~ CHAPITRE 8 ~

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Je sors en douceur de la brume vaseuse dans laquelle je me trouvais, mes paupières frétillent pour arranger ma vue parasitée par un mystérieux regard bleu. Aux sons des casseroles qui s'entrechoquent dans la cuisine et du bruit de la machine à café, j'en déduis que papa doit préparer le petit-déjeuner et que ce sont ces mêmes bruits qui m'ont réveillé. Je m'étire de tout mon long et laisse échapper un ronronnement de contentement, mon fauve se prélassant derrière mes murailles. Cette petite sieste nous a fait beaucoup de bien, on a rechargé nos batteries. Tiens ça fait longtemps que je suis sortie courir. Penser à une activité physique ravive une soudaine envie de me dépenser. Des fourmillements parcourent mes poings, dans l'attente de se défouler contre un sac de frappe. En voilà une bonne idée. Je pourrai aller à la salle pendant la corporation pensai-je. J'inspire une grande bouffée d'air, et réjouie de mon futur programme, je descends en direction de la cuisine en sifflotant.

Je retrouve Horace attablé, m'attendant, je suppose, pour commencer à manger. Il me sourit doucement et me demande si ma nuit de sommeil a été agréable. Je lui réponds positivement en omettant de lui raconter mon étrange rêve. Un frisson me parcourt, le vide dans ma poitrine s'accentue et si je me concentre bien, je peux parfaitement revoir tous les détails de ce dernier. À la fin de notre repas, je pars prendre une douche. Quand je suis chez mon père, je ne ressens nullement le besoin de me cacher derrière des artifices, malheureusement ce n'est pas le cas dès que je pose un pied à l'extérieur. Les traumatismes de mon enfance ont la vie dure. Ouvrant la commode, je prends mes lentilles parmi celles que je possède, et me prépare.

Nous voilà, marchant côte à côte sur le chemin, la basilique ne se trouvant qu'à une dizaine de minutes de la maison. Je soutiens Horace lorsqu'un obstacle se présente, sa canne aidant lorsqu'il n'y en a pas. Disons qu'il avance à son rythme, un rythme... Comment dire ? Lent. Arrivés sur place, je la contemple une nouvelle fois. Sa beauté m'en met plein les yeux à chaque fois. La pierre blanche rosé irisée de gris resplendit sous la lueur chaude du soleil, son architecture unique composée de deux églises superposées et de grands vitraux arbore son originalité.

Devant la grande porte, deux gardes métamorphes sont postés pour assurer la sécurité et l'escorte des membres de la corporation féline. Je laisse sortir un léger grognement quand mon regard croise celui d'un des gardes, qui me fixe avec dédain et mépris. Le dégoût que leur apporte ma venue, visible sur leurs visages, me passe au-dessus de la tête. L'habitude peut-être ? Je remarque bien qu'ils s'abstiennent de tout commentaires. Dommage. Ils ne feront rien, mon poing étant atterri bien trop souvent sur le visage de leurs collègues, la raclée qui s'ensuivait a fait perdre toute envie de tentatives aux autres : ils me craignent. Mes talents de combattante sont aussi célèbres que mon albinisme. Rien que pour m'amuser, je laisse sortir légèrement mon côté bestial pour accentuer leurs craintes. Cela pourrait être compris comme une demande de jeu mais le sentiment de danger reste présent. Je hume l'air et laisse la senteur de leurs peurs m'envahir. Une odeur exquise. Je leur lance un sourire narquois mais hausse un sourcil lorsqu'une critique me parvient aux oreilles. Un troisième garde vient de rejoindre les deux autres: ce bon vieux César. Il a toujours adoré ouvrir sa bouche pour de mauvaises raisons, et me critiquer est un de ses passe-temps favoris.

- À ce que je vois, le monstre est de sortie aujourd'hui. Énonce-t-il sournoisement. Une lueur mauvaise teintant le brun de ses yeux.
- Toi aussi, tu m'as manqué mon chou, lui répondis-je ironiquement.

Je regarde avec satisfaction ses mâchoires se contracter sous la pression de sa colère. Mon sourire s'accentue d'autant plus. L'expérience m'a fait comprendre que selon les adversaires, plusieurs tactiques existent: soit la violence physique, soit l'indifférence totale, soit l'ironie. Appliquons ma théorie à César: le cogner ne servirait à rien, j'ai déjà essayé. L'ignorer lui donnerait l'envie de continuer ces remarques. Il suffit alors simplement de le prendre à son propre jeu: l'ironie. La victoire n'est que plus grande lorsque je l'entends grommeler et repartir dans la basilique.

Je laisse échapper un petit rire, Horace me regarde avec une légère pointe de désapprobation. Je hausse les épaules avec indifférence, il l'a bien cherché ce vieux crouton. J'étends mes sens au maximum pour percevoir le moindre danger et une fois rassérénée, je laisse Horace entrer dans le bâtiment et participer à sa réunion. J'adresse un regard d'avertissement aux deux gardes, ma bête grondant pour approuver ma manœuvre, je suis intransigeante quand il s'agit de la sécurité de mon père surtout lorsque je ne suis pas présente. Je vois les gardes déglutir difficilement. S'il arrive la moindre chose à mon père, je les tiendrai pour responsable et ils subiront notre colère.
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La Basilique Notre Dame de Fourvière de Lyon en multimédia.

Bonjour à tous et à toute, j'espère que ce chapitre vous plaira. Il y aura plus d'actions dans le prochain, promis.

Je m'excuse pour mon retard mais avec la rentrée, je vais devoir allonger mes parutions de chapitre.

Bonne lecture.

FélidaeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant