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Zoe_reiss m'a demandé d'écrire le passage où Baji était dans la cellule de Chifuyu donc le voilà :)
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   Baji de mordit la lèvre et laissa tomber sa tête contre la vitre et regarda longuement Chifuyu. Le pauvre... il devait s'ennuyer à mourir ici, dans cette sordide cellule. Il était là, attaché à sa chaise, et il ne bougeait pas de la journée. Il n'avait même pas le droit de sortir, ou alors seulement pour aller au toilette. Et les seules visites qu'il recevait étaient celles de ses ravisseurs, qui venaient juste pour l'interroger et lui faire du mal...
   Le pauvre, il avait l'air si adorable, pourquoi infliger ça à un ange comme lui ? Enfin, un ange... Il l'avait quand même enfermé en prison et il n'avait pas hésité à leur tirer dessus. Mais c'était quand même un ange, il faisait juste son travail...
   — Kei, arrête de le regarder avec comme si c'était un pauvre petit chat abandonné, dit la voix de son meilleur ami derrière lui.
   — Il me fait trop de peine, gémit Baji en se tournant vers Kazutora.
   — Kei, il risque rien ici, et il va pas mal non plus.
   — Oui mais il a même pas le droit de bouger... Pourquoi on le mets pas dans une chambre ? On en a plein !
   — Parce que c'est un ennemi !
   — Mais il est trop mignon...
   — Il était moins mignon quand il nous tirait dessus..., répliqua Kazutora en enfouissant une poignée de chewing-gum dans sa bouche.
   — T'es sérieux, demanda Baji en croisant les bras.
   — Oui, je te rappelle que Chifuyu a essayé de nous tuer, c'est tout sauf mignon ça. Je veux pas que tu souffres en-
   — Je parlais pas de ça, tu viens vraiment de mettre une dizaine de chewing-gum dans ta bouche ?
   — Je suis stressé, j'ai besoin de sucre, expliqua son meilleur ami en mâchant difficilement ses bonbons.
   — Pourquoi t'es stressé ?
   — Parce que j'ai fait un séjour en prison, t'es amoureux d'un policier et je veux pas que tu souffres parce que t'es mon meilleur ami, j'ai un mauvais pressentiment avec Chifuyu, l'affaire Shinichiro est de nouveau d'actualité et on va se lancer sur un chemin truffé de piège où on va tous mourir, Senju me calcule pas et elle me prend pour le mec le plus stupide qu'elle connaisse, j'ai été méchant ce matin avec Sanzu alors qu'il le méritait peut-être pas et que je suis sûre qu'au fond il a de bonne raison d'être comme ça, Rindo est triste à cause de lui et quand il pleure j'ai l'impression que c'est la fin du monde, personne ne veut de moi et je finirais seul parce que je suis toujours le plan b, Mikey veut qu'on-
   — Hé Kazutora, s'exclama Baji pour le couper dans son élan. Tout va bien, détend toi ça va aller !
   Le jeune homme se plaça derrière son meilleur ami et posa ses mains sur ses tempes pour les masser avec douceur et l'aider à retrouver son calme. Kazutora était d'un naturel très anxieux, il pourrait débiter pendant des dizaines de minutes tout un tas de raisons qui le faisaient angoisser, et il fallait l'aider à s'arrêter dans ce genre de moment. Baji avait l'habitude de faire ça, et il savait comment apaiser son meilleur ami. Il allait prendre le temps de répondre à chacune de ses angoisses.
   — Je te promets que je vais faire attention avec Chifuyu, je sais très bien que c'est un ennemi et je vais me tenir éloigner de lui, je te le promets. Je sais que la prison était dure pour toi, même si tu ne le montres pas, mais maintenant tu es en sécurité d'accord ? Personne ne te fera rien ici, et on va prendre soin de toi. Je comprends que t'aies un mauvais pressentiment pour Chifuyu, mais c'est normal vu la situation, et tu sais on ne prend pas ça à la légère, on fait tous très attention avec lui, même moi. Je sais que partir à la recherche de Shinichiro est dangereux et que la police est sûrement prête à nous sauter dessus. Mais on est prêt, Kazutora on peut se battre. On a des armes et assez de membres pour se battre, et même si ça fait peur, on ne reculera pas cette fois. Shinichiro a besoin de nous, il nous attend, et on ne le laissera pas tomber. On va le sauver, même si c'est dur, on peut le faire, et on se protègera les uns les autres. Quoiqu'il arrive, moi je vais toujours te protéger alors tu ne risques rien.
   Baji prit une grande inspiration, invitant son meilleur ami à faire de même, et glissa ses mains sur ses épaules pour masser ses trapèzes.
   —Je comprends tes premières angoisses, mais j'avoue que là j'ai du mal à comprendre pour Senju. Je ne vois pas pourquoi elle te prendrait pour quelqu'un d'idiot alors que tu es très intelligent. Même si tu fais souvent n'importe quoi et que t'es une terreur à ta manière, on sait tous très bien que t'es adorable, et que tu fais tout ça pour te protéger et te faire aimer. Mais on t'aime tous comme tu es tu sais, même quand ça va pas on t'aime, surtout moi. Et si Senju le remarque pas, c'est qu'elle est bête et qu'elle rate une personne vraiment incroyable. Même si je pense qu'elle fait beaucoup plus attention à toi que tu ne le remarques. Ensuite pour Sanzu, j'étais pas là ce matin alors je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Mais si tu as été « méchant », je suis sûr qu'il y avait une raison et qu'il avait besoin qu'on le remette en place. Mais si tu t'en veux, tu peux toujours aller t'excuser et parler avec lui. Après pour Rindo, s'il est triste, la seule chose que tu puisses faire pour lui c'est le soutenir, mais s'il pleure je te rassure, c'est pas la fin du monde. C'est dur de voir ses amis pleurer, surtout ceux qu'on aime beaucoup, mais Rindo est super fort et je suis persuadé qu'il va s'en remettre.
   Keisuke contourna son ami et vint s'asseoir près de lui. Kazutora semblait un peu plus calme, ses yeux étaient baissés et il arrachait silencieusement la peau de ses ongles.
   — Merci, dit-il au bout d'un moment.
   — Pourquoi tu dis que t'es toujours le plan b, demanda Keisuke avec un regard perçant.
   — Pour rien.
   — Il s'est passé quelque chose ?
   — Non. C'est juste qu'on ne va jamais vers moi en premier et que je vais finir seul, ou alors avec une personne qui sera avec moi par défaut.
   — N'importe quoi, il y a plein de personne qui s'intéresse à toi !
   — Non il n'y a personne, mais c'est gentil d'essayer de me remonter le moral, dit Kazutora avec un mince sourire.
   — Tu dis ça à cause de Rindo ? Parce qu'il t'a demandé de lui faire oublier Sanzu ?
   — Non... j'ai l'habitude pour ça... Mais laisse tomber, c'est pas grave. C'est bien d'être seul aussi, dans un gang de criminel vaut mieux être seul qu'en couple non ?
   Keisuke ne sût pas quoi répondre.
   — Arrête de faire cette tête, dit Kazutora en riant, les yeux brillants. J'ai passé toute ma vie en étant le second choix, c'est pas si grave ! Il faut bien des personnes pour remplir ce rôle, au final je sers à quelque chose, heureusement que j'existe.
   Keisuke dévisagea tristement son ami sans réussir à répondre. Il finit par se pencher vers son ami et le prit dans ses bras.
— Moi t'es mon premier choix, dit-il à voix basse. Même si un jour j'ai quelqu'un dans ma vie, ça sera toujours toi le premier. Je m'en fiche que tu sois pas le premier pour Senju, ou même pour Rindo et tous les autres. Pour moi tu l'es et je te le ferais toujours savoir. Ok ?
   — Hmm...
   Keisuke planta un baiser sur la joue humide de son meilleur ami, puis il essuya ses larmes qui avaient commencé à couler et se releva pour retourner près de la vitre.
— Si quelqu'un arrive et que t'es en larmes, tu vas pas assumer Kazu, dit le jeune homme avec un petit sourire.
— Mais c'est de ta faute aussi, répliqua son meilleur ami en reniflant. Pourquoi tu me dis ça déjà...
— Parce que c'est vrai et que t'as besoin de l'entendre.
— Va t'occuper de ton Chifuyu au lieu de me dire des trucs comme ça.
— J'ai même pas le droit d'aller le voir et tu le sais, répliqua Keisuke en laissant tomber son front contre la vitre. Tu penses qu'il me voit quand je suis comme ça ?
— Je pense qu'il voit plutôt une forme bizarre. Il doit penser qu'un mec chelou l'observe.
— Super, il me prend pour un pervers. Tu penses qu'il a un copain ?
— Ou une copine, précisa Kazutora. Et oui, un mec comme lui a forcément quelqu'un dans sa vie.
— Pourquoi ?
— Ça se voit qu'il est incroyable et qu'il mérite tout l'amour du monde, donc c'est impossible qu'il soit pas en couple.
— Ben toi t'es incroyable et tu mérites tout l'amour du monde, et pourtant t'es tout seul.
— Non mais Kei c'est pas pareil, moi personne ne veut me prendre, répliqua Kazutora avec agacement.
— « Te prendre » mais t'es grave, on dirait que tu parles de toi comme si t'étais un paquet de biscuits que personne ne veut acheter. T'es un être humain hein.
— Si j'étais un paquet de biscuits, je serais un paquet de biscuits pas bon, celui que personne n'achètent jamais et pire, je serais tout au fond du rayon et derrière les autres paquets.
— Tu sais ce que tu serais comme nourriture ?
— Hmm... un ananas sur une pizza ? Personne aime ça.
— Moi j'aime ça, s'indigna Baji.
— Oui mais toi t'es un peu bizarre...
— N'importe quoi ! Et j'allais dire que tu serais plutôt une gaufre au miel.
— Pourquoi ?
— Parce que c'est chaud, c'est doux, c'est sucré et tendre, et ça fait du bien, dit Keisuke d'un air rêveur. Ou alors tu serais un plat super épicé.
— Ah bon ?
— Oui parce que c'est super chiant à faire et à manger, mais au final ça en vaut la peine parce que c'est trop bon. Et moi je serais quoi ?!
— Hmm... à part des yakisobas je sais pas trop... Oh non je sais. Tu serais un bonbon dentier, tu sais ceux avec les canines de vampire, s'exclama Kazutora en riant.
— Mais c'est immonde ce truc !
— C'est vrai que c'est ignoble... En vrai, tu serais plutôt un chocolat chaud. Parce que t'as les mêmes propriétés bénéfiques qu'un bon chocolat chaud qu'on prend en hiver, quand on est enroulé dans un plaid devant la télé.
— Tu me fais une déclaration d'amour là, s'exclama joyeusement Baji.
— Je dis juste la vérité, et t'inquiète, je préfère les femelles moi.
— ... Rindo est donc une femelle...
— Non mais j'aime bien les mâles aussi, mais je préfère quand même les femelles. Bon après elles elles me préfèrent pas mais c'est pas grave, c'est la vie. Oui mais les mâles aussi ils me calculent pas du coup...
— De toute façon on va se marier toi et moi, déclara solennellement Baji.
— Ah bon ?
— T'as oublié, s'écria la jeune homme en se tournant vivement vers son ami. On s'était dit que si à trente-cinq ans on était toujours seul, on se mariait ensemble !
— Oh ! Oui mais toi tu vas trouver quelqu'un c'est sûr.
— Never ! Moi je veux me marier avec toi, ça serait trop drôle ! On fera notre lune de miel à L.A !
— Oula non, même pas en rêve je pose le pied dans un pays contre l'avortement, dit Kazutora en faisant une bulle avec son chewing-gum.
— Oh la la la... Ben on ira à Paris, la ville de l'amour !
— Les parisiens c'est des Rindo, never.
— Ça veut dire quoi ça, demanda Baji en éclatant de rire.
— Ça veut dire qu'ils font tous la gueule en permanence, et ils ont pas notre temps eux. Paris c'est trop l'élite, on est des paysans à côté. Mais je veux bien aller à Milan par contre.
— Ça me va. Par contre t'as vraiment inventé une expression avec Rindo ?!
— Ben oui, ça marche bien je trouve. Mais ça marche aussi avec Hanma et Wakasa, dit Kazutora en riant.
— T'es un génie incompris Kazutora. Maintenant j'imagine Paris remplis de Rindo, Hanma et Wakasa.
— Sanzu, Emma et Shinichiro deviendraient fous, ils sauraient plus où donner de la tête !
— En vrai ça serait grave bien, tu pourrais faire un plan à trois, ou plus, avec la même personne. C'est trop une expérience à tenter. Imagine une ville remplie de Chifuyu !
— Tu te ferais frapper de tous les côtés, dit Kazutora en pouffant de rire.
— Ha. Ha. Ha.
— Mais je te rassure, moi ça serait pas mieux. Si j'étais dans une ville remplie de Senju, je me ferais ignoré de partout et je me prendrais des râteaux phénoménaux.
— Mais arrête de dire ça, elle t'ignore pas !
— Crois-le.
Baji claqua sa langue contre son palais mais ne répliqua rien. Son meilleur ami était trop têtu pour comprendre, ça n'allait jamais rentrer dans son petit esprit tordu que Senju était aussi intéressée par lui. Le jeune homme finit par se tourner de nouveau face à la vitre et reposa son front contre avec ennui.
   La porte de la pièce s'ouvrît après quelques minutes de silence et Rindo entra.
   — Qu'est-ce que vous faites là vous deux, demanda-t-il en refermant la porte derrière lui.
— Je surveille Chifuyu, dit Baji sans bouger.
— Et moi je surveille Keisuke, dit Kazutora en faisant une grosse bulle de chewing-gum. Alors c'était comment ta mission ?
— Sans problème. On a capturé Kakucho, Hakkai ne s'est pas montré.
— C'est quand même bien. Mais c'est problématique pour Hakkai, on aurait pu le confronter à Yuzuha...
   — S'il vous plaiiiiit, je peux aller voir Chifuyu, gémit Baji, avec le ton de quelqu'un qui était au bout de sa vie.
   — Mais qu'est-ce qu'il a ?
   — Il est en manque de Chifuyu, expliqua Kazutora.
   — Je suis sûr qu'avec moi il parlerait, s'exclama le jeune homme. Vous vous y prenez mal avec lui, c'est pas en lui criant dessus qu'il parlera, il faut être gentil et le mettre en confiance !
   — T'es expert en négociation toi maintenant, répondit Rindo en haussant les sourcils.
   — Non, j'ai jamais fait ça. Mais je connais mieux Chifuyu que vous, avec moi il sera plus disposé à parler.
   — Bon tu sais quoi, va faire un tour dans sa cellule, mais attention, on te surveille hein, dit Kazutora avec épuisement.
   — Merci !
   Baji s'empressa d'ouvrir la porte qui conduisait à la cellule de Chifuyu et entra comme une furie dedans, ce qui fit sursauter le prisonnier.
   — Désolé, je voulais pas te faire peur, s'exclama alors Baji en refermant la porte derrière lui.
   — C'est pas grave, dit le prisonnier en le regardant avec surprise.
   Baji vint s'adosser contre la vitre, pour être en face de lui, et regarda un instant le policier.
   — Comment tu te sens ?
— Comme quelqu'un qui est enfermé dans une cellule et ligoté à une chaise, répondit simplement Chifuyu.
— Tu sais que si t'as envie, tu peux sortir prendre l'air, te balader dans la tour. Tu peux même avoir une chambre si tu le demandes.
— C'est pas gratuit tout ça.
— Non, t'as juste à nous donner une toute petite information en échange. Vraiment toute petite, et celle que tu veux, dit Baji en souriant.
— Tout compte fait je suis bien dans ma cellule, dit Chifuyu en haussant les épaules.
— Si tu nous dis une seule information, on pourra te donner un repas.
— J'ai pas faim mais merci quand même.
— Oui enfin au bout d'un moment tu auras besoin de manger.
— D'ici là la situation aura très sûrement changée, alors je ne suis pas inquiet.
— Je vois...
Baji baissa un instant les yeux. Chifuyu n'était pas prêt de céder une information, il fallait procéder autrement. Peut-être qu'il fallait d'abord parler d'autre chose ?
— Au fait... Je me demandais si tu avais quelqu'un dans ta vie, dit alors le jeune homme en relevant les yeux. Enfin, c'est de la pure curiosité, je te demande ça juste comme ça, promit j'irai pas le répéter.
— J'ai personne, dit Chifuyu, surpris qu'on lui pose cette question.
— Oh... Moi aussi j'ai personne.
— J'avais cru le comprendre.
— Ah oui ? Comment tu l'as su ?
— Une intuition, et puis j'ai l'impression que la plupart des membres sont déjà pris. À moins que je me trompe.
Baji sourit avec amusement.
— Qui sort avec qui d'après toi, demanda-t-il d'un ton curieux.
— Je sais déjà qu'il y a quelque chose entre Rindo et Sanzu, dit Chifuyu en souriant. Inui est passé me voir aussi, et il a pas arrêté de me parler de Kokonoi donc j'en ai déduis qu'ils étaient ensemble. Je suppose aussi qu'il y a quelque chose entre Emma et Hanma. Et je sais déjà que Wakasa était le petit ami de Shinichiro. Après j'ai du mal à savoir pour Kazutora et Senju, ils avaient l'air proches dans le hangar, mais ils ne sont pas aussi démonstratifs que les autres alors...
— T'es observateur dis donc !
— C'est surtout vous qui n'êtes pas discrets, ce n'est pas très malin de montrer vos attaches devant un ennemi.
— C'est vrai mais bon. On aime prendre des risques. En tout cas tu as tout bon. Rindo et Sanzu sont amoureux l'un de l'autre, mais ils ne sont pas ensemble que je sache. Seishu est bien avec Hajime, et Wakasa était aussi avec Shinichiro. Mais Emma et Hanma ne nous disent rien donc on ne sait pas. Et Kazutora est tout seul.
   — Il y a de l'amour dans l'air chez le Bonten, commenta alors Chifuyu.
   — On est des criminels, pas des machines. Nous aussi on peut ressentir des choses.
   — Je n'en ai jamais douté.
   Baji sourit et hésita un instant.
   — D'ailleurs... Je suis désolé pour t'avoir touché ce matin. Sur le coup je me suis pas dit que ça pouvait te déranger, mais c'est stupide.
   — Pour m'avoir touché, répéta Chifuyu sans comprendre.
   — Oui je t'ai massé les épaules. Ça a du te gêner...
   — Oh. Non t'en fais pas, ce n'est rien.
   — Je suis facilement tactile avec les autres, je me rends pas compte de quand je dois m'arrêter la plupart du temps.
   — Ça ne m'a vraiment pas dérangé. C'est... C'est plutôt à moi de m'excuser pour t'avoir embrassé. Je me suis un peu jeté sur toi, dit Chifuyu avec un petit rire.
   — Ben c'est moi qui suis désolé, ça a dû te dégoûter d'embrasser un criminel, dit Baji en haussant les épaules.
   — Étonnement non, c'était plutôt agréable.
   — Vraiment ? Fais attention, ça serait con que tu tombes sous mon charme !
