Somebody To Love

17

Les garçons sont partis hier soir, j'ai passé la nuit seule.

Ça fait bizarre un peu. J'ai jamais eu l'habitude. Mais c'est là que je me rends compte que sans eux j'ai personne.

Ma rentrée est cette après-midi. Je pourrais essayer d'en profiter pour faire peut-être de nouvelles connaissances en attendant le retour du groupe.

***

"Je penserai à toi tout à l'heure."

"C'est trop mignon."

"Nan je suis sérieux, je sais que c'est pas facile pour toi vu ce qu'il s'est passé avant l'été."

Il fait bien évidemment référence à Tony, c'est la première fois qu'il en parle comme ça.

"Et avec les garçons, comment ça va ?"

"J'ai réussi à avoir la meilleure chambre à l'hôtel donc moi tout va bien, eux font la gueule un peu."

Je ne réponds pas à sa phrase, il enchaîne donc.

"Si seulement t'avais pu être là..."

Je tortille le fil du téléphone.

"J'aurais adoré."

Réellement. Ça doit être une expérience géniale.

"La prochaine tournée t'es obligé de venir." Dit une voix autre que celle de Roger.

"Freddie ??"

"Désolé, les gars m'attendent à côté de la cabine parce que là on doit aller au studio." Dit Roger en reprenant le téléphone.

Je rigole.

"Tu sais quoi ? Je te rappelle ce soir, tu me racontera tout."

"Ok. À plus tard." Dis je un peu plus bas que mes paroles précédentes.

"À plus. Je t'aime-"

Il raccroche.

Je t'aime. Wow.

C'est la première fois qu'il le dit. Je n'ai même pas eu le temps de lui répondre.

Est-ce qu'il a fait gaffe à ce qu'il disait ou c'était dans la précipitation ? Mais n'est-ce pas d'autant plus sincère dans ce cas là ?

Ça se trouve il n'a même pas fait attention. Ça ne veut rien dire.

***

Je rentre à peine chez moi. L'après-midi a été longue.

Je me déchausse et me dirige vers la cuisine pour préparer mon repas de ce soir, cela me changera sûrement les idées avant de Roger ne m'appelle.

Le téléphone ne tarde pas à sonner dans mon entrée.

"Roger ! Si tu savais, j'attendais ton appel avec impatiente ! Faudrait d'ailleurs que tu me donne le numéro de l'hôtel, que je puisse t'appeler moi aussi."

"Oh Ophélia..."

Mon sang se glace presque. Ce n'est pas qui je pense ?

"A ce que j'entends tu es toujours avec ce crétin."

Et bien si.

"Tony. Qu'est-ce que tu veux ? Dépêches toi, je ne veux pas garder la ligne occupée."

"Pour que ton petit Roger t'appelle ? Bien sûr ne t'inquiètes pas je ne serais pas long."

"Je t'écoute."

"Je voulais te dire que tu étais sublime aujourd'hui, encore plus rayonnante que d'habitude."

Il me dégoûte.

"Tony lâche moi."

Je suis sur le point de raccrocher.

"Ophélia."

Je remets le téléphone contre mon oreille mais ne dis rien.

"Je peux venir récupérer mes affaires ?"

"Je les ai jeté."

"Ho... Et bien, tu peux passer quand tu veux récupérer les tiennes."

Je n'irai pas.

"Au revoir Tony."

"Au revoir... Sweatheart."

Mon coeur fait un bon. Pourquoi ? Je ne devrais pas pourtant. Je raccroche pour de bon et m'appuie contre le mur où ce dernier est accroché. Sweatheart...

***

Roger m'a finalement appelé plus tard dans la soirée, cela m'a fait un bien fou. Il m'a parlé de son concert de ce soir et je lui ai parlé de ma rentrée. On est resté une bonne heure au téléphone.

"Toute ma paie va finir dans le téléphone de l'hôtel si on continue à parler aussi longtemps." Dit il en rigolant.

"C'est si compliqué d'être loin de l'autre comme ça, j'ai tellement de chose à dire."

"Le temps est bientôt fini, ça va bientôt couper."

"D'accord, alors... Bonne nuit Roger, dors bien."

"Bonne nuit Ophélia, je t'aime." Dit le blond tout doucement.

"Je t'aime aussi."

J'ai pu cette fois le dire, ce n'était donc pas une erreur. Le téléphone coupe à la fin de mon dernier mot. A t il eu le temps d'entendre ma phrase correctement ? Je l'espère.

Je me rends vers mon tourne disque et le mets en route. Je cherche mon vinyle préféré mais, je ne le trouve pas.

J'ai beau réfléchir je ne sais pas où j'aurais pu le mettre. Enfin si, j'ai bien une idée, mais je ne veux pas l'écouter. Je sais qu'il est sûrement chez Tony. Et c'est sûr qu'il ne l'a pas jeté. Il sait que je l'adore et compte attendre que je vienne le chercher.

J'irai.

Après tout, je n'ai pas de quoi avoir peur. C'est vrai, maintenant j'ai Roger avec moi. Enfin, là pas physiquement, mais je ne suis pas seule pour autant.

J'irai demain. Après mes cours.

***

"Bonjour mon amour."

"Je m'appelle Ophelia au cas où tu aurais oublié."

Il me regarde et m'ouvre le passage vers chez lui.

"Je ne m'attendais pas à te voir." chuchote t il à mon passage à côté de lui.

"Je ne viens sûrement pas pour toi."

"Je suis déçu alors." Dit il ironiquement, "que me vaut cet honneur ?"

"Tu sais très bien." Je dis tout en commençant à fouiller dans ses affaires de salon.

Il me regarde mais reste à l'écart. Ça m'arrange.

"Est ce que.. celui ci te manque ?"

Au même moment il sort de je ne sais où mon vinyle. Il le savait. C'est de la manipulation à ce stade.

"Ophelia, t'a beau ne plus vouloir me voir, tu ne peux pas rester loin de moi bien longtemps."

Je ne dis rien et me contente de le regarder droit dans les yeux, il ne me fait pas peur.

"Si tu le veux il va falloir venir le chercher."

"Tu veux dire quoi Tony ?"

"Tu me manques... Passes un temps ici, avec moi, et ton vinyle reviendra chez toi."

C'est un malade. Mais je veux ce vinyle, c'est sentimental. Je ne peux pas le laisser chez lui. J'ai un plan. Je ne vais certainement pas rester dormir chez ce malade.

"Tu veux dire quoi ?"

"Un film, ça te dis ?"

On dirait presque qu'on est encore ensemble et que la scène est une soirée classique pour nous.

Certainement pas, ce n'est absolument pas normal.

J'accepte.