La journée de cours est quasiment terminée et je me souviens avoir demandé à Tetta et Shūji de m'accompagner à la plage. Cette sortie, avait pour but, d'enrichir mes relations de façon positive et durable avec ces deux garçons. Si j'avais su la tournure de notre relation avec le binoclard, jamais je ne lui aurai proposé ça. Moi-même, j'en suis certaine, si un jour Tetta, décide de me railler de la liste, Shūji le suivra sans hésitation. Je me sens de plus en plus mal à l'aise avec lui. Pourquoi son comportement est aussi imprévisible ? Il se défile de tout, on dirait un serpent.
Normalement Tetta, m'aurait conduit jusqu'à la plage avec sa moto, mais je ne suis plus sur de rien, ses intentions envers moi deviennent floues. Malgré tout ça, je suis devant le portail depuis une trentaine de minutes, dans le meilleur des cas, si il ne vient pas j'aurai une excuse pour le rayer de mon existence, faut-il encore arriver à supprimer Kisaki de sa vie...La jupe de mon uniforme se mouvant doucement au gré du vent, la chair de poule sur mes jambes s'accentuent lorsqu'il arrive dans mon champ de vision, maladroitement je cache mes ecchymoses, mise à nu par ce foutu vent.
Il replace sévèrement ses lunettes sur son nez et sa bécane l'accompagne dans sa démarche. Il arrive à ma hauteur et un profond silence s'installe, nous nous regardons dans le blanc des yeux et je ressens soudainement la différence de prestance entre lui et moi. Il m'intimide plus que je ne veux l'avouer et d'un côté ça m'effraie.
— Tu as une idée de comment on va faire payer nos glaces à Shūji ? Lui demandais-je dans une voix étranglée.
Ses lèvres forment un simulacre de sourire et il monte sur son engin. Il a du comprendre que j'esquive sans aucune discrétion notre problème, et cette déduction me hérisse le poil.
— Tu as oublié que je ne mange jamais de glace. Débrouille toi. Expose t'il calmement.
Sa voix est différente, j'ai l'impression que quelque chose a changé...
Par habitude je place mes mains autour de son abdomen, cependant je remarque la vitesse avec laquelle son corps se tend à cause de cette action. Mes yeux commencent à s'humidifier et je commence à baigner dans un océan de tristesse, une boule dans ma gorge se forge et ma vision se trouble peu à peu. Je n'ai jamais autant chéri une relation que celle que j'entretiens avec Tetta.Je n'ai jamais autant donné de ma personne à quelqu'un. J'ai même ABANDONNÉ MA RELATION AVEC LES HAITANI. Je suis prête à tout pour lui, à tout. Alors il n'a pas le droit de me repousser de la sorte. De me traiter comme une énigme ou un vulgaire pion.
Je retire brutalement mes mains et les posent à l'arrière de la bécane. Je me souviendrai de ce moment d'humiliation totale toute ma vie, moi qui était si heureuse de me considérer comme enfin spéciale à l'égard de quelqu'un...Quelle idiote.
— Tu as raison, j'ai tendance à oublier mes priorités en ce moment. Haranguais-je tranchante.Il ne répondit rien. Rien. Rien !
Et son silence est la pire des tortures, moi qui avait prévu cette sortie pour nous rapprocher pas seulement lui et moi, mais aussi Shūji, je ne fais que remettre en questions mes décisions prises et je sens un lourd poids de regrets remonter comme une épine dans ma trachée.
Je pousse un soupir moqueur, visant à masquer ma peine, profitant plutôt du défilement de la vue majestueuse du feuillage des arbres qui exhibent des couleurs de feu. L'ondoiement que le déchaînement de l'air exerce sur la couverture automnale des colosses donne une impression que des flammes font rage au-dessus des allées. C'est splendide.
Je poursuis mon examen visuelle, captivée par ce spectacle.
Si concentrée que lorsque Tetta tourne à gauche dans un virage serré, je manque de tomber. Puis-je vous rappeler que j'ai préféré mettre ma sécurité, donc ma vie largement après ma fierté et mon orgueil?
Je m'exclame, mais pourtant je ne me raccroche pas pour autant à l'homme qui conduit. Et je sais pertinemment que cela l'énerve. Il aime savoir que les autres dépendent de lui, je pense qu'il apprécie ce fait chez moi.
— « Qu'est-ce que tu es entrain de me faire là, Éden ? Accroche toi. » s'agace t'il.
Je reste ferme dans mes convictions.
— « Ça te déplaît que je te touche. J'évite de paraître irrespectueuse.
Puisque tu me places au même titre que les autres je ne vais pas me gêner pour faire de même, je ne suis tactile qu'avec une poignée d'élu, tu m'en excusera. »
Morigénais-je, d'une faible voix.Il lâche un grognement de frustration, une œillade mauvaise et démarre à une vitesse déstabilisante, la bécane puis il tonne un « sale gamine ». Une nouvelle fois, je mets ma vie en danger pour lui prouver que je suis plus forte que ça, que lui. Ou alors je suis simplement stupide.
Mais personne ne gagne jamais contre Tetta, soi vous perdez ensemble soi il gagnera tout seul.
Il tourne une énième fois à droite et cette fois-ci, j'ai préféré sentir mon corps penché violemment près du sol que de me rattraper à lui,pas de chance pour moi.
Lorsque je pensais que les dés étaient jetés, une main fit barrière et m'attrape fermement.
Comme instinctivement, j'attrape cette main et lis mes doigts aux siens.
Kisaki reconduit ma main autour de son abdomen et j'y accroche sa jumelle.
Je me blottis littéralement contre lui, et j'ai encore perdu. Ou alors puisqu'il m'a aidé, nous avons perdu ensemble. Il soupire las.— Tu aurais choisi de finir à l'hospice plutôt que de te tenir à moi ? »
Claque t'il, furieux.
Soudainement sa phrase fit ressortir de la honte en moi.
— J'ai l'impression que tu me délaisse en ce moment. Je l'ai pris personnellement alors oui. Le sol avait l'air agréable. »
Bégaie-je maladroitement.Il ricane et laisse mes doutes en suspens.
— Si tu as l'impression que je m'éloigne de toi Éden, c'est que je n'ai jamais été aussi proche. Si tu as l'impression que tu quittes mes pensées, c'est que tu n'y a jamais été aussi présente.
Lorsqu'il dit ça, mon cœur loupe un battement et une frénésie s'empare de moi, je pose ma tête sur son dos et resserre mes jambes sur les siennes, je sens son corps se détendre et ses lèvres s'incurvent inconsciemment.
Encore une fois, je ne sais pas ce qui se trame dans la tête de notre petit génie. Il est sérieux dans ce qu'il dit. Devrais-je prendre ses mots comme une promesse ? Ou comme une menace ?
Mais je sais qu'il ne traite pas tout le monde comme ça, à ses yeux je suis quelqu'un de spécial et d'important...C'est suffisant, pour l'instant.Mais alors pourquoi, quand il regarde la route avec ce regard là, j'ai ce sentiment qui me donne envie de fuir ?
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The Soapwort.
FanfictionObsession, tel est le mot qui caractérisait leur relation. Personne ne savait ce qu'il avait dans la tête. Mais ce qui était sûr, c'est que Kisaki Tetta avait un plan pour chacun de nous. Et que certains d'entre eux, étaient plus que macabres. Quel...