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Les garçons viennent de sortir leur premier album ! Je suis si fière d'eux. En plus de ça, c'est une vrai réussite, les ventes sont bonnes à ce que Brian m'a dit.

Brian, je le vois souvent en ce moment. Je l'aide avec sa musique, il me répète sans cesse qu'une oreille extérieur à ce milieu est précieuse pour une avancée prometteuse.

Freddie m'a invité à prendre le thé chez lui la semaine dernière, cette plutôt sympa je l'avoue. On a parlé de tout et de rien. Il m'a démontré toute sa motivation pour l'avenir et avec le groupe. Il est vraiment ambitieux, ça lui réussira, c'est déjà sûr d'avance.

Avec Roger c'est compliqué. On ne sait pas réellement vu seul à seul depuis le nouvel an. Nos seules entrevues sont quand il est avec le groupe et que je vais les voir en répétitions.

Nous sommes présentement chez Brian et Roger, pour fêter les bons chiffres de l'album. L'ambiance est festive, cependant je n'ai toujours pas reparlé à Roger. Même pas un bonjour.

"Je vais fumer je reviens" dis-je à mon copain en me dirigeant vers la cuisine pour aller sur le balcon.

Roger s'y trouve déjà, je ne savais pas. J'hésite à faire demi tour. Non, ça serait ridicule de revenir avec ma cigarette à la main dans le salon. Je prends sur moi et passe le pas de la fenêtre.

Roger remarque ma présence mais ne réagit pas. Il ne prend même pas la peine de tourner ne serait-ce qu'un petit peu la tête.

Je place ma cigarette à l'entrée de ma bouche et l'allume. Elle se consume petit à petit.

Le silence est lourd, très lourd. J'aimerais lui dire mille choses. Comment on en est arrivé là ? Une seule dispute et on ne se voit même plus.

"Tu m'expliques ce qui nous arrive ?" Dit le blond, qui casse le silence.

Je le regarde un instant.

"De quoi tu parles ?"

"Ne fait pas l'imbécile Ophe, on ne s'est pas parlé depuis le nouvel an."

"Bien sûr que si-"

"Quand tu me félicite au studio ça compte pas."

Je détourne légèrement le regard. Il n'a pas tord, je le sais, et lui aussi. Nos contacts sont devenus cordiaux ces derniers mois.

"Tu m'en veux toujours ?"

Je ne sais pas trop, je lui en ai voulu longtemps. Mais aujourd'hui, ça semble si lointain, si ridicule.

Avec Tony ça va à la perfection. Sa jalousie ressort par moment mais on trouve souvent vite un moyen d'y remédier, nous communiquons énormément.

"Non, ça serait ridicule."

On dirait que je rends les armes.

"Avant qu'on se réconcilie pour de bon, je veux que tu saches que ma position n'a pas changé."

Une pointe de colère remonte mais repart aussitôt. Après tout, il a le droit d'avoir son propre avis. Il ne le connait pas vraiment, il se méfie, c'est normal.

"D'accord, mais la mienne aussi Roger."

"Alors, on fait la paix ?" Me demande t il en me tendant sa main.

"Sois pas ridicule." Dis-je en tirant sa main vers moi.

Je le prends dans mes bras. Son odeur m'avait manqué. Notre étreinte semble éternelle. Je suis bien dans ses bras. Je lui fait un bisou sur la joue purement amical et retourne avec les autres. J'écrase ma cigarette dans le fumoir de la cuisine.

La journée est passée et nous sommes restés pendant l'entièreté chez Brian et Roger. C'était génial, leur album tournait en boucle sur la platine.

Nous sommes dans la voiture sur le chemin du retour avec Tony. Il semble penseur.

"Il a un truc qui ne va pas Ton ?"

"Toi et Roger, ça va mieux ?"

"C'est une question piège ?"

"Non non, je m'informe c'est tout."

"Si tu veux tout savoir tout va mieux, on en a parlé quand je l'ai vu sur le balcon."

"Ah donc c'est pour ça le bisou."

"Le bisou ?"

Je repense alors au bisou sur la joue que je lui ai fait, à Roger, sur le balcon.

"T'étais dans la cuisine ?" Je surenchéri.

"Je vous espionnait pas, je me lavais les mains. C'est quoi ce bisou Ophelia ?"

"Tu vas pas recommencer Tony ??"

"Comment ça recommencer ?"

"À Noël, et puis maintenant là."

"Admets qu'il y ai de quoi douter."

"Comment ça ??? Pas du tout, Roger est un ami proche, rien de plus, qu'est ce que tu comprends pas ?"

Le ton monte.

"J'aime pas te voir avec lui, avec les gars non plus d'ailleurs."

"Je te demande pardon ?"

"Vous semblez si proche, j'ai peur de te perdre."

Je soupire avec un sourire ironique aux lèvres. Je n'arrive pas à y croire. Je relève la tête et le regarde. Lui conduit alors il ne détourne pas le regard de la route. Cela l'arrange bien d'ailleurs.

"Est ce que y aurait quelque chose d'autre que tu voudrais me dire ? Tant qu'on y est." Je demande.

"Peut-être pourrais-tu les voir moins, pour qu'on passe plus de temps ensemble."

La voiture s'arrête, on est arrivé. Je ne relève pas ce qu'il vient de dire. Je sors de la voiture et commence à monter les escaliers de mon immeuble. Lui est derrière moi. J'ouvre la porte, je rentre et il me suit. Je m'assoie sur le canapé et lui se pose contre le comptoir de la cuisine.

"Tu rigolais ?"

"À propos ?" Me demande t il, confus.

"De ne plus voir les gars, c'était une blague ?"

Il me regarde avec incompréhension, je comprends alors qu'il ne plaisantait pas. Il a bien l'intention de me couper les ponts avec les garçons.

Je baisse la tête et réfléchi, les mots de Roger tournent soudainement en boucle dans ma tête. Il te contrôle, te possède, tu ne l'aime pas lui, tu aime la manière dont il te fait sentir. Et si il avait raison ? Non, n'importe quoi. J'aime Tony, il m'aime, pourquoi je devrais en douter ? Pour une dispute ? Je suis bête.

"Écoute, c'est ridicule."

"Ophelia je suis plus que sérieux, tu ne vois pas qu'ils te tirent vers le bas ?"

Je relève la tête, le regarde avec incompréhension. Cette fois, la colère commence à monter. Qu'est-ce qu'il veut dire par là ?

"Ils te déroutent de tes objectifs. Ton école ? Tous les soirs tu es aux répétitions avec eux, ou au bar avec eux. Comment veux-tu suivre ton année correctement dans ces conditions ?"

Il a peut-être raison ?

"Et puis Roger, il te fait du mal, il te blesse, et tu le laisse revenir dans ta vie. Pour ce qui est de Brian,-"

Oh mon dieu j'ai compris. Ce que m'a dit Roger au nouvel an. Je le vois maintenant. Il avait raison depuis le début.

Somebody To Love Où les histoires vivent. Découvrez maintenant