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Point de vue de Vadim:

Je jubilais. Cet enfoiré allait se jeter tout droit dans mes bras juste parce qu'il avait envie de baiser sa femme.
"- laissez moi une chance de partir... Pitié..." La femme de Steeve Carlton me regardait avec des yeux suppliant de l'épargner du sort que je réservais à son mari. Ça faisait des mois que je traquais ce tordu et seule la mauvaise planque de sa femme m'avait permis de le retrouver.
"- quoi... Tu laisserais ton mari dans la gueule du loup" dis-je, moqueur.
"- il va me tuer... Il l'a promis la dernière fois que je me suis enfuie!! Il a dit que c était la dernière ... Aidez-moi, pitié..."
Le regard de la femme était plein de terreur, plus encore que quand elle avait compris que quelqu'un était entré dans sa maison. Quelque chose passa par nos yeux et je la redressais de force. Ce faisant, ma main rencontra la peau de son dos.

La sensation de sa peau l'interpella. Je la fis pivoter pour en avoir le coeur net, et soulevait son t-shirt d'autorité. De longues balafres boursouflées longues de plusieurs dizaines de centimètres striaient son dos. Certaines étaient d'un blanc nacré, indiquant leur ancienneté, d'autres étaient encore rosées. Un faible "- pitié..." S'échappa de sa belle bouche. Je ne pus m'empêcher de la serrer contre moi pour la rassurer, puis je lui montrais du menton un recoin de la cuisine.

Attentif, l'oreille aux aguets, j'attendais l'arrivée du salaud qui avait participé au massacre de ma famille. Igor me communiqua la position de Carlton et la leur. Ils restaient à distance volontairement mais encercleraient la maison des qu'il serait entré.
Levant les yeux vers celle qui aurait pu être ma victime, nos regards s'accrochent un bref instant. Je me fis la promesse de faire en sorte qu'il ne lève plus jamais la main sur elle, avant de m'enfoncer dans l'ombre du salon.

L'homme s'avança d'un pas lourd vers sa femme, en tirant sur sa ceinture.
"- voilà donc la petite garce qui me sert de femme ..."
Un sanglot s'échappa de sa gorge laiteuse et elle se rencogna contre le placard.

C'est trop pour moi, je sors de l'ombre et lui colle ma lame sous la gorge.
"- voilà donc le petit connard qui sort enfin de son trou! Alors Steeve, tu pensais pouvoir corriger ta femme ce soir... Que dirais tu que je m'occupes de la peau de ton dos avant de te charcuter la gueule?" Il tremble entre mes mains, mais se maîtrise assez pour me répondre:
"- vadim vasilev..."
"- tu m'attendais hum? J'ai déjà exécuté tous tes petits copains un à un. Il ne reste que toi et Murphy... Enfin... Plus que Murphy... Tu étais bien caché... Dommage que tu ne puisses pas résister à l'envie de massacrer ta femme... Elle est très belle pourtant... Dis moi... Quel est ton problème avec les femmes...? Tu n'arrives pas à bander peut être? Elles te font peur?"

Carlton rua contre moi mais j'appuyais sur sa gorge. Brusquement il lança son bras, enroulé autour de sa ceinture, me cinglant en pleine tête. La jeune femme hurla et rampa le plus loin possible de nous. Jouant nos vies tous les deux, les coups pleuvaient de part et d'autre. Un violent coup au visage lui fit sauter des dents. Ma machoire craqua méchamment. Nous rendions coup pour coup, attaquant sans cesse. Nous avions fini par rouler par terre, et j'avais perdu mon couteau dans la bataille. La jeune femme avait décampé dans le salon, apeurée par  notre bagarre sans merci et nos cris. Soudain, elle hurla "attention" alors que Steeve avait roulé au dessus de moi et le bruit du percuteur d'une arme à feu déchira le calme ouaté de la banlieue résidentielle. Steeve Carlton s'effondra sur le côté, victime d'une balle en pleine tête, tirée par sa femme. Elle m'avait volé ma revanche. Elle avait eu la sienne.

Je levais les yeux vers elle, et vis qu'elle était tétanisée. Ça fait ça la première fois. Elle fixait éberluée le canon fumant de son arme, et en arrière-plan, le corps de son mari baignant dans une marre de sang, grandissant à vue d'oeil. Je me suis redressé, j'ai contemplé la jeune femme, puis me suis mis à son côté. J'ai compris.
A la main, il avait une arme. Il allait l'utiliser contre moi. Elle ne s'était pas vengée. Contre toute attente, elle m'avait défendue, moi qui venait d'essayer de la noyer, et l'avais torturée.

Série : L'otage. Tome 1. sauver MiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant