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Avertissements:
- attention, contenu mature.
- cette histoire fait dialoguer des personnages de langues différentes. L'essentiel du texte est en français, quelques passages seront en langue étrangère, pas forcément traduit. Le but est de mettre à la place de l'héroïne, qui ne comprend pas forcément tout ce qui se passe autour d'elle. Les passages non-traduits ne sont pas essentiels au suivi de l'histoire, néanmoins, si vous êtes curieux vous pouvez traduire les passages avec Reverso.
Bonne lecture :)

Ce soir là, je terminais mon service dans la maison de retraite du "dernier soleil". Quel nom déprimant pour le lieu qui doit abriter les vieux jours de personnes âgées. l'État ne s'était pas forcément creusé la tête de façon assidue pour cette maison de retraite bas de gamme qui n'accueillait que des miséreux à la pension de retraite annuelle si faible qu'elle ne suffirait même pas à payer un mois de retraite dans une maison de retraite ordinaire. Les vieillards étaient tous sans famille et donc sans visite. Quel endroit déprimant. Bien que surqualifiée pour l'emploi que j'occupe, j'avais choisi cette option, car pour une simple aide soignante, dans un hospice de seconde zone, on ne vérifie pas de façon très poussée les diplômes, références et surtout identité. J'avais dit m'appeler Mathilda Taylor - au lieu de Mia Sailor- la sonorité relativement proche était nécessaire pour que je réponde facilement, m'avait conseillé le faussaire qui m'avait fait mes nouveaux papiers d'identité.
J'avais ôté ma blouse et mes chaussures de sécurité et passé mon manteau qui avait connu de meilleurs jours. Je l'avais achète quelques semaines plus tôt dans une friperie - c'était le mieux que je puisse me payer depuis que j'étais en fuite - mais il avait le mérite de me tenir chaud dans ces premiers jours de Novembre.

J'allais passer la porte vitrée en tapant le code - pour éviter la fuite des patients Alzheimer - quand j'entendis un bruit sourd derrière moi. Je fis un bond en avant, mais la curiosité me poussa a regarder quand même, avant de m'enfuir à toutes jambes. Madame Denis s'était effondrée une main sur le coeur. J'avais lâché mon sac à main miteux avant de me précipiter vers elle.

Elle est gentille Mme Denis, même si elle n'a plus toute sa tête. Elle a une petite fille qui vient la voir une fois par moi. Une pauvre petite, qui a déjà trois enfants à vingt ans et que son copain a lâché. Elle n'a pas un sous vaillant mais fait le trajet avec les enfants pour venir la voir, même si elle ne la reconnait plus vraiment. Je ne sais pas pourquoi tout ça me vient en mémoire alors que je me précipite. Je vérifie les constantes instantanément et constaté un arrêt cardiaque sans surprise.  Je hurle des ordres a la cantonade dans réfléchir, dégage le buste et commence un massage cardiaque. Mes collègues sont atterrées autour de moi. Heureusement Brittany a la présence d esprit d appeler une ambulance puis elle me rejoint avec le défibrillateur. Elle prépare le materiel, tandis que je continue de maintenir des pulsations artificielles. Seul un choc électrique fera répartir la machine. Elle prépare les électrodes, me les tend et je les applique sur le torse. Quelques résidents et collègues pleurent autour de moi sans que je m'en rende compte. Je reprend mon massage tandis que Brittany allume la machine.

Ou du moins elle tente de l'allumer. Aucun électrode, pas le moindre bip ne s'en échappe. Nous échangeons un bref regard. La machine est déchargée. Elle ne fonctionne pas. Elle se redresse et part en courant. Je comprends : elle va aller en ville essayer d en trouver une... À la mairie, dans une banque... pour sauver la vieille Mme Denis. L'ambulance finira par arriver de toute façon.

Je continue mon massage. Mes bras tetanisent mais je me force à garder le rythme. Ce n'est que douze minutes plus tard que les urgentistes arriveront, en même temps que Brittany. La machine ne fera pas repartir le coeur de la vieille dame. Elle meurt entre mes mains. Agenouillée au milieu du hall d'entrée, les mains posées sur mes cuisses, je suis atterrée. Je vois le corps être enlevé par les pompiers, le médecin référent relèver l'heure de la mort et mes collègues emmener tous nos petits vieux ailleurs, histoire de faire place nette. Britanny m'emmène en salle de repos et me sert un café. Je n'ai rien mangé depuis ce matin. J'avale une gorgée mais mon estomac se serre au contact du liquide amer.

"- on a fait ce qu on a pu" lâche Brit, défaitiste. " Tu as été exceptionnelle ! Tu maîtrises tellement bien les gestes de premiers secours pour une simple aide soignante! On se serait cru dans la série grey's Anatomy!"
Je lui fais un petit sourire en biais pour cacher mon trouble. J'ai peut d'avoir grille ma couverture, mais Brit m'assomme de bavardages épuisant, jusqu'à ce que j'ai retrouvé assez de forces pour quitter l'hospice.

Série : L'otage. Tome 1. sauver MiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant