I - 16 La recrue

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Vegas

En rentrant, je jetais mon sac de sport sur le sol et allais m'asseoir sur le canapé. Pete arriva un instant plus tard et s'assit près de moi. Il était allé chercher la trousse de secours et en sortit de l'alcool et un coton tige.

- Regarde moi, dit-il. et il entreprit de désinfecter la blessure que j'avais sur l'arcade. Je n'avais même pas senti que je saignais et, levant les yeux vers lui, je m'aperçus que son visage portait la trace de mes coups et qu'il avait un peu de sang au coin de la bouche.

Je m'en voulais de mon attitude. Ça n'avait pas été mon intention au départ mais, quand nous commencions l'entrainement, son air joyeux m'avait énervé. Il revenait près de moi, ne me fournissait aucune explication et en plus il avait l'air content de lui ! En une seconde j'avais vrillé et ma violence avait repris le dessus. J'avais voulu lui faire mal, je le savais, pour enlever ce sourire de ses lèvres. Pourtant je savais que Pete était un grand timide et qu'il attendait peut être tout simplement le bon moment pour me parler.

Il était tout près de moi, nettoyant la blessure. Cette proximité avait le don de me faire réagir, l'atmosphère avait changé mais il me ramena à la réalité en enfonçant le coton plus fort dans ma blessure, m'arrachant un - Aie! - de douleur. Il termina en appliquant un pansement puis se leva pour aller ranger la trousse.

Je le retenais par la main.

- Pete, il faut qu'on parle. Je n'aurais pas du m'emporter mais si tu ne dis rien ça ne va faire qu'empirer les choses.

Il poussa un soupir et s'assit.

- Je n'avais pas l'intention de te cacher quoi que ce soit mais je ne savais pas comment l'expliquer sans que tu t'énerves. On peut dire que c'est réussi ! Maintenant qu'on est calmés tous les deux laisse moi parler et ne m'interromps pas.

- ok. Lui dis-je

- Tu te souviens l'incident de l'hôpital ... 

Et il me raconta tout. Ses recherches avec Pol, la visite chez les gilets noirs et tout ce qui avait suivi. Quand il eut fini, il dit :

- Je sais que tu dois avoir du mal à l'accepter mais tu n'as pas à être impliqué. Je le fais pour Chan mais aussi parce c'est encore un gosse et qu'il a perdu ses parents comme moi. Je veux lui donner une chance de se racheter et de prendre un meilleur départ dans la vie.

- Saint Pete, le patron des causes perdues ! Tu es sûr que c'est ce qu'il faut faire ?

- Le plus important pour moi c'est toi. Je ne veux pas qu'il s'en prenne à toi. Si j'échoue alors on règlera ensemble le problème définitivement. Tu me fais confiance ?

- D'accord Pete,  je te fais confiance. Si tu m'as sauvé moi tu peux sauver n'importe qui. Par contre j'ai une requête et tu dois l'accepter.

- Oui c'est quoi ?

- Tu le formes si tu veux jusqu'à ce qu'il soit engagé par la famille principale, mais tu ne l'amènes jamais ici.

- ok

- Et tu ne restes jamais seul avec lui.

- ok

- Et tu ne me délaisses pas pour cette mission.

- ok, ok, ok ! dit il en me souriant. Je tendais mon petit doigt pour attraper le sien pour un "pinky swear" puis je le tirais vers moi pour l'enlacer.

- Maintenant donne la trousse, tu es amoché mon amour.

Pete

Pol passait me chercher en voiture et nous allions libérer New.

- Alors comment on procède ? me demanda t-il

- J'ai promis à Vegas de ne pas rester seul avec lui, alors toi et Arm devrez m'aider pour son instruction. On va faire un entrainement accéléré ; sports de combat, maniement des armes, techniques de survie... Je vais vous demander d'y consacrer tout votre temps libre. De mon côté, je vais aller parler à Maître Korn pour lui expliquer la situation et lui demander cette faveur.

- Ouille ! Ton mari t'a fait une scène je vois ! Mais je suis sûr que tu as tous les arguments nécessaires pour le convaincre, pas vrai ? Dit-il en me faisant un clin d'oeil.

 - Ta gueule ! dis-je en lui envoyant un coup dans l'épaule. Comme je ne peux pas le prendre chez moi je vais lui trouver un endroit où loger et je lui donnerais un peu d'argent, mais il va falloir le surveiller de près pour qu'il ne retombe pas dans la drogue.

- Compte sur nous mon pote.

Nous arrivions à la maison. New était en train de regarder un film sur l'ordinateur que je lui avais laissé pour s'occuper.

- Comment tu vas ?

- Bien mieux merci, j'ai pris mes médicaments et mangé. Mais j'en ai marre de fainéanter sur ce lit.

Je le détachais et lui tendait des vêtements propres.

- Va te laver et t'habiller on part dans 15 minutes.

New

Nous roulions vers la maison principale. Je me languissais de voir l'endroit et les personnes avec qui Chan avait travaillé. Quand il était mort je n'avais eu droit qu'à un appel rapide et sans chaleur d'une personne que je ne connaissais pas.

- Khun Chan m'avait dit de te prévenir s'il lui arrivait quelque chose. Je suis désolé de te dire qu'il est mort lors d'une fusillade avec la famille secondaire. Je pense qu'il a pris ses dispositions pour toi. Toutes mes condoléances.

J'étais resté interdit, le téléphone dans la main, terrassé par la douleur. Quelques jours après ma décision était prise. J'avais commencé à traîner dans les bas quartiers pour en savoir plus sur la famille secondaire, ce qui m'avait mené à Vegas.

Vegas ! J'avais du renoncer à le tuer pour tenir ma promesse à Pete mais je m'interrogeais sur la nature de leur relation. Étaient ils amis, amants ? Non je ne pouvais pas imaginer qu'un type adorable comme Pete puisse aimer un type pareil. Il était resté près de moi quand j'allais mal, il m'avait soigné, nourri. Il m'offrait la vie dont j'avais toujours rêvé d'avoir avec Chan, et même si ce dernier n'était plus de ce monde je voulais le rendre fier.

Nous arrivions devant la maison et j'étais impressionné de voir à quel point elle était somptueuse. Des gardes étaient en faction devant l'entrée. Ils saluèrent Pete et Pol et nous laissèrent entrer. Je m'avançais plein de crainte et d'espoir vers ma nouvelle vie. 

Vegas et Pete - C'est pour ça que je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant