Juillet 1996
Je m'appelle Peter Wellex, j'ai vingt-cinq ans, presque vingt-six, et cette année, pour la toute première fois, j'ai mis un pied à l'extérieur de mon très cher pays, les États-Unis. Ce qui est pour moi une véritable libération. Je vais passer deux mois loin de toutes contraintes et de toutes obligations. Mais ces deux mois ont un coût, presque deux ans de petits travaux en tout genre, réalisés en parallèle de mes études, ne me laissant pratiquement aucune minute de répit. Mais je suis sûr que tout cela en vaut la peine. Que chaque goutte de sueur que j'ai versée mérite largement ce que je vais vivre durant cet été.
Il est plus de vingt et une heures quand le bus qui nous transporte, mes trois compatriotes ainsi que deux Australiens, s'arrête à un arrêt de bus juste à côté d'un parking, au centre d'un village. Juste à côté d'une voiture, contre laquelle est appuyé un couple d'une quarantaine, qui rit à gorge déployée avec quatre jeunes qui semblent avoir tout juste dix-huit ans. Une fois tous descendus du bus, nous prenons nos bagages dans la soute tandis que le couple et le groupe de jeunes viennent à notre rencontre.
- Bonjour tout le monde, bienvenue en France ! s'exclame joyeusement le mari dans un français à peine marqué par un accent. Je suis Luzian Verliebt et voici mon épouse Éléonore. C'est chez nous que vous passerez votre séjour, reprend-il dans un parfait anglais cette fois-ci.
- Bonjour, nous dit sa femme en nous faisant un grand sourire et un signe de la main.
Je n'ai pas besoin de parler davantage avec eux pour savoir que je vais les adorer.
- Vu qu'il est déjà très tard, nous allons directement prendre le chemin de la maison. Ma femme va prendre vos bagages dans sa voiture tandis que je vais vous guider à pied. Et je m' excuse d'avance, nous avons une bonne trentaine de minutes de marche et je crains que ce ne soit en grande majorité de la montée, reprend le mari toujours en anglais en nous faisant signe vers la voiture.
Je m'exécute sans rien dire, tout en lui rendant le sourire qu'il m'adresse quand je passe à côté de lui. Deux minutes plus tard, nous prenons le chemin de la maison, sans qu'aucun de nous ne dise le moindre mot. Si je soupçonne certains d'être trop timide, d'autres, dont moi, sommes juste trop fatigués pour tenir la moindre conversation. Mais ce cher Luzian Verliebt ne se démonte pas et continue de nous raconter l'histoire de chaque bâtiment de ce village médiéval devant lequel nous passons. Ce n'est que quand nous arrivons devant le portail de la maison que je me rends compte que le groupe de jeune qui était avec Luzian et Eléonore sur la place ne nous a pas suivi.
- Où sont passés les jeunes gens qui étaient avec vous sur la place ? je demande à Luzian, après être remonté à son niveau, alors qu'il ne dit plus rien depuis quelques minutes.
- C'est le groupe d'Italiens. Ils vont partir d'ici quelques jours, alors ils ont décidé de rester au village avec d'autres jeunes du coin, me répond-il en passant un bras autour de mes épaules. Mais dis-moi, tu parles très bien français. Comment l'as-tu appris ?
- Par moi-même. J'ai toujours rêvé de visiter la France et en particulier Toulouse. Alors quand j'ai appris que vous, spécialiste de Dante, viviez ici et que, de plus, vous proposiez des séjours d'apprentissage, j'ai décidé de tenter ma chance, dis-je en lui souriant, ne pouvant me retenir quand je vois son visage s'illuminer au fur et à mesure de ce que je lui raconte.
- C'est bien ce qui me semblait. Tu es Peter, celui qui se spécialise dans Dante, dit-il en me donnant une nouvelle tape sur l'épaule.
- Oui, c'est exact, Je suis un grand passionné de son œuvre, en particulier de « La Divine Comédie », sur laquelle j'ai recentré mes études.
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Notre Premier été (Auto-publié depuis le 30 octobre 2024)
RomantizmChaque été, Dante, un jeune franco-allemand de dix-huit ans, retrouve le charme ensoleillé de la villa familiale dans le sud de la France. L'été 1996 apporte avec lui une rencontre inattendue : Peter, un Américain de vingt-quatre ans, qui échappe le...