Partie 15 - Le cauchemar.

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Une semaine plus tard.

Il s'immobilisa dans le couloir alors qu'il était en chemin pour rejoindre ses amis déjà sûrement en train de discuter dans le jardin, prêts pour partir au bar après leur journée de boulot. Est-ce que c'était... un cri ? Il pensa aussitôt à Aurélien, étant à son étage du bâtiment et se précipita vers sa chambre, se demandant ce qu'il pouvait bien se passer. Il avait amené celui-ci faire la sieste vers 18h, le plus jeune n'arrivant plus à garder les yeux ouverts plus de trois secondes, et Aurélien s'était endormi alors qu'il lui racontait un événement de son passé comme ils étaient en train de parler de celui-ci ensemble juste avant que la fatigue ne le frappe.

« Aurél ? l'appela-t-il doucement en entrant dans sa chambre et il se figea un instant, juste le temps de voir si c'était bien Aurélien qui avait besoin d'aide, avant de l'entendre sangloter. Aurél ! »

Celui-ci sursauta en l'entendant l'appeler et il le vit frissonner contre le dossier de son lit alors qu'il s'approchait de lui rapidement.

« Aurél, mon chat... Qu'est-ce qui ne va pas ?

— Ils sont là... Ils sont venus me chercher... Je les ai entendus, Guillaume... l'entendit-il bredouiller, la tête enfouie dans ses bras croisés, et il s'assit doucement sur le rebord de son lit afin de ne pas lui faire peur.

— Qui ? Qui sont là, Aurél ? lui demanda-t-il doucement et il passa une main doucement dans ses cheveux pour lui demander de relever la tête. Regarde-moi un peu, tu veux ? »

Aurélien sembla hésiter un moment avant qu'il ne le voie relever la tête et quand il put enfin croiser son regard, il fronça les sourcils. Il y avait quelque chose de changé dedans, il avait l'impression. Bien sûr, il pouvait lire de la peur dans ses prunelles sombres mais aussi... celles-ci semblaient beaucoup trop dilatées.

« Les enfants que j'ai tués... je les ai entendus me dire qu'ils allaient venir me chercher, Guillaume. Ils sont en chemin...

— Aurél, ils sont morts. C'est impossible.

— Mais je les ai entendus... pendant que je dormais... me dire qu'ils allaient se venger. Se venger de moi... Pour ce que je leur ai fait...

— Aurél, mon chat, écoute-moi, dit-il et il sourit intérieurement en s'entendant appeler Aurélien ainsi, adorant à présent ce petit surnom qu'il avait trouvé pour lui. Ils ne peuvent rien te faire, ils ne te feront plus de mal à présent. Ils sont morts. Ça devait seulement être un cauchemar.

— Mais... Ça semblait si réel... Leurs voix. Ou en tout cas... cette menace...

— Je m'en doute... Mais je te promets que rien ne t'arrivera ici. D'ailleurs... même dehors, il ne t'arrivera rien. Si un jour... tu décides de partir de cet endroit.

— Co-Comment ça ? Pourquoi je déciderais de partir ? bégaya Aurélien et il le vit lui jeter un regard confus.

— Parce que... tu n'as rien à faire là, Aurél. C'est un hôpital psychiatrique et tu n'es pas fou. Tu serais beaucoup mieux dehors, tu crois pas ?

— Mais... c'est ici que je me sens le plus en sécurité...

— Je sais, mon chat, dit-il en offrant un petit sourire au plus jeune, venant passer une main dans ses cheveux. Mais c'est pas une vie... Tu as tellement de choses à découvrir à l'extérieur encore, tu n'es pas obligé de rester enfermé toute ta vie. Tu sais, je continuerai de veiller sur toi si tu décidais de sortir. On pourrait être amis à l'extérieur, pas juste... patient et infirmier l'un pour l'autre.

— Guillaume, tu sais que je ne te considère pas seulement comme mon infirmier, rétorqua Aurélien en fronçant légèrement les sourcils. Tu es mon ami.

— Vraiment ? Ça me fait plaisir ça, Aurél... répondit-il dans un petit sourire avant de fermer les yeux, afin de trouver le courage de dire ce à quoi il pensait réellement. Mais tu sais... si tu étais dehors... on pourrait même... je sais pas... être plus ? Je pourrais te faire découvrir de nouvelles choses... on pourrait partir tous les deux en vacances... ou bien juste se balader au parc... je pourrai t'emmener au restaurant... je sais pas...

— Tu veux dire... comme si... on sortait ensemble...? Un... rendez-vous amoureux ? lui demanda le plus jeune et il rouvrit les yeux à ça, tombant sur son petit air embarrassé.

— Je sais pas... Oui, peut-être... Est-ce que c'est quelque chose qui te plairait ça, Aurél ? »

Il vit le plus jeune se plonger dans ses pensées et quand il vit une lueur de tristesse passer dans ses prunelles sombres, il sut aussitôt ce qu'il allait répondre.

« Oui... Je crois... Est-ce que... Est-ce que tu es amoureux de moi, Guillaume ? Vraiment ? lui demanda Aurélien d'un air un peu hésitant et il sourit tendrement à cette question.

— Oui, je le suis. Vraiment. Mais je ne veux te forcer à rien. Je veux ce que toi tu veux, rien d'autre. Et je pense juste... que tu serais mieux à l'extérieur. Loin de cet endroit. Tu mérites mieux, mon chat. Tu mérites de vivre.

— Je pense... Je pense que ça me plairait, oui, mais... J'ai encore du mal... À m'imaginer avec quelqu'un d'autre... Je sais que ça fait trois ans déjà mais... J'ai encore l'impression que mon cœur... ne s'est pas relancé depuis... depuis qu'il est mort... Je suis désolé...

— Eh, Aurél... Y a pas besoin que tu te forces ou quoi, hein... Jamais de la vie, lui dit-il en venant caresser sa joue avec délicatesse. On est amis avant tout. Et si un jour tu veux plus... sache juste que c'est possible, ok ? »

Aurélien hocha la tête doucement, puis il le sentit se blottir dans ses bras. Il referma alors ces derniers doucement autour de sa taille et déposa un petit baiser sur ses cheveux, poussant un petit soupir de bien-être. Qu'est-ce qu'il aimait l'avoir ainsi contre lui.

« Je suis désolé pour tout à l'heure... de m'être endormi.

— Pourquoi tu t'excuses de ça, Aurél ? lui demanda-t-il doucement en passant une main sur son dos, entre ses omoplates. C'est normal, tu étais fatigué.

— Oui mais c'est malpoli... de s'endormir pendant que quelqu'un nous parle... Ça ne m'ennuie pas nos conversations, Guillaume, je te promets. Au contraire, même. C'était juste... plus fort que moi...

— Je sais, Aurél, rit-il doucement, fortement attendri. Et puis tu sais, si ça peut te rassurer, c'était toi qui parlait mon chat, pas moi.

— Oh... D'accord... »

Il sourit en entendant Aurélien répondre ça d'une petite voix dans son cou et le serra de plus belle contre lui. Qu'est-ce qu'il l'aimait, bordel. Et il n'était pas pressé. Il saurait attendre. Toute sa vie même s'il le fallait.

Fiction OrelxGringe - Asile. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant