Partie 5 - La crise.

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Une semaine plus tard.

« Arrêtez !! Arrêtez !! Ne me faites pas sortir !! Lâchez-moi !! »

Il déboula dans la salle commune en entendant des cris et il s'arrêta un instant en voyant que c'était en effet Aurélien qui criait ainsi comme il s'en était douté, avant de s'élancer vers lui, voyant qu'il tentait de se débattre avec deux infirmiers.

« Eh !! Aurél... Aurél, calme-toi !! Ils vont rien te faire, arrête de paniquer, tenta-t-il de le calmer en posant ses mains sur ses épaules avant de se tourner vers les deux infirmiers qui semblaient complètement abasourdis. Lâchez-le, vous voyez pas qu'il a peur ?

— On voulait juste qu'il prenne l'air... Vu qu'il fait beau... balbutia un des infirmiers et il hocha la tête.

— Je sais. Je m'en occupe, ok ? Je crois... qu'il m'écoutera plus. »

Les infirmiers hochèrent la tête avant de lâcher le plus jeune et dès qu'il le lâchèrent, il prit ce dernier dans ses bras.

« Shh... Tout va bien, Aurél... Calme-toi, va... »

Ce dernier se mit à sangloter dans ses bras et il ferma les yeux, avant de déposer un baiser sur son cuir chevelu. Aurélien... il ne savait pas pourquoi, mais celui-ci appréciait son contact. Il avait remarqué ça ces derniers jours. Le plus jeune avait toujours l'air terrifié des autres infirmiers, des autres patients, des visiteurs, mais lui... lui, ça allait. Et il savait que c'était parce qu'il était ami avec Claude et Matthieu et Ablaye, ces derniers lui ayant dit qu'ils étaient à peu près les seuls à qui le plus jeune acceptait de se confier ici. Se confier mais aussi les seuls dont il ne semblait pas avoir peur. Il se demandait pourquoi. Il le savait mais ça ne l'empêchait pas d'éprouver une petite pointe d'égo en voyant qu'il arrivait à calmer le plus jeune quand les autres ne le pouvaient pas. C'était comme ça.

« Je ne veux pas sortir... Ne me fais pas sortir... sanglota alors Aurélien et il glissa sa main dans ses cheveux, pour la poser délicatement sur sa nuque.

— Je ne te forcerai à rien, Aurél. Mais ça te ferait du bien de prendre le soleil. Pourquoi tu ne veux pas ?

— Je suis... Je suis dangereux... J'ai peur... de faire quelque chose de mal si je sors dehors... Il faut que je reste enfermé.

— Eh... Qu'est-ce que tu racontes ? dit-il en forçant le plus jeune à se redresser contre lui en l'entendant dire ça et il fronça les sourcils, se demandant si ça avait un rapport avec la raison de sa présence ici.

— J'ai peur... de la pinède... dit Aurélien et il se tourna brièvement vers cette dernière pour l'observer de l'autre côté du jardin.

— Pourquoi ? Qu'est-ce qu'elle a la pinède ? »

Aurélien se tut à ça et il le vit secouer la tête avant de s'effondrer en sanglots de nouveau. Il passa alors un bras autour de sa taille et l'entraîna avec lui, en direction de sa chambre pour parler dans un endroit plus calme.

***

« Eh, Aurél... Pourquoi t'es aussi triste...? Avec un beau sourire comme le tien. »

Il rougit en entendant Guillaume lui dire ça près de vingt minutes plus tard dans sa chambre, ce dernier étant assis sur une chaise près de son lit. Le plus grand l'avait raccompagné jusqu'à cette dernière, sûrement pour l'éloigner des autres patients qui devaient les regarder bizarrement après sa crise de panique, et il baissa la tête. Il avait envie de le lui dire, à lui aussi. La raison pour laquelle il était interné ici. Mais est-ce qu'il ne lui ferait pas peur ? Ou est-ce qu'au contraire lui aussi, comme Matthieu, penserait qu'il n'y était pour rien ?

« Je... Je sortais avec un garçon, dit-il alors, sans même s'en rendre compte, et il écarquilla les yeux en voyant Guillaume lui jeter un regard confus.

— Quoi ?

— Ah, je... Pourquoi... Pourquoi je suis là... bredouilla-t-il, embarrassé.

— T'es là... parce que tu sortais avec un garçon ?

— N-Non... C'est pas... C'est pas ça... J'ai toujours... vécu... ici. Dans cet hôpital. Même si avant... c'était autre chose.

— Autre chose ? Comme un orphelinat, tu veux dire ? demanda Guillaume qui semblait déboussolé et il secoua la tête.

— Non, c'était... C'était bien un hôpital mais... il y avait aussi... un laboratoire. Pour faire des... expériences... Il doit toujours être là d'ailleurs... Sous... Sous l'hôpital.

— Un labo ? De quoi tu parles, Aurél ? lui demanda Guillaume, les sourcils froncés, et il secoua la tête, se disant que ça n'avait pas d'importance.

— Peu importe... J'ai vécu longtemps ici et quand on m'a autorisé à sortir... Quand je suis sorti, j'ai rencontré un garçon, raconta-t-il, le cœur battant. Arthur. On est sortis ensemble trois ans, mais un jour... alors qu'on se baladait dans la forêt, non loin de là... je l'ai perdu de vue. Je m'étais éloigné sans m'en rendre compte, ou il ne m'avait pas suivi... Je suis revenu sur mes pas et quand je l'ai retrouvé, il était mort sur le sol. Ensanglanté, égorgé. Sur le moment, j'ai même pas réagi. Je ne savais pas comment réagir. Puis je me suis mis à crier et ensuite, je ne m'en souviens pas. Je me rappelle juste de m'être réveillé ici, dans une des chambres et que mon médecin était près de moi. Celui qui m'avait suivi toute ma vie. Il m'a dit que j'étais revenu de moi-même et que j'avais du sang partout sur moi quand il m'a trouvé, que sûrement inconsciemment j'étais rentré pour ne pas faire plus de dégât...

— Attends, il t'a dit que c'était toi qui avait tué ton copain ? lui demanda Guillaume en fronçant les sourcils et quand il hocha la tête d'un air hésitant, il le vit hausser les sourcils. Mais Aurél, c'est toi qui l'a trouvé mort, comment t'aurais pu le tuer ?

— Parce que... Parce que ça m'arrive d'avoir des moments d'absence. Et qu'on venait juste de s'engueuler. C'est pour ça que j'étais parti devant mais en fait... peut-être que j'ai déconnecté juste avant de le tuer, se mit-il à paniquer, se demandant si Guillaume le croirait, lui.

— Non, non, non... Aurél, je suis sûr que c'est faux.

— Mais j'étais plein de sang quand il m'a trouvé... Quand je suis arrivé à l'hôpital. Et je sais... je sais que j'en suis capable.

— Pourquoi tu dis ça ? lui demanda Guillaume en lui lançant un regard inquiet et il écarquilla les yeux en se rendant compte de ce qu'il avait dit. Aurél...?

— N-Non... Ou-Oublie, je suis désolé...

— Eh, viens-là... lui dit doucement Guillaume qui semblait se rendre compte d'à quel point il était paniqué. Je comprends maintenant pourquoi t'as peur de la forêt... Ok ? Mais c'est pas la même. Il n'y a rien dans celle-ci et si tu veux... Je t'accompagnerai, ok ? Pour te le prouver. »

Il secoua la tête, terrifié, se demandant pourquoi Guillaume faisait comme si de rien n'était après ce qu'il venait de lui dire. Il lui avait dit qu'il avait tué son copain et encore une fois, comme Matthieu, Guillaume disait qu'il n'y était pour rien. Mais il savait lui qu'il en était capable. Il le savait.

Fiction OrelxGringe - Asile. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant