I - 11 Vegas la bête

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Vegas

Pourquoi j'ai fait ça ? Pourquoi je gâche tout entre Pete et moi ? J'ai le coeur qui pèse une tonne, j'ai envie de hurler.

Il est ma première, ma seule histoire d'amour.

Avant lui il n'y a eu que des aventures d'un soir. Mon père m'humiliait tellement, surtout parce que j'étais gay, que je détestais tout le monde y compris moi même. 

Lorsque j'avais envie de baiser, je prenais un mec, n'importe lequel. Avec mon physique je n'avais pas à chercher beaucoup. Je  l'emmenais dans un hôtel ou dans ma voiture. J'avais toujours avec moi une valise avec les accessoires nécessaires à satisfaire mes pulsions :  menottes, bâillon, fouet, pince mamelon, corde... Pendant l'acte j'avais besoin de dominer, d'humilier, de faire souffrir physiquement mon partenaire pour arriver à jouir. Une fois obtenu ce que je voulais, je balançais le mec blessé et souvent en larmes sur le premier trottoir venu et je l'oubliais aussi sec

Ma vie amoureuse était à l'image de ma vie tout court, un vrai désert sentimental. 

Seul mon frère arrivait à me toucher. Je l'avais pris sous mon aile pour recevoir, à sa place, tous les coups que papa donnait dans ses accès de rage qui étaient fréquents. Mais il se comportait souvent en enfant gâté et, même s'il m'aimait beaucoup, il s'intéressait surtout à ses jeux vidéo, à ses baskets et à ses premières histoires d'amour. Je ne l'intéressais pas en tant qu'être humain. Il ne connaissait pas mes fêlures, les souffrances que je cachais sous mon apparente arrogance. Du coup, je ne lui montrait jamais le vrai Vegas, la bête.

Et puis Pete est arrivé. Quand j'y pense, et si on fait abstraction des circonstances, c'est le seul de mes mecs qui ait mis un pied chez moi.

Lui il a vu la bête en face. Celle qui ne ressentait rien à part de la colère. Celle qui l'a torturé jusqu'à presque en mourir, celle qui l'a humilié en le traitant comme un animal. 

Et au milieu de ce supplice, simplement parce qu'il était Pete il est arrivé à faire ressortir ce qui était enfoui au fond de moi depuis bien longtemps : le pouvoir d'aimer. 

Il m'a sauvé de moi même et m'a appris le bonheur. 

- Je dois lui demander pardon encore une fois.  - me dis-je. Je m'en fous d'être son chien, même la fourmi qu'il écrase sous son pied tant que je reste avec lui.

Je ne veux pas lui dire ça au téléphone alors je fais le chemin inverse vers la maison mais, quand j'arrive, il est déjà parti.

Je monte dans la chambre de Macau qui écoute de la musique. Je lui dis :

- Tu as vu Pete ?

- Quelqu'un est passé le prendre en voiture, il m'a semblé que c'était un des mecs de la famille principale mais je ne sais plus lequel.

Quoi ? Qu'est ce qu'il fabrique avec la famille principale ? Un boulot spécial ou il a juste voulu fuir ce connard de Vegas qui ne fait que le tourmenter.

- Ok et tu n'es pas en cours aujourd'hui ?

Je vois à son regard qu'il cherche un mensonge plausible.

- Non, un prof est absent. dit-il

Je m'assied sur le rebord du lit, lève mes yeux vers les siens. - La vérité s'il te plait.

Il pousse un soupir et dit: -Depuis que les mecs de l'école savent que tu n'es plus le chef de la famille secondaire y'en a plein qui se foutent de ma gueule, on me bouscule dans les couloirs, on rigole quand je passe. J'en ai marre !

- Et pourquoi tu n'en as pas parlé à Pete ou à moi ?

- Parce vous êtes en pleine lune de miel, ça se regarde dans les yeux, ça roucoule, ça se tient main dans la main. Je voulais pas vous déranger.

- Depuis quand tu déranges ton grand frère ? Tu sais que je suis toujours disponible pour parler avec toi. Il y aura toujours des mecs pour nous envier parce qu'on est riches, puissants et il faut bien l'admettre très beaux. 

Il sourit

- Tu vas devoir faire avec pour le reste de ta vie alors habitue toi dès maintenant à te faire respecter. J'ai toujours été là pour te protéger mais là je peux juste te dire que c'est pas en fuyant tes responsabilités et en te terrant au fond de ton lit que ça va aller mieux. J'ai confiance en toi, je sais que tu va régler ça. Après tout tu es mon frère. Viens

J'ouvre mes bras et il vient s'y jeter.

- Merci !! T'es tellement différent depuis que tu es avec Pete ! C'est fou comme il t'a fait changer. Avant je t'aimais mais tu me faisait toujours un peu peur. Si je t'avais raconté ça tu te serais arrangé pour que les mecs qui m'ont intimidé se fassent défoncer.

C'est vrai, chaque jour je me rends compte qu'il m'a changé et en mieux. Je lui dis :

- Je dois y aller. Je compte sur toi. Il fait un geste de la main qui veut dire "compris".

En sortant de sa chambre je prends mon téléphone et envoie un message à Pete : "On doit parler. Je t'attends ce soir dans "notre cantine". 

C'est le seul restaurant dans lequel on soit jamais allé, du coup on l'a baptisé "notre cantine" et on a dit qu'on y irait pour toutes les grandes occasions.

Je prends la voiture pour aller au centre commercial. Je m'arrête devant la vitrine du bijoutier. Il faut que je trouve quelque chose de spécial pour l'occasion. Je tombe sur deux bagues en or blanc. Elles ont chacune un demi coeur gravé, l'un blanc, l'autre noir et quand on rapproche les deux bagues le coeur se forme. Je pense : - Ça plaira sûrement à Pete. J'entre dans la boutique pour les acheter.

Le soir venu je suis installé dans notre cantine. J'ai mis un costume blanc parce qu'il m'a dit un jour que lors d'une vente aux enchères, où Kinn et moi sommes allés, je portais un costume blanc et ça lui avait fait un choc en me voyant, à l'époque il ne savait pas pourquoi.

Je porte la main à ma poche où j'ai rangé l'écrin qui renferme les deux anneaux au moment où mon téléphone se met à vibrer.

C'est un message de Pete : Je ne peux pas venir. Je dois m'absenter quelques jours. Je t'embrasse. Prends bien soin de toi. Pete

Vegas et Pete - C'est pour ça que je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant