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   Le corps d'Hanma tomba lentement au sol, il s'écroula dans la boue, en tombant tête la première en arrière. Son sang qui s'était élevé dans les airs retomba sur son corps inerte et une petite flaque rouge commença à se former sous son corps, tâchant les feuilles brunes du sol.
   — Hanma, murmura Rindo en s'approchant lentement vers lui. H-Hanma... ?
   Rindo s'arrêta près de lui et le regarda d'un air bouleversé. Il se laissa tomber à ses côtés avec impuissance, les lèvres tremblantes, et laissa ses yeux parcourir son corps. Cinq tâches rouges étaient apparues sur son t-shirt et grandissaient lentement. Son visage pâlissait lentement, il perdait peu à peu ses couleurs, ses lèvres bleutés tremblaient, et des cernes noirs commençaient à apparaître. Le sang grandissait sous son dos à toute vitesse, la flaque touchait même les genoux de Rindo à présent.
   — Hanma, tiens bon, o-on... on v-va te soigner... c'est rien...
   — On va te faire quitter l'île, dit rapidement Keisuke en courant vers eux. C'est rien, tu peux tenir. Ok ?
   Hanma les regarda avec difficulté et cracha un filet de sang. Le sang se rependit sur son menton et se mit à couler lentement dessus.
   — Ça va aller, dit Rindo d'une voix tremblante. On va... on va te bander ça... Je... Ran aide-nous, il faut faire quelque chose...
   Ran se dépêcha de les rejoindre et retira rapidement sa veste pour appuyer avec sur les plaies d'Hanma, tandis que Seishu vérifiait que Kazutora allait bien et retirait la lame de sa main.
   — Tu... tu me... fais mal pour rien..., murmura Hanma d'une voix presque inaudible.
— Ça va aller répéta Rindo sans conviction.
   — C'est juste des balles, tu peux t'en sortir, dit Keisuke en pressant ses plaies.
   — Hanma, murmura Kazutora en rampant difficilement vers lui. Il... Il faut que tu tiennes...
   — L-La carte..., dit difficilement Hanma en essayant de bouger.
— La carte ? La... oui, la carte, dit Keisuke en récupérant rapidement la carte de l'île que Hanma gardait.
— L-La vache... je pensais pas... que ça faisait... a-aussi mal...
— Arrête de parler, tu dois garder tes forces, dit Rindo d'une voix tremblante.
   — Pourquoi t'es là..., demanda faiblement Kazutora, en posant sa main ensanglantée sur la sienne.
   — Je t'ai entendu hurler... j-je me suis dit que... p-pour que tu te mettes à hurler comme ça... tu devais t-te faire... o-ouvrir en deux... Je v-voulais... pas v-vraiment mourir comme ça...
— Tu vas pas mourir, s'écria Seishu.
Rindo regarda avec impuissance le corps de son ami. Il était criblé de balles et son sang ne s'arrêtait plus de couler. Sa peau devenait si pâle qu'elle en était presque grise, du sang continuait de tomber de ses lèvres, et Rindo sentait son cœur ralentir sous sa main. Il fallait être lucide... Avec le corps criblé de balles... c'était déjà un miracle qu'Hanma soit encore là. Il n'en avait plus que pour quelques minutes...
Rindo échangea un regard désespéré avec ses amis, et vit qu'eux aussi avaient compris qu'ils ne rentreraient pas avec lui.
Kazutora plaqua sa main sur sa bouche et étouffa un sanglot, alors que des larmes envahissaient ses yeux.
— C'est de ma faute, dit-il d'une voix étouffée.
— Non Kazutora t'y es pour rien, dit aussitôt Keisuke.
— J'ai pas été capable de me protéger seul, c'est de ma faute, dit Kazutora en secouant la tête.
— Arrête de pleurer, murmura faiblement Hanma. J-J'ai... j'ai... une mort héroïque...
   — Tu crois vraiment que c'est le moment de faire le héros, cria Kazutora d'une voix instable.
   — C'est m-maintenant ou jamais... Ta main..., murmura Hanma en touchant la blessure de Kazutora. T-T'as de la chance... que ça soit pas ta m-main droite...
   — H-hein ?
   — Ça aurait été d-dommage... que tu p-puisses plus te b-branler...
   — Quoi, dit Kazutora en reniflant.
   — P-prends mes bandages... j'en ai plus besoin...
   — Non... c'est de ma faute si t'es dans cet état... Je devrais mourir à ta place.
— Kazutora t'y es pour rien, dit Ran. Hanma a choisi de te protéger, et de protéger le gang en se sacrifiant. Il t'a protégé toi, mais aussi Rindo, Seishu, et Keisuke. C'est un choix, et il savait très bien ce qu'il risquait.
— Alors je vais dire à Emma qu'il est mort pour nous, s'écria Kazutora à travers ses larmes.
— On lui expliquera ce qu'il c'est passé et...
— Lui dites rien..., dit Hanma en crachant du sang. P-pas ici... C-C'est pas le moment...
— Il a raison, si on le dit à Emma ici, elle va péter un câble, acquiesça Keisuke. Mieux vaut lui faire croire que Hanma a été évacué. Et on lui expliquera plus tard, quand on sera en sûreté...
