03 | Le poids de la différence

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— KIREI —




À travers ma vitre, le paysage défile d'une manière fulgurante.

Tantôt, Il passe de champs pas plus gros qu'un terrain de baseball, aux rares forêts denses encore existantes dans le pays et enfin, parmi les villes et les bloc de bétons parfois gris, parfois profanés de graffiti (très souvent nettoyés a peine deux jours plus tard).

Sans succès, j'essaie de suivre ce défilement d'images incessant, avant de reposer ma tête lourde contre la fenêtre.

Le seul point fixe qui apparaît devant moi, c'est mon reflet, créé par la lumière du métro et du Soleil. Un pâle reflet qui me fixe de ses iris d'un bleu trop clair pour ne pas être dérangeant. J'en détourne rapidement le regard. Je ne le supporte plus depuis longtemps. Ma main enfouie dans l'une des poches de mon pull à capuche tâte un objet aux coins pointus. J'identifie aussitôt le cube de la psy.

Pour être honnête, je ne sais même pas pourquoi elle me l'a laissé. Elle m'a dit que c'était pour le résoudre, mais je n'aurais jamais l'occasion de le lui rendre.

Aussitôt, je repense à ses paroles, aux paroles de Shinaki-san. « Ne t'avises pas de revenir ici ». Mes poings se serrent et mes ongles, pourtant courts, s'enfoncent dans ma peau. Pourtant, il ne mérite pas ma colère.

« Tout le monde finit par nous abandonner ».

Ma salive tourne au gout amer et mes dents se serrent, à m'en faire mal.

Je sors le cube, histoire de penser à autre chose. Il faut bien commencer quelque part, si je veux le résoudre. Je l'examine. Il n'a aucune logique dans ce mélange de couleur. Sur toutes les faces, c'est le bordel. Il faut dire que je ne l'avais tourné que pour tourner, oublier la chiantise de l'entretien et faire passer ma mauvaise humeur.

Je tente de faire une première face: la jaune. Je tourne les côtés, tente de ramener les carrés sur la face voulue. Ce n'est pas facile, mais après 10 minutes d'essais erreurs, je réussi à la compléter. Sauf qu'en voulant m'attaquer à la deuxième face, je me rends compte vite de la médiocrité de ma technique. Chaque mouvement effectué dans le but de compléter la deuxième face défait l'autre déjà complète. C'est impossible de ne pas y toucher. Si bien qu'après un autre quinze minutes à essayer, j'abandonne. J'ouvre mon sac et le jette à l'intérieur, enragée.

En remontant mes yeux vers les autres place du train, mon regard tombe sur celui d'un garçon. Il ne doit pas avoir plus de cinq ans. Ses cheveux noirs de jais lui retombent sur le crâne dans une coupe au bol bien coupée. Ses yeux ( tout aussi noirs) me fixent de haut en bas, puis de bas en haut.

Dépourvu de gêne, il ouvre la bouche.

— T'es malade? 

Je me fige. Mes yeux s'agrandissent.


— reviens ici, le cadavre!


— Voyons, Tanuko, on ne dérange pas les inconnus avec des questions indiscrètes! Lui sermonne la mère de ce Tanuko qui m'adresse un sourire aimable, Excusez-nous.

Je louche un instant sur son sourire et j'étire à mon tour mes lèvres dans une grimace que je devine hideuse et gênée.

Je n'ai pas l'habitude de sourire, comme je n'ai jamais entendu mon rire.

La mère et l'enfant se détournent enfin de ma personne. Je relache mon souffle.

« T'es malade? »

Je remonte l'une de mes mains et l'examine. Mes veines apparaissent clairement à travers ma fine couche de peau. Il est vrai qu'elle est pâle. Non pas comme un blanc nacré ou je ne sais quoi. Elle est Trop pâle. Comme un mort, comme un corps à la morgue, comme un cadavre.

𝐀̀ 𝐌𝐨𝐢𝐭𝐢𝐞́ 𝐏𝐨𝐮𝐫𝐫𝐢𝐞 | Aizawa x Oc/MHA |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant