Me, my Boss and the others

Chapitre 23

Max

Cela fait dix jours, deux heures et vingt-huit minutes que je n'ai pas été en contact avec Sophie. Oh, bien sûr je la vois au loin discuter avec ses nouveaux collègues, je la croise et nous nous contentons des formules de politesse de base. Aujourd'hui est un test. Une réunion de groupe. Je réussis tant bien que mal à rester dans la même pièce qu'elle, sans laisser mon corps prendre le dessus. La rougeur sur ses joues et ses yeux pétillants m'indiquent qu'elle aussi lutte contre l'électricité qui existe entre nous. Des images se bousculent dans ma tête où, invariablement, je la renverse sur mon bureau et je l'embrasse comme mon corps le demande.

Mon téléphone émet une vibration, m'indiquant l'arrivée d'un courriel. Par réflexe, je regarde ce dont il s'agit sans plus y mettre d'attention. Je me raidis en voyant l'expéditeur. L'enquêteur privé.

« Voilà Monsieur, c'est la copie du dossier que j'ai remis à votre père. »

Sophie me fait un sourire alors que je repose mon téléphone à plat et que je tente de me concentrer sur la réunion, mais je ne fais que jeter des coups d'œil en sa direction.

La réunion terminée, je remercie tout le monde, m'attarde auprès de certains, salut de la tête, d'un sourire d'autres, d'un hochement de la tête une personne en particulier. Je retourne dans mon bureau pour lire le rapport de l'enquêteur. En sortant de l'ascenseur, je constate que sa porte est fermée. Je me persuade que mon père l'a déjà lu.

Sophie Martel, 26 ans.

Elle n'a pas eu une vie facile. Parents décédés. Pas d'autre famille, élevée dans quelques familles d'accueil, mais n'est jamais restée longtemps. Elle a principalement vécu en foyer.

Bons résultats scolaires, elle a pu entrer à l'université grâce à une bourse d'études. Maîtrise en économie.

Pour son passé.

Le père Jacques Martel, analyste financier à la bourse. S'est suicidé alors qu'elle avait six ans.

La mère Mary Martel, née Fillion est décédée peu après dans un incendie, elle avait sept ans.

Rien qu'elle ne m'avait pas déjà dit. Pourquoi mon père s'est-il enfermé dans son bureau après avoir reçu ce rapport ?

La sonnerie de mon téléphone me sort de mes pensées.

« Max, tu as deux minutes ? Je dois te parler d'un sujet... assez important.

— Bien sûr, dans ton bureau ou le mien ?

— Je t'attends. »

Je prends une bouteille d'eau dans mon mini-réfrigérateur et traverse le couloir. Je frappe deux coups et entre.

« Assieds-toi. Voilà. Ça ne concerne pas vraiment la compagnie ou un dossier en cours. C'est... plus personnel.

— Tu n'es pas malade ?

— Non, je te rassure, bien que ce matin mon cœur m'a joué plusieurs mauvais tours. Mais je vais bien. Écoute-moi jusqu'au bout, car ce que je vais te raconter n'est pas facile. Comme nous te l'avons déjà dit, ta mère et moi, nous avons essayé pendant plusieurs années d'avoir un enfant, jusqu'à ton arrivée.

— Oui, vous m'avez raconté cette histoire de nombreuses fois », réponds-je en l'incitant à poursuivre, ne voyant pas où il veut en venir.

— Oui, une histoire comme tu dis. La vérité est que nous n'avons jamais réussi à avoir d'enfant avec ta mère. »

Je manque de m'étouffer en avalant ma salive.

« Qu'est-ce que tu racontes ?

— Vois-tu, devant notre incapacité à concevoir avec ta mère, j'étais plein de rancœur, d'amertume. Je me suis consolé dans les bras d'une autre, d'une amie. J... j'ai... eu une aventure avec la femme d'un collègue et ami avec qui je travaillais à la bourse. Elle était un peu dépressive de son côté, seule, son mari, mon ami, accumulait les heures de travail. Il voulait tellement gravir les échelons pour offrir à sa femme la vie qu'elle méritait qu'il la délaissait. Et je comblais ce vide, ce manque d'affection qu'elle ressentait. Arriva l'impensable. Malgré nos protections, elle est tombée enceinte. Enceinte de jumeaux. Jacques et Mary ne pouvaient pas se permettre de garder les deux enfants, elle était déjà fragile psychologiquement, et ils ne se voyaient pas élever deux enfants financièrement, cela leur semblait insurmontable. Nous en avons longuement discuté, et j'ai payé mon ami pour avoir un des enfants.