Chapitre 16 : Si j'avais su

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Je n'ai pas vu le mois passer. Si j'avais su...

Le voyage au Japon, ma confession à Viktor et mon craquage face à lui.

Ensuite la présence de Yuri dans mon immeuble, mon équipe, mon quotidien.

Je commence tout juste à m'y faire, mais j'ai rechigné. Pour finir par m'ouvrir à lui alors que nous n'avions jamais été aussi proches. Personne ne m'avait touchée de cette façon auparavant, encore moins perturbée au point que le soir, dans le lit de ma meilleure amie, je caresse la zone sur mes genoux où il a posé sa main et mon ventre se serre.

Au petit matin, mon téléphone vibre sur la table de chevet. C'est un SMS de Kyung qui m'informe de la répartition du groupe dans la première phase des Grand Prix. Je cherche en priorité notre catégorie masculine pour identifier la concurrence dont Yuri devra se soucier. Sato est sur Skate America, Kyung sur la Coupe de Chine. Je fais la grimace en lisant le nom d'Emilio sur Skate Canada. J'aurais grimacé pour n'importe lequel d'entre eux, mais le fait que ce soit lui cela rajoute une couche "relou" par-dessus la couche "menace concurrentielle". J'en informe immédiatement Yakov, car je crains que Yuri le prenne à la légère.

Rhosyn gigote de son côté du lit et vient se coller à moi.

- Bonjour la marmotte.

Elle émet une plainte endormie et se rapproche un peu plus, si bien que je vais bientôt déborder du lit et finir sur le parquet. En prévention, je plaque mes pieds froids sur ses jambes nues. Cela a un effet immédiat. Elle sort une nouvelle plainte déchirée et se met en boule pour recentrer sa chaleur sur elle-même.

Mon téléphone indique six heures quarante. Je me lève, m'habille et descend les escaliers à pas de loup. Cookie, le golden retriever de la famille, me fait la fête avant d'ingurgiter la gamelle que je lui sers. A mon tour, je prends un jus d'orange et quelques barres de céréales énergisantes. Puis réalise mes étirements sur l'ensemble du corps et j'enfile mes baskets de running.

Je fends l'air matinal d'un rythme soutenu. Nous ne sommes qu'au début du mois de novembre, par conséquent les températures sont presque douces mais il fait très humide et le soleil n'est pas encore levé. Ce n'est que vers la dernière semaine du mois que les canadiens commenceront à penser que les dix degrés actuels étaient très agréables.

Je cours sans GPS, un mini challenge à moi-même pour vérifier si j'ai oublié mon circuit préféré. Je dépasse rapidement Saj One, la boulangerie aux saveurs du Moyen-Orient, notre lieu de rendez-vous fétiche après une séance sur la glace avec l'équipe de Rhosyn. Puis je descends l'avenue Munn jusqu'à l'école primaire, je tourne à gauche et traverse le parc Oakridge.

On se salue, le pouce en l'air entre joggeurs. Enfin, je longe la départementale. En ayant prudemment ralenti la cadence, je la franchis immédiatement après le deuxième arrêt de bus et pour finir, je traverse le quartier bien entretenu de Woodfield. Entre deux maisons, je déniche le chemin aménagé qui me mène à ma destination préférée.

Lions Valley Park.

Une terre boisée, immense, vallonnée de nombreux sentiers taillés pour les randonneurs, les cyclistes, les touristes ou les joggeurs comme moi. Parcourue par la rivière Sixteen Mile Creek que certains kayakistes empruntent pour déboucher sur le lac Ontario aux frontières de la ville. Le chemin me mène sur plusieurs points de vue en hauteur. Le vue n'est pas, à mon sens, à couper le souffle. Elle est revigorante, balayant les inconvénients de la vie citadine.

J'avise la carte du site à la recherche d'un trajet sans trop de montées-descentes. Je dois garder mon énergie pour l'après-midi au cas où Rhosyn me fait faire des choses folles. Comme la fois où nous avons relier mon skate à son vélo à l'aide de tendeurs. Ou quand nous nous sommes déguisées en poussins géants pour une course au hockey. Un gloussement s'échappe entre mes dents à ce souvenir.

Freeze(d) [Yuri Plisetsky x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant