Somebody To Love

2

Le repas était délicieux. J'ai appris à connaître les amis de Brian davantage. Freddie est plus branché mode, John mécanique et Roger dentition? À vrai dire je n'ai pas vraiment compris quelle était sa voix de prédilection, les gars ne faisaient juste que de répéter qu'il allait finir dentiste. Ce n'est pas pour autant bien grave, car les garçons m'ont aussi parlé de leur groupe.

Brian ouvre la porte de l'appartement et y rentre. Moi et Roger le suivons. L'appartement paraît plus petit dans la nuit. Plus intime.

Roger, comme à ce qui semble son habitude, se dirige vers le balcon pour y allumer sa cigarette. Brian, lui, prend son chemin vers la salle de bain.

Je ne sais pas trop où aller, me rendre dans ma chambre, enfin dans la chambre qui m'est prêtée, serait quelque peu impoli. Je ne peux pas m'enfermer dedans alors que c'est mon premier soir ici. Il faut que j'essaie de m'intéresser aux autres. Ici, en l'occurrence, le seul à qui je peux parler est Roger. Je m'avance donc à l'extérieur.

"C'est ton coin préféré ici ?"

Le blond se retour, presque surpris d'entendre ma voix.

"On peut dire ça, prendre l'air ça aide à penser."

Je le regarde surprise à mon tour, Roger est penseur ? Je n'aurais pas parié.

"Nan je plaisante c'est juste que Brian m'interdit de fumer à l'intérieur donc j'ai pas trop le choix."

Je me disais bien aussi.

"Tu fumes ?"

"Merci mais il est trop tard."

"Trop tard ?"

Il me regarde avec insistance, comme pour attendre que je cède à sa demande. Après tout, on dit bien à Rome fait comme les Romains.

J'attrape alors la cigarette qu'il me tend et en prend une inspiration.

"Tu goûtes à la vie de rock star ma chère."

"Rockstar ? Pour le moment je ne dirais pas vraiment ça Roger."

"Tu sais quoi, appelle moi Rog, j'ai l'impression qu'on se connait pas sinon."

"Ce n'est pas le cas ?"

"Tu viens de tirer sur ma cigarette Ophe."

Ophe?

Ce surnom me surprend quand il sort de sa bouche, j'ai l'habitude de l'entendre que de celle de Brian. Mais bon, je ne vais pas demander à Roger, Rog, de m'appeler par mon prénom au complet car cela pourrait créer un froid qui n'a pas lieu d'être.

Je lui souris légèrement et tourne ma tête en direction de la vue. Il fait de même.

On entend les voitures roulées, les sirènes sonnées à quelques moments, le vent qui souffle, les habitants de Londres qui se trouvent dans les bars à proximité. Le temps est doux, nous ne sommes qu'au mois d'août alors la température est encore bonne le soir.

Rog fini par arriver au bout de sa cigarette. Il l'écrase.

"Après vous." Me dit il en faisant ce geste bien connu avec ses mains pour me laisser passer la première à l'intérieur.

Une fois à l'intérieur le blond se dirige vers sa chambre. Enfin, ma chambre. Notre chambre? Non, il ne dort pas avec moi. Mais je ne sais pas vraiment comment la designer.

"Brian??"

Au même moment mon ami sort de la salle de bain. Quant à moi, je suis sur le canapé mais j'entends la conversation comme si j'en faisais parti.

"Quoi ?"

"Pourquoi c'est ma chambre qu'elle doit prendre? C'est ton ami après tout."

"Rog on en a déjà discuté, vu que t'es là moins souvent le soir, c'est plus pratique pour tout le monde."

"Surtout pour toi ouais, tu l'a toujours ta chambre, toi."

"Roger fait pas ton gamin ok?"

"J'espère que tu rigole là ? Mon gamin ? Je dois accepter cette situation comme un bon toutou c'est ça ?"

"J'ai pas dis ça."

"Mh mh bien sûr."

Je me lève alors du canapé et m'avance vers ma chambre. La chambre, c'est mieux de le dire comme ça. Je passe le pas de la porte et Roger me regarde avec des grands yeux. Brian rigole dans sa barbe et avant que j'aperçois la suite je ferme la porte de la pièce. Me voilà seule dedans. J'entends des murmures à l'extérieur, Roger et Brian ne semblent pas avoir fini leur discussion. Je rigole légèrement.

***

Je me réveille avec la lumière du soleil qui se lève pile devant ma fenêtre. Le réveil n'est pas dur, même agréable. Je sens qu'aujourd'hui va être une bonne journée, je compte aller me balader dans la ville telle une touriste. J'aimerais profiter de mes derniers jours avant la rentrée dans ma nouvelle école.

Je sors de ma chambre, enfin, vous avez compris. Personne ne semble encore être levé. Roger s'est finalement endormi sur le canapé, j'avoue que j'éprouve un peu de pitié en le voyant ici. J'ouvre les placards en espérant tomber sur quelque chose qui me plairait pour le petit déjeuné. Je vois des céréales, les prends et m'en sert un bol. Je me dirige ensuite, comme une vieille habitude, vers le balcon. J'ouvre la fenêtre, me glisse à l'extérieur et la repousse sans pour autant la fermer. Je m'assoie contre le mur et regarde à travers les barreaux tout en piochant dans mon récipient quelques cornflakes.

"Ça se la joue solo maintenant ?" Me dit une voix rock derrière mon dos.

Le blond referme la porte et se place à ma gauche.

"C'est à moi normalement." Rajoute-t-il en montrant les céréales avec son doigt.

"Sérieusement ? Rog, je te croyais plus mature." Dis-je d'un ton ironique pour lui rappeler sa conversation avec le brun de la veille.

Il me regarde.

"Satisfaite? Bon maintenant partage."

Je lui tends le bol et il se sert. Tout est calme, même Roger. La ville se réveille avec nous. Il doit être à peine 7am. J'aime bien cette ambiance. L'air est doux.

Des frottements de guitare me ramènent un peu à la réalité. Je regarde par la fenêtre pour voir à l'intérieur et j'y observe Brian, sur le canapé, en train de jouer des accords.

Je me relève et ouvre cette même fenêtre.

"Tu viens?"

"Non, mon instant rockstar m'appelle." Me dit le blond en sortant une cigarette de son paquet qui se trouve sur le rebord du balcon tout en ayant un sourire en coin.

Ce sourire. Il montre que Roger a de l'humour. J'aime bien ce sourire.

Je rentre pour de bon.

"J'aime bien, tu devrais les noter."

Brian relève la tête.

"Tu crois? Je les ai eu en boucle toute la nuit."

"Alors une raison de plus."

Il acquiesce et se plonge dans ses feuilles remplies de notes. Je n'y comprends pas grand chose à vrai dire. Je ne m'y connais pas trop en musique, pour moi une partition est étrangère.

Je retourne dans ma chambre pour m'habiller. La fenêtre m'appelle, je décide donc de l'ouvrir et d'y regarder à travers. Il fait beau sur Londres aujourd'hui.