À la lueur de l'aube, les premiers rayons du soleil illuminent le salon de Victor. Assise sur son canapé, je me sens coléreuse. Je suis quelque peu frustrée par les événements. Avec deux attaques en deux jours, il y a de quoi. Le calme ne tardera pas à arriver, je vous rassure.
Réfléchissons, qui peut m'en vouloir ? Toute la planète ? Non, tout de même pas, mais une bonne partie des félidés de France, ça oui. Est-ce que ce serait un coup du serval de la ruelle ? Je ne pense pas. Je n'ai pas reconnu l'odeur de l'inconnu, mais ce qui est sûr, c'est que nous l'avons enregistré dans notre mémoire olfactive. Lorsque je le croiserai, il s'en souviendra. Bref.
Je quitte le domicile de mon ami, avant son réveil, mais lui laisse un mémo sur la table, le remerciant et le prévenant de mon départ. Je me dirige vers le cinquième arrondissement de Lyon, pour rendre visite à Horace et lui faire part des événements passés: rue Montauban, 2, 2 bis, 3, 3 bis, ah voilà le numéro 4. Située dans un quartier calme et silencieux sans pour autant être isolée, sa petite bâtisse en brique crème, entourée d'un charmant jardin accessible par une terrasse, a été entièrement rénovée. Elle possède une très belle vue sur le parc se trouvant à deux pas, sans pour autant avoir un gros vis à vis. J'utilise ma clé pour rentrer et me dirige vers le grand séjour lumineux où je retrouve Horace assis, comme à son habitude, dans son fauteuil face aux immenses baies vitrées, où l'on aperçoit le salon de jardin disposé dehors. Je dépose mon sac sur la table en marbre de la spacieuse salle à manger. C'est une maison avec beaucoup de charme: un lieu de vie unique où je me suis toujours sentie chez moi. Horace me sourit doucement quand il m'aperçoit, des ridules apparaissent à la commissure de ses lèvres, conséquence de son âge avancé. Ses courts cheveux grisonnants encadrent des traits de visage marqués par la fatigue, ses yeux verdoyants cachés derrière une paire de lunettes papillonnent quand un rayon de soleil s'insère au travers de la baie vitrée. Il essaye de se lever pour m'embrasser mais du haut de son mètre soixante, son corps, notamment une de ses jambes est meurtri par une blessure de guerre. Une grosse infection de sa blessure s'est répandue dans le reste de son corps, la plaie étant trop importante, sa capacité à guérir n'a pas pu le soigner totalement. Cette vieille blessure et l'arthrose qui en découle rendent, à présent, éprouvant tout mouvement. Mon cœur se déchire à chaque fois que je constate l'avancée des séquelles sur son corps, ma bête ronronnant pour me soutenir, elle ressent ma peine. Je ne connais aucun homme aussi brave que lui, il ne s'est jamais plaint et affronte l'adversité sans broncher. J'ai beaucoup de problèmes dans ma vie mais mes lèvres ont quand même appris à sourire en le voyant.
- Bonjour Pa, m'approchai-je pour lui éviter l'effort de se lever.
- Bonjour mon enfant, comment vas-tu ?
- Comment te portes-tu aujourd'hui ? Esquivais-je.
- Tout va pour le mieux. Me répondit-il pas le moins du monde dupe.Me dirigeant vers la cuisine, je lui prépare une tasse de thé et m'empare d'une pomme, posée sur le plan de travail. Nous nous installons, sur le salon de jardin à l'extérieur. En raison de ma mine soucieuse et de mes fraîches boursouflures, il me demande ce qu'il m'est arrivée.
Je lui raconte alors en détails mes trois derniers jours: le rêve, la conversation écoutée au Ragnar, mon agression et l'incident à mon appartement.
- Le bougre de lundi parlait de l'unité tempête, sais-tu qui est-elle ? Et as-tu entendu parler du tigre ?
Ses sourcils se froncent, puis il marmonne quelque chose que lui seul comprend. Il tourne la tête vers la baie vitrée et songeur, me partage enfin ses pensées.
- L'unité tempête est connue pour être la plus puissante après la disparition de celle de cerbère. Elle est aussi composée de huit membres. Sa force vient surtout du capitaine Leroy et du lieutenant Cartier. Leurs techniques de combat ont fait la renommée de l'unité.
- Pourquoi n'ai-je pas entendu parler d'eux avant ça si elle est si renommée ?
- Si tu ne te braquais pas quand je te parle de Paris, de l'armée, etc... Tu l'aurais su ! Me rabroua-t-il. Bref, le capitaine Leroy Raphaël est le tigre.Hum oui ? Et ? Mais encore ? Finalement, ce nom me sembla familier, il devait déjà m'être arrivée de l'entendre. Mais c'est bien la première fois, qu'à son énonciation, un léger pincement au cœur me saisit. Les yeux de mon père ont étincelé lorsqu'il en a parlé. Je suis curieuse, je me demande bien à quoi peut-il ressembler ? Est-il vraiment si puissant qu'il n'y paraît ? Il doit se sentir bien seul.
- Tes détails ne m'apprennent rien, lui dis-je perplexe.
- Patience mon enfant, tout vient à point à qui sait attendre, imitant Rabelais.Encore un de ces proverbes à la noix. Ils ont le don de m'exaspérer. Levant les yeux vers le ciel, j'entends son léger rire. Il a toujours trouvé comique ma faculté à rouler des yeux à la moindre occasion.
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Jaguar en multimédia.
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Félidae
ParanormalDans un monde où les félidés vivent cachés des humains lambdas. Méprisée, dédaignée, et exclus par les siens, Mia, une jeune fauve albinos est mobilisée à la capitale, dans une nouvelle unité, pour une mission de défense nationale. Elle est embarqu...