Chapitre 7 : Home Sad Home

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 — Très bien ! Imagine le jus coulant suavement sur le porc ! La douceur des œufs ! scande Viktor et son accent russe dans la patinoire.

Assise avec un plaid, sur les gradins, l'air dans ma cage thoracique est sur le point d'exploser... de rire. Yuuri a littéralement hurlé « Bol d'escalope de porc » au repas d'hier soir tel un « Eurêka » avant de s'enfuir de honte. Et il y a de quoi, la vingtaine passée mais la passion réside pour lui dans un bol de riz à l'œuf avec du porc sauté. Ridiculement drôle.

— Mehreen, ma petite fée, veux-tu bien sortir au lieu de te moquer de mon élève, cachant son agacement derrière un sourire.

— Pas de ton élève Vik, de son immaturité, m'esclaffé-je.

— Dehors petite fée. Le mien, au moins, l'a trouvé son inspiration, souligne-t-il en me poussant vers la sortie. Va donc l'accompagner au temple.

Je me rembrunis. Donc les sessions pilates-yoga de ses derniers jours n'ont pas aidé son entraînement on ice ce matin. Je ne vois pas comment l'aider sans lui faire passer un questionnaire sur tout ce qui pourrait l'émouvoir. A condition qu'il le reconnaisse. Coche la case casse-pieds s'il-te-plaît.

Je soupire en désespoir de cause en me dirigeant vers les vestiaires hommes. Au moins nos échanges sont moins acerbes qu'à notre rencontre. Disons que cela consiste désormais à  m'adresser la parole de manière on ne peu plus restreinte. Son fonctionnement n'était pas compliqué à comprendre. Il se sert de son agressivité pour couvrir sa capacité à exprimer ses émotions et donc sa vulnérabilité. Comment obtenir quelque chose de ça je me le demande.

J'ouvre la porte sans frapper, plus par habitude qu'autre chose. Évidemment je tombe sur Plisetsky qui rehausse son legging noir, me tournant le dos. Cette peau diaphane, il ne prend jamais le soleil ? De quoi je parle, il passe sa vie à patiner entre moins deux et dix degrés. C'est alors que je remarque une tâche sombre sur son trapèze droit, non, sur les deux épaules. Je m'approche discrètement et ma main effleure les bleus sur sa peau. Il sursaute et je remarque ses écouteurs tombant de ses oreilles. Voilà pourquoi il ne m'avait pas entendu arriver.

— Des bleus sur les jambes je comprends, j'en ai récolté pas mal aussi. Mais j'ai rarement vu des bleus aussi prononcés sur cette zone. Qui t'a fais ça ? demandé-je calmement.

Il réduit le distance entre nos corps, si bien que son souffle chaud s'écrase sur mes joues.

— On ne t'a jamais appris à toquer avant d'entrer printsessa ? grogne-t-il.

Mais je ne me laisse pas intimider pour si peu.

— Tu ne me fais pas peur Yuri Plisetsky. Alors cesse ton numéro et dis-moi qui est respons –

Il me coupe la parole sur un ton sarcastique.

— Les sessions au temple ne sont pas données avec une frite en plastique si tu vois ce que je veux dire.

— C'est tout ? haussé-je les sourcils.

— C'est tout.

Je sort en trombe des vestiaires et enfonce les portes battantes de la patinoire.

— Ça c'est non Viktor !

Le duo Viktuuri me fixe les yeux ronds comme des boules de neige. Je bouillonne intérieurement.

— Tu peux être plus précise ma petite fée ?

— Le temple ! Yuri ! crié-je.

Je campe fermement mes pieds à quelques centimètres de lui.

— Je refuse ça. Tu as vu ses bleus ? C'est de la maltraitance !

— C'est une méthode qui s'est montré efficace chez d'autres. Et puis il ne s'en est pas plaint, comment pouvais-je savoir ma petite fée ? Personnellement je n'ai jamais eu de panne d'inspiration pour avoir recours à cette méthode.

Freeze(d) [Yuri Plisetsky x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant