"S'il te plaît, apprivoise-moi"

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Il y a quelqu'un qui tire dans la nuit
Qui peut bien tirer dans l'obscurité
Ici où la campagne déborde du village
Que nulle lumière artificielle ne fixe
Hormis les phares, étranges passages où la vie fuit

Je crains pour mon chien et tremble à l'idée qu'on le confonde à un quelconque renard
Mais si ce même renard venait à moi
Et que ses yeux de lampes me fixaient
Aurai-je le cœur de le laisser dans les ténèbres ? À la merci du chasseur
Où aurai-je les mots, prononcés tant de fois dans notre enfance
"S'il te plaît, apprivoise moi"

Et nous serions uniques au monde
Nos cœurs liés d'un invisible trait
Et dans la campagne, lorsque le vent m'apporterait le cri des bêtes, je le reconnaîtrai, car sa voix parmi toutes les autres résonnera d'une autre manière à mon cœur

Il est des secrets - des plus profonds - que même le plus savant ne peut expliquer
Une force indicible et irraisonnée
Que ceux qui, pris dans des branches acérées, avalés dans le sein de la terre n'ont plus l'occasion de voir, de sentir
Cet état qui même quand la terreur règne, que le fusil est chargé et que le grand Cri ouvre sa gueule , ne peut être anihilé

Alors adopte-moi, s'il te plaît
Et nous serons uniques au monde - ce sera déjà ça.

29.06.2022 1h39

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