   — T'inquiète pas pour ça, je dis juste que t'embrasser était plutôt cool, dit le policier en baissant les yeux avec gêne.
   Baji sourit mais ne répondit pas. Il le trouvait vraiment adorable, Chifuyu semblait faire de son mieux pour garder sa carapace, et pourtant il se laissait discuter avec légèreté avec son bourreau. Il avait l'air de plutôt aimer lui parler, c'était mignon.
   — Je ne comprends pas pourquoi vous faites tout ça, dit soudain le policier. Pourquoi vous vous démenez à ce point pour quelqu'un que vous n'avez pas vu depuis trois ans ? Vous savez que vous vous lancez dans quelque chose de dangereux non ?
   — Oui on le sait, mais c'est pas n'importe qui. C'est Shinichiro, et pour lui on pourrait mettre le monde à feu et à sang, juste pour le revoir près de nous.
   — Mais pourquoi ? Qu'est-ce qu'il a de particulier ?
   Baji leva les yeux un instant pour réfléchir. Qu'est-ce qu'il avait de particulier ? Tout chez lui était particulier, tout son être, tout son corps... Il était particulier, et c'était difficile d'expliquer parfaitement pourquoi. Mais il pouvait toujours essayer.
   — Shinichiro c'est le grand frère de Mikey, Emma et Izana. C'était pas le chef de notre gang, ça l'a jamais été, et pourtant, c'était toujours lui qu'on écoutait, on lui vouait un respect sans faille. C'est le genre de personne qui ne fait jamais rien, il ne se battait pas, il ne gérait aucun trafic, il ne savait pas faire les comptes et son seul talent c'était de réparer des motos. Et pourtant il était toujours là. Toujours. Je pense qu'on a tous une bonne raison qui fait qu'on aime Shinichiro, mais moi ce que j'aime le plus chez lui, c'est qu'il avait le don de faire ressortir nos meilleurs côtés. Avec lui tu as l'impression d'être quelqu'un de vraiment bien, et tu reconnais presque ta valeur. Mais c'est tellement plus que ça...
   Baji baissa la tête et soupira.
   — Il était le pilier du Bonten, il était notre raison. Il savait nous mettre des limites et nous apprendre la notion de respect, même si on est des criminels et que nos valeurs sont forcément différentes des vôtres. Shinichiro savait nous dire stop. Lorsqu'on allait trop loin, il savait nous raisonner, il savait nous contenir et nous calmer, et toujours avec douceur. Il nous faisait comprendre pourquoi est-ce qu'on devait faire ou ne pas faire quelque chose, et il veillait sur nous. C'était un peu comme le père que nous n'avions jamais eu pour la plupart, parce qu'on vient tous de familles décomposée ou défavorisée. Moi j'ai juste une mère qui m'a mis dehors à mes quinze ans. Les Sano n'avaient qu'un grand père qui est mort. Kazutora se faisait battre par son père et abusé psychologiquement par sa mère. Les Haitani ont été abandonné par leur parents à la maternité. Les Akashi ont perdu leurs parents et Sanzu et Senju se faisaient maltraiter par Takeomi. Yuzuha se faisait battre par son grand frère et elle n'a plus de parents.
   Baji leva les yeux vers Chifuyu et le fixa longuement.
   — On est tous comme ça dans le Bonten. On est des membres brisés qui avancent grâce à la force de nos liens, et Shinichiro, il était notre essence, notre espoir, et il nous aidait tous les jours. Il était comme les parents que nous n'avions jamais eu et il comblait tout le vide qu'on ressentait. Et Wakasa aussi faisait ça avec lui.
   Baji sourit et secoua la tête.
   — Shinichiro et Wakasa c'était... l'amour à l'état pur. Ce genre de couple qui te donne envie d'y croire et d'avancer, qui te dit que finalement les choses peuvent bien se finir et que oui, l'amour existe. C'était l'amour de la vie de Wakasa. Ils pouvaient passer des journées seuls tous les deux sans jamais se lasser l'un de l'autre. Ils se comprenaient, ils s'écoutaient, ce n'était même pas quelque chose de sexuel forcément... c'était des sentiments avant tout. Avec eux... on avait l'impression que le monde pourrait s'enflammer autour de nous, Shinichiro et Wakasa continueraient de se regarder avec amour et qu'au final, tout irait toujours bien. Avec lui, Wakasa était adorable, mais aujourd'hui il est...
   — Brisé, compléta Chifuyu d'une petite voix.
   — Oui, mais il est surtout incomplet. Je crois qu'une partie de lui est restée là où a disparu Shinichiro, et qu'il l'a emporté avec lui. C'est comme si toute sa joie s'était effacée avec l'amour de sa vie. Ce n'est même pas qu'il n'est plus heureux, c'est qu'il est... il n'est pas vraiment là. Et quand il est là, il souffre, il a mal, il est en colère et il n'arrive plus à rien. Et... voir une figure aussi forte que lui, une figure presque paternelle s'effondrer... Ça te coupe toute envie d'avancer. Et ça te met dans une telle rage que la seule chose à laquelle tu peux penser, c'est ta vengeance. C'est ça qu'était Shinichiro. C'était rien, un homme comme un autre, et c'était tout. Absolument tout.
   Baji se tut et baissa les yeux. Aujourd'hui plus que jamais, il prenait conscience d'à quel point l'absence de Shinichiro pesait sur le Bonten. Il avait dit tout ça sans même réfléchir, comme s'il avait tout retenu jusque là et que maintenant qu'on lui demandait, il ressortait tout d'un coup, sans pouvoir s'en empêcher. Et le dire à voix haute ne faisait que renforcer le vide qu'avait laissé Shinichiro derrière lui.
   — Même si vous le retrouvez, finit par murmurer Chifuyu, il ne sera plus jamais le même. Si Wakasa est incomplet sans lui, lui il est totalement vide. Il n'est plus rien, c'est une marionnette cassée, c'est comme s'il n'était déjà plus là.
   — Alors on le réparera. Et même s'il n'était plus rien, on a besoin de le savoir et de le voir. On en a besoin pour lui dire au revoir et pour avancer.
   — Vous ne pouvez pas le voir, il n'est même pas ici si ça se trouve.
   — Oui, on sait déjà qu'il est sur une île.
   Chifuyu le regarda avec surprise.
   — Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
   — On a capturé Hitto et il a dit ça sans remarquer qu'on l'écoutait.
   Chifuyu le regarda fixement, avant d'hausser les sourcils avec indifférence.
   — Je ne vois pas en quoi ça vous est utile. La Mer de Chine est trop bien gardée pour que vous atteignez l'archipel.
   — C'est pas quelques bateaux qui vont nous arrêter, dit Baji avec un sourire victorieux. On est armé jusqu'au dent, rien ne nous fera reculer.
   — Ce serait quand même dommage de  perdre la moitié du gang juste pour récupérer un seul membre, dit le policier d'un ton cynique.
   — Il n'y aura aucune perte, on sait très bien se... La Mer de Chine, répéta soudain Baji.
   Chifuyu venait de parler d'un archipel dans la Mer de Chine ?! Un archipel... un archipel... Les îles Senkaku. C'étaient les seules ici, alors Shinichiro serait...
   Baji se précipita vers la porte. Il sortit vivement de la pièce sans faire attention à Chifuyu et se rua vers ses amis, le cœur battant à toute allure.
   — Les gars !!!
— Qu'est-ce que tu faisais dans la cellule de Chifuyu, demanda Wakasa d'un air énervé.
— On s'en fiche, il vient de me dire quelque chose d'important, s'écria Baji.
— Qu'est-ce qu'il t'a dit, demanda Rindo en se levant.
— Shinichiro est sur une île de l'archipel Senkaku, dans la Mer de Chine. Il est toujours en vie !

Criminel de penséeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant