Partie 16 - Les hallucinations.

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Deux jours plus tard.

« Coucou Aurél, qu'est-ce que tu dessines comme ça ? »

Il sursauta en sentant quelqu'un poser une main sur le haut de son dos alors qu'il était en train de dessiner dans la salle commune et quand il se retourna pour voir qui c'était, il sursauta de nouveau en voyant le visage de Julien apparaître devant ses yeux. Il fit un mouvement brusque sur le côté afin de s'échapper et l'instant d'après, il sentit celui-ci le rattraper avant qu'il ne tombe de sa chaise alors que le visage de Guillaume remplaçait le sien.

« Aurél ! s'exclama ce dernier et il écarquilla les yeux de peur en se rendant compte qu'il venait d'avoir une hallucination. Est-ce que ça va ? Je t'ai fait peur ?

— N-Non... Tout va bien... J'ai juste... J'ai cru un instant... balbutia-t-il et il vit Guillaume froncer légèrement les sourcils.

— Qu'est-ce que tu as cru ?

— J'ai vu... J'ai cru que c'était Julien... balbutia-t-il, ne sachant pas comment lui expliquer ce qu'il venait de vivre. J'ai vu son... visage... un instant...

— Julien ? Non, mon chat, c'est moi. C'est Guillaume.

— Je sais... Je sais que c'est toi... Mais j'ai cru... Un instant... bégaya-t-il et soudain, il se sentit comme oppressé et les larmes lui montèrent aux yeux.

— Oh, mon chat... Viens-là, viens... On va dans ta chambre... lui dit Guillaume alors qu'il se mettait à pleurer. On va aller discuter tranquillement, tout va bien, hein... Viens, Aurél... »

Il se laissa faire quand Guillaume l'aida à se redresser et il le laissa l'entraîner avec lui jusqu'à sa chambre, le bras qu'il avait passé autour de sa taille le réconfortant. C'était Guillaume, pas Julien. Et il pouvait compter sur lui pour comprendre.

***

« C'est pas... C'est pas la première fois que ça m'arrive ces derniers jours... D'halluciner quelque chose qui n'est pas vraiment là. » balbutia-t-il près de dix minutes plus tard quand il fut allongé dans son lit.

Guillaume l'avait amené à s'allonger par-dessus ses draps en voyant qu'il ne s'arrêtait plus de pleurer et l'avait ensuite rejoint, le prenant dans ses bras. Il ne fait décidément pas ça avec tout le monde, avait-il alors pensé en se rappelant de la fois où il s'était demandé si Guillaume agissait ainsi avec tous les patients en remarquant à quel point il était gentil avec lui. C'est parce qu'il m'aime.

« Qu'est-ce que tu veux dire, Aurél ? T'as eu d'autres hallucinations ?

— Oui... Et à chaque fois... c'est quelque chose de mon passé que je vois...

— Quelles genres de choses ? Tu veux m'en parler ? lui demanda Guillaume et il hocha la tête doucement.

— L'autre fois, c'est le père de Julien que j'ai cru apercevoir au détour d'un couloir alors que je descendais manger dans la salle commune... Il était ensanglanté et... il me criait que c'était de ma faute... S'ils étaient tous morts... ses précieuses expériences. J'étais terrifié et je me suis enfui en sens inverse pour arriver en bas. Puis y'a quatre jours, j'ai vu Julien dans le jardin alors que je lisais... Il me criait de revenir et j'ai remarqué qu'il semblait avoir mal au dos. Ça m'a fait penser au jour où je me suis enfui de l'institut. Julien m'avait détaché du lit auquel j'étais attaché dans le labo pour me faire participer à une expérience et... j'avais décidé de tenter le tout pour le tout afin de m'enfuir. J'ai réussi à rassembler le peu d'énergie qu'il me restait pour cela et j'ai réussi à l'envoyer valser contre la porte du labo quand il a tenté de me brancher... et quand je l'ai vu tomber au sol dans un grognement de douleur, j'ai pris mes jambes à mon cou. J'ai couru sans jamais m'arrêter à travers les couloirs, puis dans le jardin... dans la forêt... jusqu'au grand portail en fer au bout de cette dernière qui mène à la route. J'avais réussi à m'enfuir cette fois, pas comme quand j'ai tué tous ces enfants... Le père de Julien m'avait rattrapé ce jour-là mais cette fois, Julien n'avait pas réussi. J'ai couru, couru, couru... jusqu'à ce que je n'en puisse plus et j'ai fini par m'évanouir sur le bord de la route. Le lendemain, je me suis réveillé chez lui. Arthur. C'est lui qui m'a trouvé allongé au bord de la route en rentrant chez lui, expliqua-t-il, se perdant dans ses souvenirs de l'autre garçon. Il s'est occupé de moi, m'a amené à l'hôpital faire des tests, m'a habillé, logé, nourri... Il m'a même acheté des livres scolaires pour que j'apprenne. Il n'a jamais su d'où je venais, j'ai toujours refusé de lui en parler mais... je me demande s'il n'avait pas compris au final... balbutia-t-il en se rappelant de la fois où son copain avait éteint la télévision quand des nouvelles de l'institut passaient aux infos, ce dernier venant d'accueillir de nouveaux membres. En tout cas il avait compris que je n'avais pas eu une scolarité normale et deux ans après que je sois arrivé chez lui, on a commencé à sortir ensemble. Il avait attendu que je sois majeur et on est restés trois ans ensemble. Avant cet accident... bredouilla-t-il avant de se reprendre, ne voulant pas parler d'Arthur plus longtemps. L'autre fois, quand t'es venu dans ma chambre parce que j'avais crié, c'était parce que j'avais eu une autre hallucination. Je les ai entendus me dire qu'ils venaient me chercher pour se venger. Les enfants que j'ai tués. Et aujourd'hui, quand je me suis tourné vers toi, j'ai cru voir Julien à ta place. C'est pour ça que j'ai eu autant peur de toi. Excuse-moi, Guillaume... »

Ce dernier ne répondit rien un long moment avant qu'il ne le sente déposer un baiser par-dessus son cuir chevelu et il releva la tête doucement à ça pour le regarder. Celui-ci lui sourit tristement et il le sentit poser sa main sur sa joue gauche afin de la caresser délicatement :

« Aurél, tu n'en avais pas des hallucinations avant, non ?

— Non, je ne comprends pas... J'en avais jamais faite... Des crises d'angoisse, de panique, des moments d'absence... Tout ça, ça m'est déjà arrivé mais... dit-il en fronçant les sourcils avant de penser à quelque chose. Attends. Est-ce que tu crois que ça pourrait venir du nouveau médicament ?

— Quel nouveau médicament ?

— Y'a une semaine, j'ai trouvé une boîte sur ma table de chevet avec un mot signé par Matthieu qui me disait de rajouter ce médicament à mon traitement. Je me souviens plus quand on en a parlé mais vu que je lui ai toujours demandé d'augmenter mon traitement, je me suis juste dit qu'il avait enfin accepté ma demande et j'ai décidé de ne pas lui en parler. J'avais peur d'avoir oublié une de nos conversations et que ça ne lui plaise pas... J'ai fini la boîte ce matin et je voulais aller lui en demander une nouvelle aujourd'hui mais j'ai complètement oublié...

— T'as encore la boîte ? lui demanda le plus grand et il secoua la tête.

— Non, je l'ai jetée en descendant ce matin. J'aurais pas dû ?

— Je sais pas, Aurél. Je demanderai à Matthieu quel médicament c'est qu'il t'a refilé ce soir au bar. Parce que j'ai pas l'impression que ce dernier te fasse grand bien, hein. T'as les pupilles dilatées comme si t'avais pris de la drogue et si c'est effectivement ça qui te donne ces hallucinations, vaut mieux arrêter. »

Il rougit en l'entendant dire qu'il avait les pupilles dilatées comme s'il avait pris de la drogue et hocha la tête doucement avant de baisser cette dernière.

« Est-ce que t'as besoin d'être ailleurs dans l'immédiat...? osa-t-il demander dans un murmure et il sentit Guillaume arrêter un instant ses caresses sur son visage.

— Non, du tout. Pourquoi ?

— Je suis... fatigué... Tu veux bien rester le temps que je m'endorme ?

— Bien sûr, Aurél. Aucun problème. Tu peux dormir, je veille sur toi. »

Il sourit doucement, soulagé alors qu'il avait eu peur que Guillaume lui réponde qu'il devait aller s'occuper des autres patients de la clinique. Il se blottit alors de plus belle contre lui et poussa un petit soupir de bien-être en sentant sa chaleur l'envelopper. Merci, fut le mot qui lui traversa l'esprit mais il ne fut pas tout à fait sûr de l'avoir seulement pensé ou aussi dit comme il l'avait tout d'abord intenté. Guillaume était amoureux de lui, c'était pour ça qu'il agissait ainsi avec lui. Et lui, il aimait beaucoup ça.

Fiction OrelxGringe - Asile. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant