L'ombre dans la rue

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C'était une ombre, étrange et fine,

Elle se mouvait devant mes yeux et dessinait la silhouette du défunt.

Sous le choc je ne bougeais pas, l'observant le coeur à l'arrêt, l'esprit vibrant.

Elle se déplaça dans l'obscurité, s'y fondant lentement.

Je la suivis sans réfléchir, l'eau de l'asphalte répandant un bruit mouillé à chaque pas, mes mains cherchant dans le noir à l'atteindre

"Attends" murmurai-je, "attends"

Le réverbère éclaira la rue.

Soudainement

L'ombre avait disparu.

Je n'avais fait que dix pas, quinze peut-être,

Comment pouvait-on passer de matière à néant en si peu de distance ?

Je foulais le sol de nouveau, m'enfonçant dans l'espace vert tout près, l'appelant, avec un empressement que seuls ceux qui aiment et qui perdent peuvent avoir.

"où es-tu ?"

l'ombre ne se manifesta plus.

et je errai longtemps dans cet espace de verdure de trente-cinq mètres carrés, sur la pelouse entre quelques arbres feuillus, appelant l'être aimé, maudissant les lumières de la ville qui me l'avaient enlevé,

je l'appelais et mes murmures se transformaient en sanglots, qui se transformèrent en amertume, qui s'échappa de mes lèvres sous forme d'écume, sous forme de mots, sans transition, dans le triangle vert où gisaient, silencieux et décalés, les jeux pour enfants, d'aucune aide vraiment.

26.07.2022

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