Chapitre 12

23 4 0
                                    

La voiture franchit l'imposant portail de l'université, suivant le flot des voitures qui s'y déversait. Kara s'engage dans l'avenue principale bordée d'arbres qui traversait le campus de l'université et roule au pas, à la recherche du bâtiment où Harper habitera pour les prochaines années. Scrutant une place de parking, Bethany fait signe à Kara quand elle en repère une. Elle aime cette ambiance, ces bâtiments chargés d'histoire. Bethany sait qu'elle se serait plu à l'université, se voyant étudier en littérature, voire y être professeure. Le campus est de belle taille et, connaissant son fils, il va s'y fondre comme s'il avait toujours vécu ici. Il est comme elle, appréciant l'Histoire et cette passion pour les pierres qu'elle a depuis sa première visite en France alors qu'elle avait l'âge d'Harper.

Le trajet depuis Los Angeles jusqu'à Ithaca, dans l'État de New York, a été long, mais nécessaire, permettant à Harper de retrouver sa famille, rien que pour lui. Ses mères rayonnent encore par leur beauté même si, ici et là, l'âge commence à laisser de petites rides. Il est fier d'elles, malgré leur passé. Il aurait voulu leur parler, profiter de tous ces kilomètres de route pour leur dire ce qu'il sait et ce qu'il peut combler. Kara lui a donné une pièce de plus, mais il en manque beaucoup. Il sait quand Bethany a disparu de chez elle et quand elle a fait sa première apparition devant la caméra, entre les deux, c'est un mystère. Il sait que ce premier film est celui où elle a rencontré Kara, alors déjà au sommet de sa carrière. Il connaît le jour exact de la rencontre de ses mères, et cela lui convient, sachant qu'elles sont toujours ensemble presque trente ans plus tard, ça signifie quelque chose. Mais il n'ose rien dire, se contentant de les regarder croiser leurs doigts ensemble, de noter les appréhensions de Bethany près des camions, devinant que ses années manquantes ont un lien avec sa peur des camions qu'il lui a toujours connue, imaginant un accident ou un enlèvement, refusant d'imaginer autre chose.

Quand Kara coupa le moteur, Harper sortit en s'étirant.

« Ça y est, mon grand », sourit Bethany.

Jetant un coup d'œil aux alentours, il observait les familles qui se croisaient dans un ballet de cartons et de valises, de longues embrassades, de larmes. L'agitation était palpable.

Harper observa la construction moderne portant un nom issu de la nation Cayuga et sa traduction en anglais sur une petite plaque.

« Allez, hop, on décharge ! » dit-elle en sortant une valise. « Quel est ton numéro de chambre ?

— 402. »

Franchissant la porte, une oriflamme souhaitait la bienvenue aux nouveaux étudiants. Le stress montait un peu dans l'ascenseur, et le fait que ses deux mères lui tapotent le dos était encore moins rassurant, comme s'il était conduit à la chaise électrique.

« Ah, mais c'est pas mal », sourit Kara. Un lit double, une poubelle et une poubelle de recyclage, dis donc. Et l'air conditionné, c'est le luxe. Tu me rappelles combien on paye pour ça ? » rigole Kara, en regardant la commode à trois tiroirs, la penderie, le bureau, sa chaise et sa lampe. « C'est spartiate.

— Mais il y a le Wi-Fi », sourit Harper en montrant son téléphone.

« L'argent, ce n'est rien. Ton fils va inventer le téléporteur, voire un TARDIS pour clouer le bec à Abby et Tilly. Oh pardon, mon chéri », réalise Bethany.

« Tu veux de l'aide pour sortir tes affaires ? » demande Kara, cherchant n'importe quelle excuse pour rester un peu plus longtemps avec son fils.

« Ça va aller, maman », dit-il en l'enlaçant.

« Je sais, mais ça va être long sans toi. Tu es tout ce que j'ai fait de bien dans ce pays. Tu sais que je ne suis pas... Kara, et je te remercie de ne jamais chercher à en savoir plus. Un jour, nous parlerons », dit-elle en tirant Bethany pour la rejoindre.

Second chances Tome 4/6 : Clara-Rose & HarperOù les histoires vivent. Découvrez maintenant