Chapitre 1

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Sophie


« Sophie ? »

Des coups frappés à ma porte, à répétition, me sortent d'un profond sommeil.

« Sophie !

— Quoi ? » beuglais-je à la voix qui ose me sortir d'un rêve agréable. « Y a le feu ? »

Dans le doute, je hume l'air à la recherche d'une confirmation. Je n'entends pas l'alarme incendie. En même temps, au nombre de coups qu'elle reçoit, le jour où l'on aura besoin d'elle c'est quasiment sûr qu'elle ne fonctionnera pas. Je me lève et ouvre la porte découvrant une de mes colocataires, Ella, toute stressée.

« C'est toujours aujourd'hui ton entretien d'embauche ?

— Quel jour on est ?

— Lundi », me répond Ella, dépitée.

Que voulez-vous. Tous les jours se ressemblent plus ou moins quand on ne travaille pas. C'est là où j'en suis dans ma vie, toujours entre deux boulots. Ma glorieuse expérience de travail depuis que je suis diplômée de l'université se résume à des emplois comme caissière et vendeuse dans des boutiques de vêtements et de chaussures. Je n'ai aucune expérience de travail dans mon domaine, car personne ne recrute si l'on n'a pas... d'expérience. Vous voyez la logique ?

« Oui, c'est aujourd'hui, à dix heures.

— SOPHIE !!!! » crie-t-elle, « il est neuf heures et quart ! »

Tu parles d'une poussée d'adrénaline qui s'empare instantanément de moi. Je plonge, littéralement, sur mon lit, attrape mon téléphone et regarde l'alarme que je n'ai pas programmée. Je me redresse vivement, enlace Ella assez longuement avant de déposer un bisou sonore sur son front.

« Je t'aime toi ! Si j'ai ce boulot, ce sera uniquement grâce à toi ! » dis-je en courant dans la salle de bain. Putain ! Rendez-vous dans moins de quarante-cinq minutes !

Je me précipite sous la douche, pas le temps d'attendre et de jouer avec les robinets jusqu'à la bonne température. Le jet, d'abord glacé, me réveille instantanément. J'en ai le souffle coupé. Je me passe rapidement du gel douche un peu partout, me rince et me sèche aussi vite que possible. J'ai bien fait de me faire couper les cheveux il y a quelques semaines, lors d'un passage à vide. Façon Britney, je suis entré chez le coiffeur et bye-bye ma longue chevelure qui me descendait jusqu'à la naissance de mes fesses. J'en suis ressortie plus légère, avec une coupe courte style pixie. J'avais gardé les yeux fermés tout le long et il m'a fallu un moment pour ouvrir les yeux et voir ma nouvelle tête. C'est un changement radical. J'adore ! Les premiers jours, je me faisais peur toute seule en croisant mon reflet dans un miroir ou dans une vitrine. Mais maintenant, ça va, je m'y suis habituée à cette drôle de tête. Ça me va super bien. Bon en même temps, il est trop tard pour changer d'avis alors je peux me mentir autant que je veux, n'est-ce pas ? Une fois frictionnée, je me bichonne rapidement, me lave les dents, finissant par un petit coup de déodorant aux endroits stratégiques.

Je sors de la salle de bain enroulée dans ma serviette, souriant à Ella qui se tient toujours devant ma porte, téléphone en main.

« Neuf heures vingt et une ! » dit-elle en m'encourageant.

J'ouvre ma penderie et je sors ma tenue de combat. Un tailleur, pantalon, et chemisier blanc et des escarpins à talon plat. J'attrape ma « chemise de looser », vérifie que mon Curriculum Vitae est bien là, un carnet, des stylos. Je sors de la chambre et regarde mon amie, attendant son approbation.

« Neuf heures trente ! Trente et une », dit-elle en inclinant la tête favorablement. « Bonne chance Sophie ! »

Je la salue de la main sans me retourner et claque la porte de l'appartement.

Me, my Boss and the othersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant