Chapitre 23

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Lucia



     Nikolaï était devenu distant, je ne connaissais pas la raison de son éloignement, mais cela me faisait me sentir gênée et à la fois coupable. Est-ce que j'avais fait quelque chose de mauvais ? Avais-je dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? Nous étions actuellement assis dans la salle d'attente du commissariat en attendant d'être reçus. Je jetai un coup d'œil à Nikolaï, cependant son regard était fixé sur le mur en face de lui, les muscles de la mâchoire contractés. J'ouvris la bouche pour dire quelque chose cependant, un policier apparut en nous appelant. Nikolaï se leva précipitamment et s'avança vers le policier sans m'attendre.
On nous expliqua comment cela allait se dérouler et ce que nous devrions faire avant de nous placer dans une salle complètement isolée. 

Une heure et demie plus tard, nous sortions enfin du commissariat. J'avais refusé de porter plainte contre Ava, car je n'en voyais pas l'utilité, je pensais seulement qu'elle avait besoin d'une aide médicale. Cependant, Nikolaï n'avait pas hésité à porter plainte.
     Dans la voiture, il n'y avait aucun son, Nikolaï était concentré sur la route et je n'osais pas lui adresser la parole. Il n'avait prononcé aucun mot à mon égard, et ce, depuis que nous avions quitté la maison.
— Je peux te poser une question ?
Aucune réponse. Ni même un son.
— Nikolaï ?
     Un grognement que je prie comme un Ok.
— Je peux savoir ce qu'il se passe ? Ton comportement a changé en un rien de temps.
— Il n'y a absolument rien.
— Il y a forcément quelque chose qui te tracasse.
— Il n'y a rien.
— Très bien, déclarai-je en me renfrognant sur moi-même.
     J'espérais qu'il se confie à moi, qu'il me parle de ce qui le mettait dans cet état, cependant, il semblait que nous n'étions pas sur le même pied.

Lorsque nous arrivions à la maison, je partais m'enfermer directement dans la chambre dans le but d'éviter de me sentir inutile et bête. S'il ne voulait pas me parler, je ne pouvais pas le forcer, il était assez grand pour savoir ce qu'il souhaitait ou non. Je me repassais la seule conversation qu'on avait eue dans la tête en espérant trouver ce qui l'avait mis dans cet état. J'avais forcément fait quelque chose de mauvais. Je tournais dans mon lit, marchais dans la chambre en essayant de comprendre ce que j'avais fait. 

— Je n'aurais jamais cru qu'une personne puisse autant me détester pour absolument aucune raison.
— Je ne veux pas que les paroles d'Ava t'impactent, elles ne doivent avoir aucun effet sur toi. Elle ne sait pas ce qu'elle dit, elle est rongée par la jalousie.
— Elle n'a aucune raison d'être jalouse ! Notre mariage est purement arrangé ! Il n'y a rien entre nous et il n'y aura jamais rien entre nous ! Après ces six mois, chacun reprendra sa vie de son côté, je ne vois pas ce qu'il y a de si envieux. Être marié à un homme que tu n'aimes pas et que tu n'as même pas choisi ce n'est pas une vie.
— Ne l'écoute pas, prépare-toi, nous devons aller au commissariat pour témoigner.

"— Elle n'a aucune raison d'être jalouse ! Notre mariage est purement arrangé ! Il n'y a rien entre nous et il n'y aura jamais rien entre nous ! Après ces six mois, chacun reprendra sa vie de son côté, je ne vois pas ce qu'il y a de si envieux. Être marié à un homme que tu n'aimes pas et que tu n'as même pas choisi ce n'est pas une vie. "
     Mes mots tournaient en boucle dans ma tête. Tout s'éclairait, s'il m'avait dit ça, j'aurais réagi de la même manière. Je ne comprenais pas comment j'avais pu dire quelque chose d'aussi horrible alors que nous venions de nous entendre pour recommencer sur une nouvelle base. Je ne pensais aucune de ses paroles, au contraire, la chose que je souhaitais le plus, c'est que cette amitié naissante entre nous évolue autrement. J'entendis du bruit au salon, ce qui m'indiquait qu'il n'était pas sorti et que je pouvais toujours réparer ma bêtise.
— Nikolaï ?
Je me dirigeais vers le salon et constatais que les dégâts qu'Ava avait causés avaient complètement disparu. Une odeur m'attira vers la cuisine, je m'approchais tout doucement de celle-ci et l'aperçu en train de sortir quelque chose du four.
— Nikolaï ?
— Je peux t'aider ?
— On peut parler.
— Je ne sais pas de quoi tu veux parler Lucia, déclara-t-il froidement.
— De ce qu'il s'est passé avec Ava, enfin plutôt de ce que j'ai dit.
— Et qu'est-ce que tu as dit ?
     Il ne m'avait toujours pas regardé, il faisait mine d'être concentré sur le repas qu'il est en train de préparer.
— Tu le sais très bien. Je m'excuse, ce n'est absolument pas ce que je devais dire et je ne pense en aucun cas. C'est moi qui ai insisté pour que nous repartions sur une nouvelle base pour construire une belle amitié alors je ne vois pas pourquoi je me suis permise de dire tout cela. Je sais comment tu te sens et j'en suis désolé d'être la cause. Je m'assurerais de ne plus jamais refaire cette gaffe et de mesurer mes mots avant de parler.
— Wouah !
     Je ne savais pas si je devais prendre cette réaction en bien ou en mal. Je le questionnais du regard en attendant une réponse formelle.
— Excuse acceptée ?
— Je ne sais pas, ai-je le droit à un temps de réflexion pour décider si mon cœur n'est pas totalement brisé, ironisa-t-il.
— Oh ! J'ai brisé ton petit cœur ? Je pensais qu'il était fait de glace, répliquai-je sur le même ton et un rire s'échappa de ses lèvres. Alors je suis pardonnée ?
— À ton avis ?
— Oui ?
— Tu veux manger ?
— Je meurs de faim, quel est le menu ?
— Un gratin de pommes terre et poulet.
— Rien de spécial, grinchais-je.
     Il remplit deux plats et les plaçait devant moi. Je m'attaquais directement à la pomme de terre comme si je n'avais pas mangé depuis un an. Une dizaine de minutes plus tard, lorsque je suis sur le point de prendre ma dernière bouchée, je remarque le regard de Nikolaï posé sur moi.
— Un problème ? demandai-je la bouche pleine.
— Je croyais que c'était un plat qui n'avait rien de spécial, répondit-il sur un ton moqueur
— Je n'ai pas mangé depuis ce matin.
— Tu ne devrais pas te priver de manger autant.
— Avec tout ce qui s'est passé, je n'ai pas tellement eu le temps de penser à la nourriture.
— Pas tort.
     Un silence s'installe à nouveau entre nous cependant cette fois-ci, il est celui qui le brise.
— Demain, il y a un repas chez tes parents.
— Non, je ne crois pas.
— Ce n'est pas une question, mais une affirmation. Ta mère m'a appelée pour nous inviter.
— Elle t'a appelé ?? Toi ???
— Il y a un problème à cela ?
— C'est une trahison !
     Il me regardait comme si j'étais folle. Peut-être que je l'étais vraiment et que j'exagérais un peu trop et que ma réaction n'était pas nécessaire. Cependant je ne comprenais pas depuis quand ma mère s'entendait si bien avec Nikolaï pour l'appeler lui pour le prévenir d'un dîner chez moi.
— Trahison ? Je ne comprendrais jamais ta manière de penser sur ce sujet.
— Il n'y a rien à comprendre. Je suis bizarre.
Mais j'étais heureuse qu'il m'ait pardonné sans faire trop d'histoire.

***

Le lendemain

Nikolaï tendit une boîte à ma mère qui contenait un cadeau et posa sa main sur le bas de mon dos pour me faire avancer. Je salue rapidement les parents de Nikolaï, avant de retirer mon manteau et mes chaussures pour me mettre à l'aise. À peine ai-je fini de ranger mes chaussures qu'April se jeta dans mes bras.
— Lucia !!
— April !!
— Tu m'as manqué ! Pourquoi tu n'es pas venu avant ?
— J'étais très occupée !
Son regard dévie vers Nikolaï derrière moi qui discute avec ma mère.
— Nikolaï !
— Princesse !
     Est-ce que j'étais prête à fondre sur place face au sourire qui s'affichait sur les lèvres de Nikolaï lorsqu'il accueillait ma sœur dans ses bras ? Je ne savais pas quand cette complicité entre ces deux-là s'était créée, cependant, c'était arrivé et cela me rendait heureuse. Avoir une complicité avec ma sœur lui donnait des points en plus dans mon estime.
    
Nikolaï était assis en face de moi, sa mère se trouvait juste à côté de moi et ma sœur avait insisté pour s'asseoir à côté de Nikolaï, il semblerait que ces deux-là soient devenus meilleurs amis. Le repas avait commencé il y a une dizaine de minutes et chacun discutait de son côté, j'écoutais les conversations comme je le pouvais en essayant quelquefois de donner mon avis.
— C'est vrai que Nikolaï a passé la plupart de son adolescence enfermé dans sa chambre à prétendre souffrir d'une dépression pour attirer notre attention, car il trouvait que nous travaillons beaucoup ! C'est vrai que par rapport aux parents de ses amis nous travaillons beaucoup, cependant, c'était pour lui construire un avenir brillant !

     La mère de Nikolaï s'était exprimée plus fort qu'elle ne devait, car toutes les têtes se tournèrent vers elle. Je tournai ma tête vers Nikolaï et je remarquai que son regard était rivé dans son assiette et que les muscles de sa mâchoire étaient contractés. Nikolaï m'avait expliqué comment il avait souffert de sa dépression et comment cela continue de l'affecter et de voir sa propre mère minimiser ses souffrances devant tout le monde, c'est quelque chose que je ne conçois pas. Je ne comprends pas comment une mère peut penser comme elle.
— Si je peux me permettre de parler, commençais-je. Je trouve cela très déplacé de votre part de parler d'une partie de la vie de votre fils dans un dîner de famille alors que celui-ci ne vous a pas donné l'autorisation. De plus, je pense que votre fils n'a jamais prétendu souffrir d'une dépression étant donné que cela a été prouvé par des spécialistes. La seule chose que je vois ici, c'est le fait que vous n'avez pas été une bonne mère quand votre fils avait besoin de vous.
     À présent, elle m'observait comme si je venais de dévoiler son plus grand secret devant un public de mille personnes.
— Comment oses-tu me manquer de respect de cette manière petite...
— Fini ! cria Nikolaï. Ça suffit ! Je ne veux plus rien entendre !
     Sa mère posa un regard indigné sur lui, comme s'il venait de lui donner toutes les raisons pour le déshériter.
— Passons au plat, déclara ma mère en essayant de calmer l'atmosphère.
     À la fin du repas, la tension n'était toujours pas redescendue malgré les nombreuses tentatives de ma mère. Les parents de Nikolaï étaient repartis sans se préoccuper de leur fils et c'est à ce moment-là, j'ai compris à quel point leur fils n'était rien à leurs yeux. Ils avaient laissé une boîte à l'entrée m'indiquant que c'était un cadeau pour nous sans oublier de préciser qu'ils regrettaient de l'avoir acheté vu le comportement de Nikolaï pendant le dîner. Comme si c'était un gamin qu'on devait récompenser pour un bon comportement. Je ne savais pas comment Nikolaï avait fait pour survivre avec des parents comme ça, si j'étais à sa place, je n'aurais jamais pu.





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Hello ! J'espère que vous allez bien ?

Enfin le chapitre 23 ! Celui-ci à été long à écrire comme à corriger ! Je vais me lancer dans l'écriture du chapitre 24 maintenant !

N'hésitez pas à me faire part de vos prédiction pour la suite de l'histoire.

Et comme certains l'ont vu sur Instagram, je suis de retour dans l'Era de This Day ! J'ai enfin commencé à réécrire le Tome 1 pour me préparer à l'écriture du Tome 2.

Comme vous pouvez le deviner l'écriture de Don''t Break Me reste toujours difficile à gérer car je jongle entre la réécriture de deux livres maintenant. Cependant je vais essayer de terminer cette histoire avant la fin de l'année !

Sur ce à bientôt !

Prenez soin de vous !

Don't break meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant