« Horace essaya de récupérer mon attention, j'avais perdu le fil. Alors, où en sommes-nous ? Ah oui, la corporation de demain. »
___________________Nous convenons que l'accompagner jusqu'à l'église pour éviter tout désagrément est la meilleure chose à faire. Sa condition physique pouvant lui jouer quelques tours. Il a beau être un des plus puissants de son espèce, il commence à se faire vieux et la maladie n'aide rien à tout ça. Il cédera bientôt sa place pour éviter tout affrontement absurde, dès qu'il ne sera plus apte à exercer ses obligations.
Jusqu'à ce moment, les jaguars laissent Horace en tant que représentant, sa sagesse et sa réputation militaire le précèdent. Il oriente toujours la discussion vers le meilleur, et évite ainsi tout conflit inutile. Il sait même résonner les personnes les plus têtues. Croyez-en mon expérience. Il a toujours fait preuve de diplomatie dans chacune de ses décisions. C'est un être exceptionnel.Je ne le remercierai jamais assez pour tout ce qu'il a fait pour moi. Il m'a recueilli quand tout le monde m'a tourné le dos, c'est un père de substitution: je le considère comme un être faisant partie de ma famille.
Horace me propose de passer le reste de la journée et la nuit ici pour que l'organisation du lendemain soit plus simple. J'accepte volontiers, cela fait bien longtemps que je n'ai pas dormi dans cette maison, dans mon ancienne chambre. Un léger ronflement me parvient aux oreilles, en me retournant, je constate que mon père s'est assoupi de fatigue. Aller quoi, il est quinze heures et c'est maintenant que l'envie de dormir lui prend ? Allons bon. J'ouvre la malle près du fauteuil et en sort un léger plaide, que je dispose sur lui. Je baille à m'en décrocher la mâchoire en traversant le séjour pour monter à l'étage. Alors que je remonte le grand escalier, mes yeux glissent vers les différentes photos accrochées au mur, on nous y voit lorsque j'étais enfant, puis adolescente et enfin adulte. Je reste figée quelques secondes, nostalgique, sur celle du mariage d'Horace et d'Annie.
Annie me manque tellement, cela fait presque dix ans qu'elle est décédée d'un accident de la route. C'était une humaine qui avait connaissance de notre condition féline, l'amour entre eux était si fort que beaucoup de personnes les jalousaient. J'aimerais qu'un jour, quelqu'un m'aime autant qu' Horace aimait et aimera toujours Annie. Tu rêves ma pauvre fille.Je longe le couloir qui mène à ma chambre, arrivée devant ma porte, je la clanche et je pénètre à l'intérieur. Des effluves de vanille et de bois ancien me parviennent, je souris doucement, contente d'être ici. Je me sens chez moi. Cet endroit a toujours été mon refuge surtout lors de mes sorties et de mes permissions. Ma chambre est un endroit cosy et très spacieux, que j'ai moi-même décoré. Seuls deux murs sont bleu claire et le reste est blancs cassés, j'y ai épinglé beaucoup de photographies de fauve, toutes en noir et blanc. Les rideaux accrochés devant la baie vitrée sont teintés de bleu, ils encadrent l'ouverture pour accéder au balcon, vu sur le jardin. Un tapis crème est disposé au milieu de la chambre, face au lit. En parlant de ce dernier, il se trouve en dessous de mon cadre tigre, ma photo préférée, il est recouvert d'une couverture blanche et de coussins bleus. Devant le lit, il y a une petite commode écrue où des fleurs sont posées. Au-dessus d'elle, ma photographie du fauve d'Horace est accrochée, je l'ai prise lorsqu'il se prélassait sur la pelouse. Ma bibliothèque est en face de la commode, à côté de la télé. À sa gauche, une grande armoire pour ranger mes affaires est présente. Mon bureau se trouve entre la bibliothèque et le miroir. Mon appareil photo posé sur le bureau, il attend avec impatience que je l'utilise. Je pars ouvrir ma porte-fenêtre pour créer un courant d'air et me laisse tomber sur le lit. Je ne tarde pas à m'endormir, ma dernière nuit n'ayant pas été des plus reposantes. C'est le moins que l'on puisse dire.
Je me relève en sursaut dans mon lit, le cœur cognant fermement. Je venais de faire un curieux rêve, un rêve si réel qu'un instant je me demandais où étaient passés les plantes, la prairie et le tigre, avant de réaliser que j'étais chez Horace, dans ma chambre et que ce n'était qu'un rêve. Je descends vérifier que tout va bien pour mon père, mange un bout et puis remonte me coucher. Mais je ne me rendors pas de suite, car dès que mes paupieres s'abaissent, je revoyais, un immense tigre blanc, aux yeux bleus glacés marchant parmi les hautes herbes, semblant me fixer et attendre quelque chose de ma part.
Je retrouve Horace attablé, m'attendant, je suppose, pour commencer à manger. Il me sourit doucement et me demande si ma nuit de sommeil a été agréable. Je lui réponds positivement en omettant de lui raconter mon étrange rêve. Un frisson me parcourt, le vide dans ma poitrine s'accentue et si je me concentre bien, je peux parfaitement revoir tous les détails de ce dernier. À la fin de notre repas, je pars prendre une douche. Quand je suis chez mon père, je ne ressens nullement le besoin de me cacher derrière des artifices, malheureusement ce n'est pas le cas dès que je pose un pied à l'extérieur. Les traumatismes de mon enfance ont la vie dure. Ouvrant la commode, je prends mes lentilles parmi celles que je possède, et me prépare.
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Tigre en multimédia.Bonjour / Bonsoir, j'espère que ce chapitre vous plaira.
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Félidae
ParanormalDans un monde où les félidés vivent cachés des humains lambdas. Méprisée, dédaignée, et exclus par les siens, Mia, une jeune fauve albinos est mobilisée à la capitale, dans une nouvelle unité, pour une mission de défense nationale. Elle est embarqu...