— On peut pas faire ça, s'exclama Kazutora en continuant de pleurer. Hanma tu peux pas mourir, t'as pas le droit d'y rester ! Tu dois... tu dois te battre... et rester... p-pour Emma... pour le gang... Tu peux pas mourir !
Hanma tourna lentement les yeux vers Kazutora. Ses gestes étaient de plus en plus lents, il avait l'air d'avoir énormément de mal à bouger, rien que garder les yeux ouverts devaient lui demander un considérable effort. Pourtant il luttait, il continuait de se battre.
— Tu pleures vraiment pour moi, demanda-t-il avec un faible sourire. Bah alors... q-qu'est-ce qu'il... t'arrive ?
— Je veux pas que tu meurs, dit Kazutora en secouant la tête. Tout le monde a besoin de toi, le gang a besoin de toi, Emma a besoin de toi... e-et toi tu... toi tu fonces comme un débile dans le tas, alors qu'elle elle est venue pour toi, pour te chercher...
— Tu vas m-m'engueuler alors que je suis en t-train de mourir, demanda Hanma en crachant du sang.
— T'es complètement stupide, t'aurais du me laisser mourir, s'écria Kazutora en essuyant ses larmes pour en laisser couler des nouvelles. Moi je pouvais mourir, c'était p-pas grave, parce que moi j-j'ai personne... C-C'est de ma faute, c'était mon problème, m-mais il a fallu que t-tu t'en mêles et... et voilà, regarde-toi... Qu'est-ce que je vais dire à Emma ? Q-Que t'es mort pour prendre m-ma place ? Que t'as foncé comme un abruti a-alors que t'avais pas de gilet, et que tu savais très bien ce que tu risquais ? Que t'as décidé de faire ton héros pour quelqu'un qui en valait pas la peine ? T-tu veux vraiment que je lui dise ça, dit Kazutora d'une voix tremblante.
— T'en... vaux la peine, murmura faiblement Hanma. Je l'ai... fait pour vous...
Son cœur ne battait presque plus, Rindo sentait à peine ses battements contre sa main. Hanma ne bougeait presque plus, alors que son sang continuait de serpenter entre les feuilles mortes sur la terre. Il était difficile de voir correctement son visage, mais il n'avait plus aucune couleur. Seule une faible lumière continuait de briller dans ses yeux lorsqu'il les regardait. Une lumière qui s'estompait peu à peu, au fur et à mesure que son souffle devenait sourd.
— Dis lui... que... j-j'aimais bien la voir... faire des interrogatoires... l-la jupe au vent... Ç-ça la fera sourire..., chuchota Hanma d'une voix presque inaudible. Et vous... j-je veux pas mourir pour rien... a-alors... vous avez pas intérêt à crever...
— Hanma, murmura Rindo avec impuissance.
— On se reverra en enfer les gars..., murmura-t-il dans un dernière souffle.
   La voix de Hanma s'étouffa doucement, disparaissant dans le silence qui l'aspirait déjà. La lumière qui brillait encore faiblement dans ses yeux éclaira ses iris une dernière fois, faisant ressortir les éclats d'or de ses yeux dans le noir de la nuit. Puis, à son tour, elle s'estompa. Elle se fondit dans le vide de ses pupilles, s'envola, si lentement que Rindo eut du mal à savoir à quel moment précis elle avait disparue. Peut-être était-elle partie depuis longtemps lorsqu'il s'en rendit compte, et peut-être qu'il avait fini par l'imaginer. Mais après un horrible moment de silence, le plus long et pesant qu'il n'eut jamais connu, il comprit que les yeux de son ami s'étaient définitivement éteints, et qu'il n'y avait plus aucune trace de cette petite lueur d'espoir. Ses yeux s'étaient éteints. Ils ne brilleraient plus jamais avec cette petite lumière, cette lueur d'amusement qui illuminait toujours l'ambre de ses iris.
   Son regard voilé était devenu un miroir de leurs larmes, Rindo voyait se refléter dedans le visage baigné de larmes de Kazutora, sur lequel des perles brillantes continuaient de tomber en silence. Il voyait ses propres larmes tomber sur ses joues sans qu'il en s'en rende compte, et même la fumée qui couvrait le ciel se reflétait dans ses iris vitreuses. Le silence qui s'était installé était horriblement lourd. C'était le plus lourd que Rindo n'avait jamais connu. Il était pesant, il l'écrasait au point de même assourdir sa respiration. Il n'entendait plus rien. Son souffle saccadé, sa respiration sifflante, les sanglots étouffés de ses amis, les larmes qui s'écrasaient sur les feuilles mortes. Tout avait disparu, il n'y avait plus aucun son de vie, seulement l'assourdissant silence que faisait la mort d'Hanma. Rindo ne sentait même plus sa poitrine sous sa paume, ni la main de son frère qui était posée sur son épaule. C'était comme si toute sensation s'étaient envolées avec l'âme d'Hanma, il n'y avait plus rien désormais, rien que du vide.
Rindo parcourut du regard le corps de son ami sans arriver à y croire. Il ne bougeait plus. Il n'allait plus bouger. Il n'allait vraiment pas se lever... non... mais ce n'était pas possible... il ne pouvait pas partir comme ça... pourquoi était-il revenu alors qu'il devait partir mettre Hajime en sécurité... ? Il n'aurait pas dû être là...
— On devrait pas rester là, dit Ran au bout d'un long moment. On... on devrait s'éloigner...
Personne ne répondit. Rindo continuait de fixer le corps de son ami avec désespoir, sa main se cramponnant à sa poitrine sans même qu'il ne s'en aperçoive. Seishu tenait la tête d'Hanma sur ses cuisses et le regardait d'un air perdu, alors que Keisuke et Kazutora lui tenaient ensemble la main, laissant des larmes couler en silence sur leurs joues rougies. La main de Hanma restait serrée autour de celle de Kazutora dans une étreinte sanglante, comme s'il était toujours là, et qu'il tentait vainement de presser ses plaies.
— D'autres policiers peuvent arriver, on ne peut pas s'arrêter, continua Ran.
— Qu'est-ce qu'on va faire sans lui, murmura Rindo d'une voix tremblante.
— On va se battre, et on va s'en sortir, dit Ran avec force. On va y arriver. Il nous tuerait si on restait ici à pleurer sur son sort.
— On peut pas partir sans lui, dit Keisuke en secouant la tête.
— Il... il faut qu'on prenne son corps... on doit le ramener..., dit Rindo.
— Ça nous encombrerait, on peut pas se le permettre, dit Ran. On va devoir le laisser là.
— Mais... qu'est-ce qu'on va dire Emma, murmura Seishu d'une voix perdue.
   — Je me chargerais de lui expliquer quand on rentrera. Tant qu'on sera sur l'île, il ne vaut mieux rien lui dire, alors on lui fera croire qu'il a été évacué et on s'arrangera pour qu'elle ne pose pas de question.
   — C'est horrible, on peut pas lui mentir, dit Kazutora en secouant la tête.
   — On a pas le choix... je vous promets qu'elle saura toute la vérité dès qu'on rentrera, mais pour l'instant, pour le bien de tous, il vaut mieux qu'Emma ne sache rien.
   Personne ne répondit. Rindo renifla longuement et regarda le visage d'Hanma. Maintenant qu'il y repensait... il n'y avait presque qu'avec Emma qu'il souriait sincèrement...
   Ran avait raison. S'ils voulaient rester en vie et réussir à rentrer, ils allaient devoir garder le silence sur la mort de leur ami. Le dire ne ferait que faire du mal aux autres et les déstabiliser, et Emma risquerait de craquer, alors la mort d'Hanma allait devoir rester secrète pour l'instant. Et puis... le dire ne changerait rien... quoiqu'ils fassent, il ne reviendrait pas...
   — Où est Hajime, demanda soudain Seishu en relevant la tête.
   — Il est en sécurité, ne t'en fait pas, répondit tout de site Ran. J'ai retrouvé Izana, Yuzuha, Sanzu, Wakasa et Benkei, et quand on a croisé Hanma ils ont pris Hajime et s'en occupent. Ils attendent qu'on les rejoignent.
   — Tu as retrouvé Sanzu, s'exclama Rindo avec espoir.
   — Oui, il va bien, dit Ran avec un mince sourire. Je lui ai dit de rester avec Hajime pour ne pas qu'il... pour qu'il reste en sûreté. Il t'attend.
   — Chifuyu et Kakucho n'étaient pas là, demanda Seishu.
   — Non, ils se sont échappés.
   — Et Mikey et les autres, demanda Keisuke d'une voix étouffée.
   — ... Je sais pas, dit Ran en baissant les yeux.
   — Mais... i-ils étaient en vie hein ?
   — Oui, oui ça allait la dernière fois que je les ai vu, assura Ran.
   — Ok...
   — T'as raison, on doit y aller, dit finalement Seishu en se levant.
   Rindo acquiesça et se leva difficilement, en même temps que son grand frère.
   — Pourquoi il est revenu, murmura Kazutora sans se relever.
   — Quoi ?
   — Hanma... pourquoi il est revenu alors qu'il était blessé, et que d'autres pouvaient venir à sa place... ?
   Rindo regarda son ami sans savoir quoi répondre. C'était vrai ça, pourquoi est-ce que Hanma était revenu vers eux ? Il avait réussi à s'échapper, et il avait même pu trouver un autre groupe du Bonten. Alors pourquoi était-il revenu ? Il était gravement blessé, pourquoi avait-il pris le risque de faire demi tour dans ces conditions alors qu'il aurait pu envoyer quelqu'un d'autre ? Et puis pourquoi n'avait-il même pas pris la peine de prendre un gilet pare-balles ? Ça n'avait pas de sens...
   — Le connaissant il a dû vouloir faire le héros et sauver ceux en détresse, murmura Seishu.
   — Peut-être qu'il a préféré mourir plutôt que de perdre l'un de vous, dit Ran à voix basse.
   — Ça lui ressemble pas de faire ça.
   Ran haussa les épaules sans trouver quoi répondre, et fit un pas sur le côté, sûrement pour entraîner le groupe avec lui. Rindo le suivit en battant des paupières pour chasser ses larmes, et Seishu les rejoignit. Mais ni Keisuke, ni Kazutora ne bougèrent. Ils restèrent agenouiller devant Hanma sans parvenir à détacher les yeux de son corps, en serrant entre leurs mains écarlates la main pâle de leur ami. Le groupe s'arrêta alors, et Rindo échangea un regard perdu avec son frère. Kazutora et Keisuke n'avaient pas l'air d'être prêts à bouger, mais Ran avait raison, ils ne pouvaient pas rester ici, ne serait-ce que pour des raisons de sécurité...
   — Les gars, ont doit vraiment y aller, dit doucement Ran.
   — Ça vous fait rien de le laisser derrière vous, demanda faiblement Keisuke.
   — Bien sûr que si, mais on a pas le choix...
   — Dans le Bonten on est tous comme des frères. Hanma est comme un frère pour nous, et il a donné sa vie pour nous, dit Keisuke alors que des larmes envahissaient ses yeux. Il m'énerve en permanence, même maintenant, il m'énerve. Parce que moi aussi j'aurais voulu donné ma vie pour te sauver Kazutora, mais il l'a fait en premier et c'est presque comme s'il avait gagné contre moi. Il a toujours été comme ça. Dans la rivalité. Il me lançait des défis stupides à longueur de temps, il se moquait de tout, il s'énervait quand on obéissait pas, il se mêlait de tout. C'est de loin le mec le plus insupportable que j'ai jamais connu. Mais il est comme un frère pour le Bonten. Il est comme une frère pour moi. Et il avait pas le droit de nous abandonner.
   Keisuke étouffa un sanglot et secoua la tête en laissant tomber ses larmes brillantes sur ses joues, alors que Kazutora passait ses pouces le long des doigts de Hanma, le regard vide.
   — C'est la première fois que je lui prends la main, dit-il lentement. Elle est beaucoup plus grande que la mienne... et... j'ai beau essayer de graver la sensation du toucher de sa peau dans ma mémoire... la s-seule chose que j'arrive à retenir, c-c'est à quel point elle est glacée c-contre la mienne...
   À son tour, des larmes tombèrent sur ses joues, et il porta l'une de ses mains à son coeur.
   — J'ai mal au cœur, dit-il en fondant en larmes. J'ai t-toujours eu l'impression d'être vide et de j-jamais pouvoir rien ressentir, alors pourquoi est-ce que j'ai aussi mal... Pourquoi j'ai l'impression de sentir mon cœur brûler dans ma poitrine ? J-je comprends pas... j'ai vraiment mal...
   Keisuke passa un bras autour de ses épaules et l'attira contre lui pour les serrer contre son torse. Kazutora se laissa faire, les épaules secouées de sanglots, alors que Rindo s'agenouillait près d'eux et entoura son ami de ses bras. Il détestait voir Kazutora pleurer, et encore plus lire autant de détresse dans ses yeux.
   Ils restèrent un long moment ainsi, sans que personne ne bouge ou ne dise quoi que ce soit.
   Ran et Seishu attendaient en silence derrière eux. Keisuke pleurait silencieusement, sans parvenir à sécher ses larmes. Il fixait les yeux voilés d'Hanma, le regard perdu, comme s'il s'attendait à le voir battre des paupières. Mais ses paupières ne bougeaient plus. Le corps d'Hanma restait immobile, et ses yeux continuaient de fixer sans les voir les branches au-dessus d'eux.
   Rindo avait réussi à stopper ses larmes. Sa tête reposait sur l'épaule de Kazutora, il le serrait, à bout de force, et fixait lui aussi Hanma. Il n'arrivait pas à croire qu'il était vraiment mort. Pourtant il avait vu de nombreux cadavres dans sa vie, et même ceux de ses amis. Il avait toujours réussi à accepter le départ de ses collègues. Il avait accepté chaque mort, il avait accepté la disparition de Shinichiro, et la mort de Takeomi. Mais Hanma... il n'y arrivait pas. Il n'arrivait pas à se dire que Hanma était vraiment parti.
   Kazutora continuait de pleurer à chaudes larmes, le visage enfoui dans les cheveux de Keisuke. Sa main mutilée reposait dans celle d'Hanma, le sang rougeâtre qui s'en échappait couvrait sa peau grise, dessinant de fines lignes rouges le long de ses doigts immobiles. Kazutora devait à peine pouvoir bouger sa main tant elle avait été écharpée, il était même surprenant que ses tendons n'aient pas été sciés. Sa plaie était béante et un bain écarlate gisait dedans, sa chair était visible, horrible à voir.
   Rindo finit par s'écarter et se racla la gorge. Il se décala sur le côté et commença à défaire les bandages d'Hanma avec des gestes tremblants. Il avait raison, désormais il n'en avait plus besoin... Le jeune homme récupéra alors les bandelettes, puis il retourna près de Kazutora. Il lui prit délicatement la main, la séparant de celle d'Hanma, et regarda un instant sa plaie. Elle était si grande qu'il pouvait voir au travers...
   — Tu sens toujours ta main, demanda Rindo avec inquiétude.
   — Non, murmura Kazutora.
   — À mon avis tu ne pourras plus l'utiliser, dit Ran.
   — Je m'en fiche...
   — Il va falloir la couper, demanda Seishu à voix basse.
   — C'est possible... mais on peut pas le faire ici, dit Rindo en secouant la tête. Le plus important est d'empêcher ton sang de couler.
   — Wakasa et Benkei avaient des affaires de secours, ils auront peut-être du fil à recoudre, dit Ran.
   — Il faut qu'on y aille alors, dit Rindo en faisant tout de même un bandage à Kazutora pour tenter de retenir son sang.
   Il serra les sarashis autant qu'il put autour de sa paume déchirée, puis il se releva et récupéra les munitions d'Hanma.
   — Ils ont raison, finit par dire Keisuke. On doit te soigner Kazutora.
   — Vous devriez me laisser là pour qu'on me tue, murmura Kazutora.
   — Tu m'as promis de rester en vie, dit Keisuke en se relevant, forçant Kazutora à l'imiter. Et il est hors de question que tu rejoignes Hanma et que tu restes avec lui plutôt qu'avec moi.
   Kazutora ne répondit rien. Il laissa Keisuke prendre son visage entre ses mains et essuyer ses larmes et son sang, et garda les yeux baissés.
   — Kazutora, murmura Keisuke en caressant son visage. C'est pas de ta faute, et crois moi, t'en valais la peine. On était tous prêt à mourir pour te sauver, Rindo allait se sacrifier pour toi, et moi aussi. Parce qu'on sait tous que tu vaux la peine d'être sauvé. Hanma a juste été plus rapide.
   Kazutora renifla bruyamment et garda les yeux rivés au sol.
   — C'est pas de ta faute s'il est mort, et tu n'auras pas à te justifier. Kazu, t'es un pilier du Bonten, ta vie est très importante, et tu mérites d'être sauvé tout autant que nous. Je pourrais donner ma vie mille fois pour toi, et je sais que jamais je le regretterais. Ta vie est précieuse, et je ferais tout pour la préserver. Alors je veux pas t'entendre dire que tu ne méritais pas d'être sauvé. Parce que s'il y en a bien un pour qui je donnerais ma vie, c'est toi. Ok ?
   Kazutora acquiesça difficilement et Keisuke le prit dans ses bras.
   — Moi aussi je donnerais ma vie pour toi, dit Kazutora d'une voix étranglée.
   — Je sais, murmura Keisuke.
   — Essayez de rester en vie tous les deux, lança Rindo. On va déjà avoir deux enterrements à faire, ça serait bien de s'arrêter là.
   — Oui on sait, dit Keisuke en lâchant son meilleur ami. Allez on y va.
   Rindo acquiesça et le groupe put enfin se remettre en marche, laissant derrière eux le corps d'Hanma, étendu sur un lit de feuilles rouges. Ils repartaient sans leur interrogateur, sans le partenaire d'Emma. Ils repartaient sans un des membres les plus anciens de leur organisation. Ils repartaient sans un ami.
   Ran se mit en tête du groupe, puisqu'il connaissait le chemin, et Rindo le rejoignit pour retrouver son frère. Au moins Ran était sain et sauf, et Sanzu aussi... il était venu ici pour eux, alors voir qu'ils étaient en vie le soulageait malgré tout...
   — J'ai cru que j'allais te perdre, dit le jeune homme d'une voix serrée.
   — Il m'est rien arrivé, dit Ran avec un sourire rassurant. Je me suis promis de repartir vivant de cette île, je t'aurais jamais abandonné Rin.
   — Je sais mais... j'avais quand même vraiment peur...
   — Maintenant c'est moi qui ait peur pour toi. Rin t'es en danger ici, tu serais mort tout à l'heure si j'étais pas arrivé.
   — Je sais... mais je voulais venir pour te sauver, et pour sauver Sanzu et Kazutora. De toute façon je suis inutile ici, je fais que prendre des mauvaises décisions, c'est à cause de moi tout ce qu'il se passe, dit Rindo en baissant les yeux.
   — Pourquoi ce serait de ta faute ?
   — Parce que c'était à moi de protéger mes amis, et j'ai rien fait de tout ça. À cause de moi Hajime est en train de mourir... on a perdu les filles... Hanma est mort... Kazutora va perdre sa main... C'est de ma faute, dit Rindo alors que des larmes envahissaient ses yeux.
   — Hé Rin, t'y es pour rien, dit Ran en l'arrêtant pour le tourner vers lui. C'est pas à toi de tous les protéger, on fait tous ce qu'on peut. C'est pas à toi de sauver le groupe, à un moment il faut qu'on assume nos choix et qu'on prennent nos responsabilités.
   — Mais je sers à rien, j'ai rien fait pour les protéger, dit Rindo en laissant des larmes couler sur ses joues.
   — Mais si ! Tout à l'heure tu allais mourir pour sauver Kazutora, et tu t'es battu pour sauver tes amis. Rindo, c'est pas à toi de tout gérer, tu n'es pas responsable de la vie des autres, dit Ran en le prenant par les épaules. Alors oui, ils sont tes amis, mais là ce n'est pas aussi simple. C'est pas juste une question de protéger ses amis, il faut aussi que tu te protèges toi.
   — Mais je suis incapable de faire quoi que ce soit, je suis le seul à faire n'importe quoi...
   — Non. On a tous fait des erreurs, et c'est chacune de nos erreurs qui font qu'on est tous dans la même merde. Tu sais ce qu'il s'est passé ? Mikey avait donné des instructions et personne ne les a respecté, pas même lui. Il a fait des erreurs et il a mis toutes nos vies en dangers. On a tous agit en fonction de ce qui nous semblait le plus simple, et personne n'a fait ce qu'il fallait. Rindo, oui, la situation est catastrophique, mais c'est pas de ta faute. Si Hajime a choisi de se battre pour protéger Seishu, il est responsable des conséquences. Il connaissait les risques, il a choisi d'ignorer le danger pour Seishu, et il en est responsable. Pas toi. Pas Seishu. Lui. Et si Hanma a choisi de faire demi tour pour vous sauver, c'est sa responsabilité aussi. Ce n'est pas de ta faute, ce n'est pas de celle de Kazutora parce qu'il était en difficulté, et ce n'est pas non plus de ma faute parce que je ne l'en ai pas empêché. C'était son choix, sa responsabilité. Tu comprends ?
   Rindo acquiesça, et Ran l'attira dans ses bras.
   — Rin, tes actions sont ta responsabilité. Si tu fais un choix, ou si tu n'en fais pas, c'est à toi de l'assumer. Alors quoique tu fasses, tu dois toujours assumer les conséquences de tes actes. Mais pas celles des autres, parce que tu ne peux pas choisir les choix des autres. D'accord ?
   — D'accord...
   — Et même si tu as l'impression de faire n'importe quoi, je peux te dire que tout ce que t'as fait jusque là est super, et je suis très fier de toi. Tu le sais ça ? Je suis très fier de toi, et de chaque choix que tu as fait.
   — Merci, dit Rindo en essuyant ses larmes.
   — Maintenant je veux plus te voir pleurer, dit son grand frère en le lâchant. Ce serait bête que ton amoureux te retrouve en pleurs.
   Rindo sourit à travers ses larmes et essuya rapidement ses joues.
— Je suis content de te revoir, dit-il d'une voix tremblante.
— Moi aussi je suis content de te voir mini Rin, dit Ran en lui ébouriffant les cheveux.
— Arrête de m'appeler comme ça, je suis plus un bébé.
— À mes yeux tu seras toujours un bébé, dit son grand frère en reprenant la marche. T'es encore un tout petit boutchou...
— Arrête c'est la honte.
— Ton petit boutchou il fait beaucoup grincer son lit la nuit, lança Keisuke, qui les avait dépassé.
— Pas plus que toi, répliqua Rindo.
— Rin, mais t'es encore petit, s'exclama Ran.
— Non je suis pas petit.
— T'es l'un des plus jeunes...
— Mais pas du tout.
— Je suis le plus jeune ici, fit remarquer Keisuke. Et Kazu aussi.
— On est encore loin, demanda Seishu avec un mélange d'impatience et d'inquiétude dans la voix.
— Non. Regarde, ils sont là, dit Ran en levant son doigt pour le pointer devant lui.
Rindo releva les yeux et fixa devant lui. De loin il ne voyait rien de précis, tout était flou à cause de sa mauvaise vue, et puis avec l'obscurité de la nuit il était difficile de voir quelque chose. Cependant, il réussit à distinguer plusieurs silhouettes encerclés autour de quelque chose au sol, sûrement Hajime. Et il vit parfaitement le rose des cheveux de Sanzu briller sous le clair de lune qui se dégageait du ciel. Son cœur s'accéléra immédiatement et de nouvelles larmes envahirent ses yeux.
Il reconnaîtrait la silhouette de Sanzu entre mille, et plus il s'avançait, plus il pouvait voir les traits de son visage. C'était bien lui, il se tenait là, dos à lui, debout devant Hajime, occuper à regarder autour de lui pour guetter la moindre arrivée. Rindo oublia complètement son frère et ses amis, il se précipita vers Sanzu à toute vitesse sans faire attention aux nombreuses douleurs qui tiraillaient ses muscles.
— Sanzu, cria-il était fonçant sur lui.
Sanzu eut à peine le temps de se retourner que Rindo lui sauta dessus et l'étrangla avec force contre lui. Des larmes se mirent à tomber sur ses joues sans qu'il ne puisse les retenir et il éclata en sanglots avec impuissance.
   — Rindo, s'exclama Sanzu en le serrant contre lui. Tu m'avais promis que t'essaierais pas de nous rejoindre !
   — J-J'avais tellement p-peur de te p-perdre, dit Rindo d'une voix étranglée. S-Sanzu je t-t'aime, je veux plus jamais que tu partes...
   — Hé Rin doucement tout va bien, calme toi, dit Sanzu en prenant son visage entre ses mains. Je vais bien, il m'est rien arrivé du tout. Tout va bien ok ?
Sanzu entoura sa taille de ses bras et l'étreignit avec puissance contre lui. Il serrait tant sa taille que Rindo pouvait à peine respirer, mais la chaleur des bras de Sanzu le rassurait suffisamment pour qu'il n'y fasse pas attention.
   — N-non, j'ai fait n'importe quoi, j-j'ai tout gâché, e-et... je fais... je sers à rien, j'aurais pas d-dû accepter de venir ici, à c-cause de moi Hajime va mourir, e-et Kazutora a p-plus de main, e-et Hanma il est... i-il est m-... m-mort..., hoqueta Rindo à toute vitesse.
   — Rindo calme toi je comprends rien. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Où est Hanma.
   — I-il reviendra pas ! I-il est là-bas, parce que... i-il voulait pas et on pouvait pas... il est toujours là-bas... il reviendra pas, il reviendra plus, dit Rindo à travers ses larmes.
   — Quoi ? Pourquoi ?!
   — Rin calme toi, intervint Ran en posant sa main sur son épaule. Je t'ai dit que c'était pas de ta faute, d'accord ? T'y es pour rien, et on va s'en sortir, ne panique pas.
   — Qu'est-ce qu'il se passe, demanda Wakasa.
   — Où est Hanma, questionna Izana, qui était accroupi près d'Hajime. Il était là tout à l'heure.
   — Il... Il est mort, annonça Ran à voix basse. Il s'est pris plusieurs balles, on pouvait pas le sauver. Il savait ce qu'il risquait et il a quand même choisi de se sacrifier, personne n'est responsable. 
   Personne ne répondit rien, et un silence de mort s'installa entre eux. Izana se releva sans rien dire et hocha la tête, alors que Wakasa et Benkei croisaient les bras. Seishu se laissa tomber près d'Hajime sans faire attention au blanc qui s'était installé, il regarda un instant son visage avec inquiétude et passa délicatement ses doigts sur ses joues creuses, puis il retira ses bandages et commença à s'occuper de son petit ami.
— Où est son corps, questionna Wakasa pour briser le silence.
— Plus loin, dit Ran. Il n'a pas voulu qu'on le ramène, et on a préféré laisser son corps. C'était plus simple, et puis on s'est dit qu'il valait mieux ne rien dire à Emma avant qu'on ne rentre à la maison. Hanma était d'accord, il ne veut pas que Emma le sache pour l'instant.
— Je suis d'accord aussi, dit Izana, il ne vaut mieux pas qu'elle le sache. On va évacuer Hajime, et on lui fera croire qu'il est parti avec lui. Il était blessé non ?
— Oui, il s'était déjà pris une balle dans la jambe, dit Keisuke.
— Bon alors on lui dira qu'il devait aussi partir.
— Si Hajime se fait évacuer, on doit repartir avec lui, déclara Yuzuha. C'est trop dangereux ici, on doit tous partir dès qu'on le peut.
— Je ne repartirais pas sans Mikey et Emma, dit aussitôt Izana.
— Et moi je ne repartirais pas avant d'avoir retrouvé Shinichiro, ajouta Wakasa.
— Moi je suis d'accord avec Yuzuha, on ne peut pas rester ici, dit Ran. Si on s'amuse à faire des allées et retours dans tous les sens et qu'on ne saisit pas nos chances pour partir, on ne va jamais rentrer.
— On peut pas partir sans Mikey, dit Keisuke en secouant la tête.
— Ils pourront toujours trouver le chemin eux-mêmes, répliqua Benkei. Mais si on fait évacuer Hajime, on sera juste à côté de la porte de sortie. Ce serait stupide de rester sur l'île.
— Donc tu veux repartir sans Shinichiro, s'exclama vivement Wakasa.
— Entre sa vie et la mienne, je préfère sauver la mienne. Donc oui, s'il n'est pas avec moi quand je serais près de la porte de sortie, je partirais sans lui. Et tu devrais faire pareil.
— Alors qu'est-ce que tu fais là si c'est pas pour le sauver, demanda froidement Wakasa.
— Vous disputez pas, ça fera que compliquer les choses, dit Ran.
— Chacun n'a qu'à faire ce qu'il veut, dit Yuzuha. Ceux qui veulent partir partent, et ceux qui ne veulent pas restent. Moi je partirais.
— Donc t'es prête à abandonner tes potes ici, s'exclama Izana.
— Si ça me permet de rester en vie, oui, dit Yuzuha sans se démonter.
— Je pars, je ne veux plus être séparé d'Hajime, dit Seishu.
— Moi non, je partirais pas sans Mikey, déclara Keisuke.
— Je pars aussi, dit Ran d'un ton catégorique.
— Moi je reste, je ne repartirais pas sans Senju, dit Sanzu.
— Rindo ? Tu fais quoi, demanda Ran avec un regard perçant.
Rindo renifla et regarda son frère sans savoir quoi répondre. Partir ou rester ? Il n'avait aucune idée de ce qu'il devait faire...
   Il ne voulait pas repartir sans Sanzu, mais il avait plus l'impression d'être un poids ici qu'autre chose. Il n'avait fait que créer des problèmes, et ils avaient été incapable de sauver qui que ce soit. S'il restait et qu'il continuait à enchaîner les erreurs... Hanma était déjà mort parce qu'il avait agi trop tard, et... Rindo ne voulait pas provoquer la mort de Sanzu. Il ne se le pardonnerait jamais, et il ne s'en remettrait pas.
   Mais il ne pouvait pas l'abandonner non plus, s'il lui arrivait quelque chose alors que Rindo n'était pas à ses côtés, il ne se le pardonnerait pas non plus. Il voulait le protéger, il était hors de question qu'il rentre sans lui.
Rindo ne pouvait pas partir sans lui. Il n'avait été capable de rien pour l'instant, il avait passer son temps à avoir peur, à ne pas avoir les bonnes réactions, et à ne servir à rien. Il était plus que temps qu'il se reprenne en main et qu'il agisse. Ce comportement ne lui ressemblait pas du tout, il avait toujours réussi à rester calme lors de ses missions, et ça ne pouvait pas changer aujourd'hui. Rindo allait rester sur l'île, et il allait protéger la vie de ses amis et de Sanzu. Il ferait tout pour leur vie.
— Je reste, dit-il avec determination.
— Rin, il faut que tu partes, dit aussitôt Ran.
— Oui, tu dois t'en aller, je t'interdis de rester pour moi, s'exclama Sanzu.
— Je reste quand même, je vous laisserai pas décider pour moi.
— Rindo, je t'interdis de rester, dit Ran d'un ton autoritaire. T'es en danger ici !
— Je suis plus un enfant, tu peux pas m'interdir de faire ce que je veux, répliqua Rindo avec colère.
— Je refuse aussi que tu restes, t'étais même pas censé être là, dit Sanzu en le prenant par les épaules.
— Ils ont raison, tu ferais mieux de partir avant qu'il ne soit trop tard, dit Yuzuha.
— S'il veut rester c'est son choix, vous n'avez pas le droit de l'en empêcher, dit Wakasa.
— Je reste, le débat est inutile, dit Rindo en essuyant ses larmes.
— Non, tu pars, contredit Sanzu.
— Rindo, je ne te laisserai pas rester ici, prévint Ran.
— On s'en fou, intervint Seishu d'un air exaspéré. On perd du temps pour une dispute inutile ! S'il veut rester lâchez-le, c'est sa responsabilité, mais nous faites pas perdre de temps parce que vous n'êtes pas d'accord avec ça ! Hajime est en train de mourir et vous vous engueules vraiment pour ça ?!
Seishu souleva Hajime dans ses bras avec force et se releva.
— Vous en avez rien à faire de lui, il va mourir pas votre faute, cria-t-il avec colère. Alors arrêtez de vous engueuler pour rien, si Rindo veut rester ici et mourir c'est son problème ! Mais là, c'est pas le moment de se disputer pour ça, on doit partir et sauver Hajime, vous aurez qu'à vous engueuler au point de départ !
Seishu serra Hajime contre lui comme pour l'étreindre, et leur jeta un regard suppliant. Ses lèvres tremblaient et ses bras aussi, pourtant il continuait de serrer Hajime contre lui avec désespoir, en laissant tomber des larmes sur ses joues. Ses yeux étaient remplis de larmes qui étincelaient au clair de lune, ses iris baignaient dedans et disparaissaient derrière. Elles devenaient presque invisibles, ce n'était plus qu'un voile brillant derrière lequel s'estompaient lentement ses azurs. Ses larmes étaient comme des diamants qui le transperçaient et déchiraient ses joues, avant de venir s'écraser sur le visage inexpressif d'Hajime, qui reposait sur sa poitrine.
— Chaque minute qui passe le rapproche un peu plus de la mort, murmura Seishu avec détresse. Il est ma raison de vivre, sans lui je peux pas y arriver... J'ai besoin de lui... alors... laissez-moi le sauver, et arrêtez de nous faire perdre du temps... Je vous en supplie...
— Il a raison. L'état d'Hajime ne peut pas attendre, il faut qu'on y aille. On peut encore sauver Hajime, alors on va tout faire pour l'aider, déclara Rindo.
   — Mais..., commença Sanzu.
   — Chacun fera son choix en temps et en heure. Pour l'instant c'est pas le moment, coupa Rindo.
   — C'est vrai, on doit bouger, dit Wakasa.
   — On est tous à bout de forces pour l'instant. On s'est battu plusieurs fois, nous on a rien avalé depuis des jours et Kazutora tient à peine debout, intervint Keisuke, qui soutenait son meilleur ami contre lui. On doit se reposer, même si ça retarde notre départ. Seishu, toi aussi t'en peux plus, regarde toi.
   — C'est vrai, dit Rindo en voyant l'état de Kazutora. Il faut que vous fassiez une pause, au moins quelques heures. Et puis dans le noir on trouvera pas notre chemin.
   — Mais Hajime a besoin d'être secouru...
   — On a de quoi pouvoir soigner certaines de ses blessures, dit Wakasa en désignant un sac près de lui. Ça peut faire l'affaire si c'est pour quelques heures.
   — Je suis d'accord, mais il faut qu'on se trouve un endroit pour se poser, dit Yuzuha.
   — Les côtes de l'île ne sont pas loin, on va y aller, décida Izana.
   — Très bien. Alors on trouve les côtes, on se repose, et ensuite on sauve Hajime, déclara Wakasa avant de partir avec determination.

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Nous en sommes donc à une total de deux morts et demi dans cette histoire 😔
Hanma est définitivement notre héros, sans lui ils seraient tous morts clairement.

Je suis à moitié fière de ce chapitre, je suis assez perplexe en fait. Il est bien mais pas trop non plus.

N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé, ni ce que vous pensez qu'il va se passer !

Zoubi zoubi

Criminel de penséeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant