Chapitre 2

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Enzo était là, allongé au dessus de lui, une main dans les cheveux et l'autre sur le torse nu de mon concurrent. Il était en train de l'embrasser en ondulant du bassin contre sa virilité et cette simple vision suffit à me faire monter les larmes aux yeux.
Le mec s'appelait Mathias, c'était un de ses meilleurs "amis", voir le meilleur, et je l'avais déjà croisé plusieurs fois ici. La honte me submergea en pensant que ce n'était sans doute pas la première fois qu'ils se permettaient ce genre de choses dans mon dos et je me suis soudainement senti bien con.
Quand il me vit, mon mec eut un petit mouvement de la mâchoire montrant son mécontentement, le même que quand on se dispute, et il se redressa.
—Tu rentres aussi tôt, toi ? s'exclama t il.
J'hallucinais. Je venais de le prendre en flagrant délit et c'était de ma faute !?
—T'es sérieux ? lâchai je avec un sanglot dans la voix, foutant en l'air toute tentative de domination. T'es vraiment qu'un connard !
—He, là, il va te parler mieux que ça, non ? menaça l'intrus.
J'avais envie de le tuer. Et pas seulement de le tuer, mais aussi de lui arracher les yeux, de les écraser avec mes pieds et de briser chacun de ses os avant de le laisser à l'agonie sur un trottoir pour putes. Et le pire, c'est que ma colère se faisait entretenir par son physique. Mathias était beau, et ça ne jouait pas en ma faveur... Il avait l'âge d'Enzo, le corps bien dessiné, musclé avec une peau blanche qui avait longuement bronzée cet été. Des yeux bleus très clairs, une barbe de trois jours et des cheveux bruns légèrement roux un peu bouclés qui malgré leur aspects avaient étés très bien coiffés. Ce mec était virile, gagnait beaucoup, pourrait poser pour les magasines en temps que mannequin et à ma plus grande tristesse, il s'accordait bien mieux que moi dans un couple avec mon mec.
—Fermes... ta gueule ! réussi je à lâcher entre deux sanglots. Enzo !
—Bon, calmes toi Julian, si t'es pas capable d'être correct tu te casses. menaça l'amour de ma vie au lieu de prendre ma défense.
Je fumais intérieurement. J'avais tellement envie de me barrer, de le laisser là hautainement, de lui dire "ha ok ? Et bah tant pis pour toi." Mais le soucis, c'est que c'était chez moi aussi et que je n'avais nulle part où aller... et en plus de ça, j'aimais affreusement cet homme. Alors je ne pus que rester planté là, dans l'entrée, hoquetant avec ma veste encore sur mes épaules et mon sac que je tenais toujours par une des lanières de la main gauche.
—Aller, viens là. fit Enzo avec un petit signe de main à mon égard après quelques minutes d'un silence pesant.
Je me suis doucement approché d'eux, venant me tenir debout sur le tapis coûteux devant le canapé. Enzo se tenait maintenant assis, les avant bras posés sur ses genoux et il me détaillait du regard tandis que Mathias restait affalé contre le dossier, un sourire narquois aux lèvres en tenant sa tête avec son bras droit dans une posture de dieu grec.
Sachant que je n'étais pas en position de force, j'ai attendu patient, le regard baissé vers le tapis tout en tentant de calmer mes hoquets quand Enzo pris la parole.
—Je vais pas te mentir, Julian, mais j'aurais franchement préféré que tu rentres à l'heure prévue. Par ce que si je dois choisir entre Mathias et toi, c'est Mathias que je choisi.
Ses paroles me volèrent un hoquet plus fort que les autres et je ne pus que mettre ma main devant ma bouche, atrocement blessé.
—Je ne suis pas un connard, continua t il, je ne vais pas te mettre à la porte. Par contre je pense que c'est l'occasion de t'annoncer que je sors maintenant avec lui et que je veux bien t'accorder une semaine pour te laisser le temps de trouver où aller.
—Quoi ?! m'écriai je. Mais Enzo, je... je...
Je ne voulais pas le perdre. C'était l'homme que j'aimais et je trouvais le destin bien injuste de faire en sorte que notre histoire s'arrête du jour au lendemain... J'étais juste... amoureux.
—Aller, maintenant je te prête la chambre pour la nuit mais laisse nous, ok ?
—Tu peux pas faire ça ! hurlai je.
—Julian, je vais m'énerver là...
— Je ferai tout ce que tu veux ! lançai je d'une voix décidée.
Un silence s'en suivi, me laissant imaginer que peut-être il allait changer d'avis, mais Enzo garda son air détaché et se mit à réfléchir quelques instants.
—Tout ce que je veux ...?
J'affirmais d'un hochement de tête, bien décidé à explorer la moindre piste qui avait l'air de marcher et me mis à fusiller Mathias du regard, que décidément je n'arrivais plus à supporter.
—Tu entends ça chéri ? lança Enzo en direction du brun me faisant perdre tout espoir au passage. Il propose de faire tout ce qu'on veut...
Non, tout ce qu'IL veut... mais je ne sais pas pourquoi, je l'ai laissé continuer.
—Moi j'ai toujours rêvé d'avoir une petite pute... sussura t il.
—Et moi je voulais adopter un clebard, ajouta Mathias.
Les deux hommes me scrutèrent avec un visage différent, tandis que je restais coi devant la tournure que prenait la situation.
—Bon, fit Enzo en coupant le silence. Je t'avoue Julian, que ma relation n'a pas toujours été des plus facile avec Mathias. C'est d'ailleurs pour ça que je me suis mis avec toi, vu que je commençais à perdre espoir avec lui... C'est le mec avec qui je voudrais faire ma vie et j'adore faire l'amour avec lui, mais il me laisse pas vraiment le traiter comme ma salope...
Enzo se mi à sourire sadiquement en attrapant l'entre jambe du brun en lui lançant un petit regard amusé toujours devant moi.
—Tu rigoles ou quoi ? minauda l'intrus en se défaisant de la main qui le touchait. Par ce que toi tu me laisserais te traiter comme ma salope ?
—C'est bien ça le soucis, continua le brun à mon égard. Et j'ai pas envie de perdre l'un où l'autre. Je veux à la fois un mec, et une petite salope.
—Et... tu voudrais que je devienne ta petite salope...? proposai je.
—Non, coupa Mathias. Toi tu fais plus parti du jeu, c'est clair. Le couple, c'est Enzo et moi. Mais je veux bien que tu joues le rôle du clebard, je dis pas non à un petit cul à dispo...
Un clebard ?! J'ai vraiment compris ce qu'ils attendent de moi ou...
—Alors ? T'en dis quoi ? demanda Enzo en me sortant de ma torpeur. Tu deviens un bon petit chien ou tu prends la porte ?
Aucune des deux situations ne me plaisaient plus que l'autre, mais si il y avait bien une chose dont j'étais sur, c'est d'être amoureux...
—J'accepte.

La règle du jeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant