6 : Clara-Rose & Harper

Chapitre 28

Harper n'avait pas vu Ella depuis cinq jours. Il entendait du bruit dans sa chambre, l'entendait entrer et sortir, mais elle ne venait pas le voir, ne lui écrivait pas. Ça l'ennuyait, car il s'était habitué à sa présence, à entendre sa voix en permanence, même la Ella agaçante du début de leur relation lui manquait. Elle avait demandé à être seule, donc il estimait que c'était à elle de décider quand elle voudrait le voir. Elle n'était pas reclus dans sa chambre, donc tout allait bien, elle refusait seulement de le voir. Est-ce que le fait de voir dans quel état il avait mis le lutteur l'effrayait ? Avait-elle vécu de la violence familiale ? Sa famille est censée faire partie de la mafia de Chicago, peut-être un traumatisme enfoui est-il remonté ? Harper se posait des questions, mais lui laissait son espace. Il se concentrait sur ses cours, ses travaux, ses projets, dormait peu, mais travaillait beaucoup. C'est en revenant de la bibliothèque, s'arrêtant dans un café pour prendre quelque chose à manger, qu'il la vit, assise en train de travailler, discutant avec un groupe de filles, souriante. Leur regard se croisa un instant, elle le fixa avant de retourner à sa conversation. Elle avait décidé de l'ignorer, c'était parfait. Au moins, il avait sa réponse et pouvait avancer. Ses études, Clara-Rose. C'est tout ce qui importe désormais. Les recherches n'avaient rien donné, tant pis. Ella semblait se satisfaire de cette conclusion.

Décidant d'en rester là lui aussi, Harper s'installa dans un fauteuil près d'une fenêtre, buvant une gorgée de café. Il réfléchissait à son problème d'escaliers. Il avait la mobilité et la vitesse avec son système sphérique, mais était incapable de franchir des escaliers. En passant à un mode à jambes articulées, il perdait en mobilité. Harper se trouvait brillant, et il réalisait qu'il n'était qu'en première année, butant sur le premier problème venu. Il comptait quand même valider son projet tel que prévu, se concentrerait sur le problème du déplacement l'année prochaine et finirait par son IA. Ce robot était son projet de fin d'études, il travaillait dessus depuis un moment et n'allait pas tout modifier maintenant.

Perdu dans ses pensées, il ne remarqua pas la présence de l'homme et de la femme qui, après s'être renseignés au comptoir, se dirigeaient vers sa table.

« Monsieur Harper Boswell ? »

Ella ne quittait pas Harper des yeux et le vit se braquer quand un couple se présenta devant lui. Elle commença à se lever quand, tournant la tête, il fit non de la tête en la regardant, invitant le couple à s'asseoir. Ella craignait qu'il ait des problèmes et soit poursuivi pour coups et blessures à cause d'elle, préférant s'éloigner pour sa propre sécurité.

« Asseyez-vous, je vous en prie », fit Harper en libérant un côté de la causeuse en retirant son sac à dos.

« Nous représentons une agence gouvernementale et vos travaux ont éveillé notre intérêt », se présenta l'homme.

« Mes travaux ? Mais je n'ai même pas fini ma première année, je n'ai pas vraiment de travaux », sourit Harper.

« Tout projet lié à la robotique ou à l'intelligence artificielle est systématiquement rapporté à notre agence », reprit la femme.

« Le DARPA * », sourit Harper en la regardant droit dans les yeux.

« En effet », répondit-elle en souriant. « Vous êtes brillant, Monsieur Boswell. D'après les informations que nous avons reçues, le robot que vous concevez vous-même semble remarquable. Puis-je vous demander quels sont vos objectifs une fois diplômé ? »

— Probablement la NASA. Je souhaite contribuer aux projets de colonisation spatiale », répondit Harper.

— D'où le robot », ajouta-t-elle.

— En effet », approuva Harper. « Est-ce que vous allez reprendre mon projet ?

« Non », le rassura la femme. « Nous aimerions vous financer pour le mener à terme.