Chapitre 1

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Je m'appelle Julian. J'ai 23 ans, les cheveux blonds coupés courts, et même si je m'entraîne régulièrement à la salle pour essayer de ressembler aux critères de beauté actuelle, je reste déçu de ne pas atteindre le mètre 80.
Je vis avec Enzo, mon petit copain, dans un appartement où on se partage le loyer en périphérie de Paris. Ça va faire bientôt deux ans qu'on sort ensemble, et même si notre relation reste un peu "cachée" aux yeux de la société, je ne le vis pas mal. J'avoue avoir toujours eu du mal à assumer être gay, et concernant Enzo c'est quelque chose que lui ne veut même pas déballer sur le carreau.
Je viens de finir le travail et me dirige en direction de notre appartement, assis dans le RER, à 23h passées. Je suis serveur. Mais pas serveur dans un des bistrots parisien, je suis serveur dans un restaurant 5 étoiles, le genre même de restaurant où on ne voit défiler que des étrangers assez riches pour se payer un repas du type. Et contrairement à ce que vous pourriez penser sur le moment, n'importe qui avec un quelconque bac pro d'hôtellerie peut y travailler, et je ne gagne pas si bien ma vie. C'est frustrant, mais les riches qui viennent passer du temps là dedans ne dépensent pas de l'argent dans des pourboires inutiles, et d'ailleurs c'est à peine si vous existez.
Mais c'est là que j'ai rencontré Enzo. Lui, il a les moyens de se payer ce genre de repas. Il a 29 ans et travaille dans un cabinet d'avocats. Il était venu dîner un soir dans le restaurant où je travaille, accompagné d'un homme plus âgé. Il m'a semblé que c'était un dîner professionnel. Je l'avais trouvé super beau, dans son costume bleu marine, sa chemise blanche déboutonnée comme il faut et sa montre coûteuse qu'il exposait en posant son poignet près de son assiette. Il a les cheveux bruns, rasés très courts sur les côtés mais plus longs sur le dessus qu'il place un peu en arrière, le teint hâlé, des yeux noisettes et une barbe soigneusement taillée qui pose tout de suite sa virilité. Il est plus grand que moi, plus costaud aussi, et même si il a légèrement pris un petit peu de poids, comme il a été très très musclé auparavant, ses muscles restent bien présents et on ne peut plus désirable. Mais ce canon ne me regardait pas, comme je m'y attendais alors je ne me m'était pas attardé à m'inventer des fictions qui n'arriveraient jamais.
Pourtant, pendant une pause cigarette rapide vers la fin de mon service, il sont passés lui et son collègue devant la porte de sortie des employés, et il m'a regardé.
— Tu ne devrais pas fumer, ça risquerait de creuser ton joli visage. m'avait il lancé.
Et il a continué son chemin, comme si de rien n'était.
Sur le coup, j'ai jeté ma cigarette et je suis rentré pour terminer de ranger la salle du restaurant avant de repartir, et une fois rentré chez moi, j'ai passé la nuit à me toucher en pensant à cet homme que je ne connaissais pas mais qui m'avait fait tellement d'effet.
J'avais pensé qu'il resterait un fantasme, mais il est revenu dîner deux semaines plus tard, un jeudi de nouveau, et seul cette fois. Il avait demandé à s'asseoir à la même table, et je ne pus m'empêcher de me dire que c'était peut être pour que ce soit moi qui le serve...
De tout son repas, nous n'avons rien échangé de particulier. Mais cette fois ci, je sentais son regard posé sur moi et détailler ma personne en tout temps.
Il pris son temps pour finir de dîner, et même si le restaurant ne dresse pas énormément de couverts, il parti le dernier.
En le voyant aller payer l'addition, je me suis rué dans les cuisines pour n'éclipser et aller fumer une cigarette, espérant le voir passer de nouveau, et je fus récompensé de le voir arriver en même temps que moi au niveau de la porte des employés.
—Tu ne vas pas sortir une cigarette quand même ? m'avait il demandé.
—Non... avais je bredouillé, ne cherchant pas à lui déplaire.
—Alors qu'est-ce que tu fais là ?
Sa question m'avait coupé de court. Devant lui, je perdais tous mes moyens et je me suis mis à rougir comme jamais. J'étais cramé, il avait deviné que je n'étais sorti que pour lui.
—Je... prends un peu l'air. avais je répondu en essayant de paraître le plus détaché possible.
—Si tu veux vraiment prendre l'air, je peux t'emmener boire quelque chose en terrasse ?
Sa proposition me coupa la respiration. Je mourrais d'envie de dire oui ! Comment refuser ça à un homme aussi beau que lui ? Le truc c'est que mon appartement n'était pas à côté, et qu'il était déjà presque minuit et que je risquais de me retrouver sans moyen pour rentrer chez moi. Et le uber, pour moi qui vivait dans la galère, c'était trop cher.
Je me suis retrouvé obligé de décliner sa proposition en lui expliquant la situation, mais en insistant pour le revoir un soir durant lequel je ne serai pas de service.
—Bof, j'aime pas attendre. avait il répondu en faisait s'envoler tout espoir en moi. Tu as bientôt fini ton service ? Je peux t'inviter à boire quelque chose chez moi, et j'ai une chambre pour t'héberger jusqu'à la reprise des transports.
Tellement heureux, j'ai tout de suite accepté sa proposition. Je suis rentré en lui promettant quand ce ne serait pas long, et en dix minutes chrono j'avais fini de ranger la salle du restaurant et je me trouvais à l'extérieur, face à cet homme qui me scrutait avec tant de prestance.
Et bien sur, une demi-heure plus tard avec un verre d'alcool dans le sang, à peine entamé, je me retrouvais à quatre pattes dans son lit, sa bite dans mon cul et ses mains sur mes hanches.
Après cette nuit complètement torride, on s'est revu plusieurs fois, toujours chez lui. Et un mois après, je venais passer plusieurs jours dans son appartement, si bien que trois mois plus tard, j'avais quitté mon logement pour m'installer chez lui et entamer la relation de couple que nous menons jusqu'à présent.
Alors quand je suis rentré ce soir là, plus tôt qu'à mon habitude, et que j'ai trouvé Enzo sur le canapé, nu en train d'embrasser un autre homme, c'est tout mon amour qui se brisa en morceaux.

La règle du jeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant