The Soapwort.

13.

Après l'appel soudain et plutôt contraignant, de Shūji, Tetta est parti encore plus brutalement qu'à son arrivé.
En claquant la porte sans même un regard pour moi, j'ai eu comme une place vide et meurtrie dans mon cœur.
Un manque horrible.
C'est l'effet Kisaki.
Quand nous étions plus jeunes, il provoquait ça chez moi. Un sentiment de peine immense et le besoin d'être aimée par dessus tout. J'étais tellement éprise de lui, j'étais capable de tout pour ses beaux yeux.
Il pouvait me dire les pires horreurs du monde. Je le pardonnais, rien qu'avec son sourire.
En y repensant, j'ai commencé à me rebeller seulement quand les frères Haitani et moi, nous sommes rapprochés.
Cette élucubration, me semble étrange. Est-ce que ce serait réellement grâce à eux que j'ai réussi à mettre des barrières entre Tetta et moi ? Cependant ça ne peut être que ça. Aujourd'hui, je n'ai plus aucun contact avec les Haitani et je n'ai plus aucunes barrières avec Kisaki aussi...
Si le manque de Kisaki me laisse un goût amère dans la bouche. Le désespoir de revoir Ran et Rindo me pèse lourdement sur le cœur...
Depuis que je suis dans le repère de Tetta, je n'ai pas eu une seule pensée pour eux.
Vont-ils bien ? J'aimerais les revoir. Les prendre dans mes bras. Leur dire à quel point, je suis désolée.
Mais après quoi ?

Avec Kisaki, Hanma et Sanzu à mes trousses, qu'est-ce que je pourrais faire ? Je me sens démotivée. Et épuisée. Je voudrais demander à Kisaki de les revoir. Mais je sais comment il était à l'époque. Rien ne changera aujourd'hui, c'est évident. Surtout que je remarque qu'il est encore plus possessif qu'au collège.

Peut-être qu'avec un stratagème méthodique, j'arriverai à gagner sa confiance, je pourrais revoir les Haitani et leur offrir une meilleure existence que celle du crime !

Je leur dois bien ça, et honnêtement leur bonheur a été gâché au moment où ils ont décidé de me protéger, qu'ai-je fais pour les remercier ? Rien, je n'ai fais que les blâmer de m'avoir mise de côté !
Mais je ne dois pas me rendre coupable, le vrai problème ici, est Tetta.
Plus je reste avec lui, et plus mon esprit critique rétrécie, hors de question que je devienne une malheureuse poupée de chiffon qui obéirait à ses ordres.

Cependant, je n'ai aucune piste, par où commencer ? A qui demander ? J'en ai aucune idée.
Pour l'instant je dois me contenter d'observer et de trouver des pistes.
Je dois me concentrer sur les failles émotionnelles de Kisaki, et surtout éviter de finir comme Tachibana.
Il me semble qu'elle avait un frère d'ailleurs.
Je pourrais essayer de le retrouver, il pourra peut-être m'aider ! Mais pour ça je dois être en capacité de sortir d'ici. Et c'est pas gagner. Donc mon premier objectif est de gagner la confiance de Kisaki, sans oublier les priorités... je déteste la façon dont il arrive à détruire chaque pensée qui m'éloignerait de lui...
Lorsque je sors de mes pensées, j'aperçois Shūji m'observant dans le coin de la porte.

Mes yeux s'agrandissent.

— Mais qu'est-ce que tu fous ? Tu m'espionne ? Paniquais-je, à la vue de son sourire espiègle.
Il s'avance, pris sur le fait.
— T'es yeux étaient vitreux, tu es du genre pensive...il lèche furtivement ses lèvres de manière à les hydrater.
— Tu fais quoi ici ? Répondais-je froidement.
Il lève un de ses sourcils, dans d'autres circonstances j'aurai ris. Mais je trouve ça suspect, Kisaki est partie justement à cause de son appel. Alors que fait t'il ici !
Il ne répond pas et se dirige vers le frigo pour sortir une bouteille d'eau fraîche dont il ne fait qu'une traite.
C'est alors que mon ventre gargouille, le bruit s'étendait dans toute la pièce.
— Je suis pas doué en cuisine, il sort une compote, je pense pas que tu es besoin d'un régime mais pour l'instant va falloir te contenter de ça.
Il me lance l'aliment.
— Tu vas me dire ce que tu fais ici ?!
Je ne pris même pas la compote la laissant tomber à mes pieds. Je me rapproche de lui pour qu'il ne puisse pas fuir cette fois.
Il enlève ses lunettes et se décoiffe légèrement. Il me fixe droit dans les yeux et je commence doucement à perdre l'assurance que j'avais construite.
Il se mort la lèvre et je remarque qu'il parait contrarié.
Shūji agit de manière étrange.

— Alors ma grande, si tu as le choix entre obéir et désobéir, tu choisis quoi ?
Il reprend contenance et affiche une expression audacieuse.
Je souris inconsciemment.
— Je désobéis.
Répondais-je.
— Même si les conséquences peuvent être terrible ?
Je marque une pause.
Je ne comprends pas où nous mène cette conversation.
— Je ne sais pas, si les conséquences ne me concernent que moi, alors oui. Cependant si mes proches les subissent, j'y réfléchirais.

Une étincelle explose dans ses yeux.
— Je vois, c'est exactement ce que j'imaginais de toi.
Son sourire s'élargit et je remarque de la folie dans ses yeux.
Il se rapproche et me coince contre le dos du frigo.
Je manque de crier lorsqu'il se met à m'humer le cou.

— Mais putain dégage !
J'essaye de le repousser et mon cœur s'alourdit de peur quand je remarque que le rapport de force est déséquilibré, il me domine.
Il prend ma main et entrelace nos doigts.
— J'aime ta présence.
— PAS MOI, DÉGAGE !
Je le pousse une nouvelle fois. Il ricane face à mes tentatives.
Sa tête reste couché dans le creux de mon cou et je sens sa respiration devenir régulière.
— J'aime l'effet que tu as sur moi. Il marque une pause. D'habitude je me serais contenter de te baiser et de passer à autre chose. Mais je sais pas, depuis qu'on est gamins, j'aime la réaction de Kisaki quand il voit que je te parle, j'aime savoir que tu es convoité par les Haitani et j'adorais que tu te donnes corps et âmes a moi, et uniquement rien qu'à moi.
Sa voix éclate en un rire sinistre.
Je jubile rien qu'à voir leur tête si tu étais mienne !

— T'es complètement cinglé ?
— Je pourrais te laisser t'enfuir, dit-il. Je pourrais même te laisser voir les Haitani. Et je te protègerai de Kisaki.
Mon cœur loupe un battement. Il pourrait m'aider ? Ensuite je m'enfuirai avec les Haitani, on quitterait le pays !
Les yeux de Hanma cherche à croiser les miens.
Je me glace sur place lorsque je vois dans ses yeux que ce n'est pas honnête.
Il ne m'aime pas, et il est encore moins obsédé par moi. Il me le fais comprendre.
Il mime avec sa bouche : JE-MENS.
Et j'ai du mal à comprendre.
Est-ce une mascarade, nous sommes peut-être observé?

— J-je ne veux pas..
Sur le moment je ne savais pas quoi dire. Si nous étions observé je devais agir vite.
— Tu refuserais de voir ta précieuse petite famille ? Si tu le désir je te laisserai même tranquille, tant que je peux voir le visage de Kisaki de décomposer de rage!

J'ai presque envie de rire tellement sa comédie est exagérée.

— Laisse moi Hanma, je ne veux pas.
— Pourquoi ça ? Ne me dis pas que tu en pince pour le Boss quand même ?
Sa voix se refroidit et je vois du danger dans son regard.
Je dois jouer la comédie. Et je dois bien la jouer.
Pour pouvoir être une bonne actrice il faut se reconnaître dans le personnage.
— Mes sentiments ne te concernent pas ! Laisse moi partir, putain !
Je me débats comme une folle mais il me retient aisément.
C'est alors qu'il sourit, puis il éclate de rire.
— Je trouve ça vraiment amusant!
Il plaque ses lèvres humides sur les miennes.
Je ne sais pas ce qu'il fait et j'ai la vague impression qu'il se fout de moi.
Il ne sait pas qui il a en face de lui ou quoi?
Je répond sauvagement au baiser. Je sens son sourire s'élargir, il commence à y mettre la langue, et brutalement je lui mord celle-ci avant de reprendre mes esprits totalement.

Je profite de son moment de douleur, pour le pousser violemment et courir en direction de la sortie.
Mais ce n'est que lorsque j'arrive au niveau de la porte que je remarque que Tetta est là et depuis un moment déjà, j'espère qu'il ne croit pas que j'ai une relation avec Shūji ! Attend c'était lui qui nous observait ?

Je cherche à établir un lien visuel avec lui, lorsque je l'obtient je ne vois aucune colère, du moins dirigée contre moi.
Je me blottis dans ses bras, préférant pour l'instant rester dans mon rôle.
Il assure fermement ses bras sur mon corps et je fais semblant de me sentir en sécurité,

— Ah, vous êtes là Boss ? J'ai bien joué mon rôle hein ? Elle a rien lâché, par contre. C'est décevant...
Déclare Shūji en nettoyant le filet de sang qui descend de sa bouche.

Il parle a Tetta et pourtant il ne me lâche pas des yeux. Et je comprends vite ce qu'il veut dire.

Il me fait comprendre que je lui en doit une. Car si il l'avait vraiment voulu, si il ne m'avait pas prévenu, j'aurai accepter sa proposition de m'enfuir avec lui pour revoir les Haitani. Il sait que ma naïveté m'aurait rendu coupable.

Aujourd'hui il vient de me sauver la vie.
Il vient de me faire réussir le test que Kisaki avait prévu.
Ça veut dire que j'ai gagné sa confiance.
Ou du moins un peu de celle-ci.