Étrangement, cette nuit, j'ai bien dormi. C'est rare.
Peut-être parce que, pour une fois, je n'ai pas eu à subir les disputes incessantes de ma mère .Je m'étire longuement avant de me lever et de filer à la salle de bain. Un rapide coup d'eau fraîche sur le visage, et je me dirige vers la cuisine.
Diego est déjà là, assis à la table, une tasse de café entre les mains. Mais chose inhabituelle : il n'a pas son téléphone.
Je l'observe un instant, intriguée. Il fixe le vide. Quelque chose ne va pas.
— Hé, Diego, ça va ? demandé-je, inquiète.
— Ouais, pourquoi ? répond-il sans même lever les yeux vers moi.
Je fronce les sourcils.
— J'sais pas... J'ai juste l'impression que quelque chose te tracasse. Si tu veux en parler, je suis là.
Je lui adresse un sourire, espérant le rassurer.
Diego se lève brusquement, contourne la table et me serre dans ses bras. Son étreinte est forte. Presque... coupable.
— Diego, dis-moi la vérité ! lâché-je, haussant légèrement le ton.
Il recule lentement, plante son regard dans le mien et finit par lâcher, la mâchoire serrée :
— Je veux pas te voir traîner avec ce Carl. Évite tout contact avec lui, il est capable de tout.
Sa voix est dure, son regard sombre.
Je laisse échapper un petit rire nerveux.
— Carl ? Sérieusement ? C'est un bouffon. Pourquoi j'irais lui parler ?
— Oublie ça, marmonne-t-il, visiblement nerveux.
Je le fixe un instant, cherchant à comprendre ce qu'il me cache, mais il évite mon regard.
*
Je mangerai mon petit-déjeuner tranquille. Mais une chose est sûre : après les cours, je vais devoir creuser cette histoire.
Après avoir terminé mon repas, je pars me préparer. Sac sur l'épaule, je sors de chez moi et vais sonner chez Mira, comme d'habitude.
Elle met un peu de temps avant d'ouvrir, mais dès que nos regards se croisent, elle me sourit.
On prend la route ensemble jusqu'à l'arrêt de bus.
Mais une sensation désagréable me traverse l'échine.
Comme si on nous observait.
Je balaie les alentours du regard et tombe sur trois hommes assis à l'arrêt de bus d'en face.
Leurs yeux sont rivés sur moi.
Je détourne aussitôt le regard, mal à l'aise.
Heureusement, le bus arrive à ce moment-là. Je ne réfléchis pas une seconde et grimpe dedans avec Mira.
On trouve une place à quatre, et on s'assoit sur deux des sièges, laissant les deux autres vides.
Mais à peine installées, deux hommes viennent prendre place juste en face de nous.
Les mêmes types que tout à l'heure.
Comment ont-ils pu arriver aussi vite ?Mon cœur s'accélère.
Pour éviter tout contact visuel, je sors mon téléphone et fais semblant d'être absorbée par l'écran.
L'un d'eux brise le silence.
— Dites... Vous êtes bien Tania Vasquez?
Mon sang se glace.
On m'a toujours appris à ne pas parler aux inconnus.
Alors je ne réponds pas.Je me contente d'un simple hochement de tête.L'homme me tend alors une enveloppe.
— Tenez. Lisez-la quand vous serez seule.
Sa voix est sèche, autoritaire.
Je prends l'enveloppe sans un mot, sans même lever les yeux.
L'arrêt de bus arrive enfin.
Je me lève précipitamment, mais au moment où je m'apprête à descendre, une main agrippe mon bras.
Un souffle chaud effleure mon oreille.
— Tu viendras, pas vrai ?
Mon corps entier se fige.
Sans réfléchir, je lui écrase violemment le pied avant de m'arracher à son emprise et de sauter hors du bus.
Quelques heures plus tôt...
*
Carl
Dans la pièce sombre, une dizaine d'hommes sont assis autour de la grande table.
Le silence est pesant.
Je prends la parole d'une voix ferme :
— Messieurs, vous savez pourquoi vous êtes ici. Notre cible est une jeune fille de dix-huit ans. Tania Mejo. Fille de Daniel Mejo, un ancien membre du cartel portugais que nous avons abattu.
Je fais glisser un dossier sur la table.
— Votre mission est simple : trouvez-moi tout ce qu'il y a à savoir sur elle. Son passé, sa vie actuelle, ses fréquentations. Je veux des informations dès maintenant.
L'équipe se met immédiatement au travail, mais moi, je suis ailleurs.J'ai besoin de la voir.
J'attrape mon téléphone et lance un traçage de son emplacement.
Elle n'est pas loin. C'est le moment.
— Arturo. Pablo. Venez avec moi.
Les deux hommes se lèvent instantanément.
Je vérifie à nouveau la position de Tania sur l'écran. Elle est à un arrêt de bus proche d'ici.
Parfait.
Je prends le volant et fonce à toute vitesse.
Mais sur la route, les mots de Diego résonnent dans ma tête.
« T'as tout de même intérêt à pas l'approcher, sinon je couperai tout lien entre nous. »
Un frisson me traverse.
Pourquoi ?
Pourquoi ces mots me hantent-ils ?
Pourquoi aurais-je peur de lui ?
C'est moi qui fixe les règles.Pas lui.
Quelques minutes plus tard, nous arrivons enfin à destination.
Je tends à Arturo et Pablo des lunettes de soleil teintées de noir.
— On s'assoit en face. Ne faites rien d'imprévisible.
On prend place sur le banc, face à l'arrêt de bus où se trouve Tania.
— C'est elle, Chef ? demande Pablo en fixant droit devant lui.
Je souris.
— Oui. C'est bien ma chère Tania.
Je l'observe attentivement.
Elle est magnifique.
Nos regards se croisent un instant, mais elle détourne vite les yeux.
Un sourire en coin étire mes lèvres.
Son bus arrive. On y monte discrètement, juste avant qu'il ne reparte.
Elle est assise aux côtés d'une autre fille.
Je fais signe à Arturo et Pablo de prendre place en face d'elles.
— Remettez-lui l'invitation.
Le jeu peut enfin commencer...

VOUS LISEZ
Tout pour l'argent
RomanceTania, une jeune fille née dans l'un des quartiers les plus réputés d'Espagne, ne vit que pour l'argent. Son avenir ? Elle s'en moque, tant que sa vie est rythmée par le luxe et l'excitation. Mais pour obtenir la richesse dont elle rêve, un prix doi...