Chapitre 5

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Je ne sais pas combien de temps j'ai pu passer ici, dans le local de notre appartement, attaché et complètement à poil. Mais j'avoue n'avoir pas vécu les meilleurs moments de ma vie.
Tellement apeuré, je m'étais au début persuadé que ce n'était qu'une blague de la part des deux hommes, et que Enzo attendait silencieusement caché derrière la porte. Mais ce n'était pas vraiment son genre, et il ne se serait pas donné toute cette peine.
Alors j'ai pris mon rôle très au sérieux en me disant que c'était la punition qu'il avait décidé de me faire subir, et je me suis consolé en me rappelant l'aimer, décidant d'attendre dans une position sexy et soumise. Mais au bout de ce qui me parut une éternité, Enzo n'était toujours pas revenu et il m'était difficile de tenir la position.
Je commençais à n'en plus pouvoir, et gigotais dans tous les sens. J'avais mal aux genoux qui se frottaient contre le bitume, j'avais la mâchoire tendue et comprimée par le torchon et les serflex sur ma cheville et mon poignet me coupaient la circulation, me donnant d'affreuses fourmis dans les membres.
J'avais vraiment faim, j'avais un peu froid aussi, et  à mon plus grand désespoir j'avais horriblement envie de faire pipi. Et ça, plus j'y pensais moins j'arrivais à le contrôler... J'essayais de tenir, me disant qu'Enzo allait arriver d'une minute à l'autre, mais le temps me paraissait tellement long et je ne le voyais toujours pas. Alors j'ai repéré une bassine posée sur l'étagère et avec mon pied libre j'ai tendu la jambe pour l'atteindre et la faire tomber au sol. De la même manière j'ai réussi à la placer assez proche de moi pour uriner dedans, fermant les yeux sur ma honte et la situation. Soudainement bien mieux, les conséquences m'apparurent plus clairement. Enzo allait être furieux... donc j'ai poussé la bassine assez loin, et l'ai cachée sous l'étagère en remerciant peut importe qui que sa taille le permette. Je viendrais la sortir quand j'en aurais l'occasion...
Mais Enzo ne venait toujours pas, et je commençais sérieusement à en avoir marre. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps et ai essayé de me caler dans une position plus pratique, à savoir couché sur le côté, les bras relevés vers l'attache et le pied de travers. Et j'ai attendu ainsi, sans dormir.
Quand la porte s'ouvrit finalement, Enzo dû me trouver bien pitoyable. Il s'approcha de moi et tendit la main vers mes cheveux. Je ne réagis pas et il les caressa doucement.
—Alors Juny, on est un bon chien maintenant ?
J'en avais tellement marre que j'aurais fait tout ce qu'il voulait. J'ai hoché la tête et Enzo coupa les liens de mes poignets et de ma cheville. Il retira le torchon de ma bouche et passa quelques doigts sur mes lèvres. Il décrocha la laisse du tuyau et la pris en main, m'indiquant que je devais le suivre.
Je me suis mis en route derrière mon copain, doucement. La position avait endolori mes muscles et je peinais à avancer à quatre pattes. Il me mena néanmoins jusqu'à l'ascenseur, et l'appela pour remonter jusqu'à l'appartement. Je l'ai laissé faire sans même me poser de questions sur qui je pourrais croiser, me disant qu'il devait de toutes façon être bien tard.
Pourtant, en arrivant sur le palier je fus surpris de voir autant de lumière passer par la petite fenêtre de l'étage qui donnait sur la cour intérieure de l'immeuble.
Arrivés devant chez nous, Enzo ouvrit la porte de l'appartement et mon regard tomba directement sur Mathias, assis dans le canapé, une tablette dans les mains.
—Juny!! s'écria celui-ci en posant son objet à côté de lui. Tu m'as manqué mon petit chien !
Enzo descendit vers moi, détacha la laisse de mon collier et un bref regard vers lui me fit comprendre qu'il ne ferait rien. Alors pensant bien faire pour leur rappeler que la punition subie avait été injuste, je me suis dirigé vers l'homme assis sur le canapé, qui m'accueillait les bras tendus. Mathias les resserras sur moi quand je me suis approché de lui en ébouriffant mes cheveux, et sans comprendre pourquoi je venais de faire ça, je me suis mis à lui lécher le coin des lèvres.
—Ho oui... rigola t il. Ça c'est un bon chien... Mais... hum... tu pues un peu quand même !
Rapidement, le rouge me monta aux joues sous le "compliment", et je ne pus m'empêcher de repenser à ma petite aventure avec la bassine.
—Tu t'en occupes ? demanda Enzo en allant se servir à boire dans la cuisine.
—Hey, oui il faut bien. soupira Mathias comme si j'étais à leur charge depuis des années.
Alors l'homme se leva du canapé, une main toujours sur ma tête, et s'éloigna en direction de la salle de bain en tapotant sa cuisse.
—Juny ! fit il en sifflant. Aller, viens !
Un autre coup d'oeil vers Enzo qui ne s'occupait absolument pas de moi me fit comprendre que je devais suivre son nouveau coloc. Alors je me suis avancé vers lui à quatre pattes, et il referma la porte derrière nous dans la salle de bain.

La règle du jeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant