Chapitre 9 : la révolution

15 3 0
                                    


« -Comment tu le sais... ?

-Je suis ici depuis tellement longtemps que j'ai raté mon mariage, la naissance de mes enfants et même ma propre retraite ! »

Il se met alors à rire et je le regarde complètement abasourdi. En plus d'avoir un humour quelque peu douteux, on ne peut pas dire que ce soit le roi des réponses. Je soupire lourdement et me laisse aller à mes pensées. Au moins j'ai quelqu'un de mon côté si je puis dire. Je pense qu'un prisonnier n'a qu'une envie, non ? Rentrer chez lui. Nous allons peut-être nous aider mutuellement. Tant qu'il ne me trahit pas ça sera déjà une grande avancée. Alors que je réfléchis, une vive douleur me surprend au niveau de la tête et je me retourne sur la personne qui m'a fait ça.

« -Je n'avais pas fini de parler et voilà que tu pars ailleurs dans tes pensées. Continue Jasper le ton se voulant le plus grave possible. Ce que je voulais dire par rapport à ça c'est que ton copain là, s'il n'est pas avec nous, il doit être avec les céléstiens.

-Comment sais-tu tout ça ? Pour les céléstiens ?

-Disons que je suis un peu comme eux. »

Je n'ai pas le temps de répondre que l'alarme retentit à nouveau. La pause est terminée, nous devons retourner à nos postes respectifs. Tout en me mettant en marche, je regarde Jasper par-dessus mon épaule, l'air interloqué. J'ai la sensation qu'il connait plus de chose qu'il voudrait le faire croire.

Un peu plus tard dans la soirée, j'entends Jasper m'appeler à travers toute la prison. Réveillant les prisonniers qui étaient endormis. Je soupire, il est tellement discret que les gardes ne manquent pas de tous foncer sur lui. Du moins je pense. Après tout, il n'y en a plus aucun de mon côté. J'entends la porte de sa cellule s'ouvrir, des cris étouffés et les gardes qui l'emmènent à l'extérieur en passant devant ma cellule. Lorsqu'ils arrivent à ma hauteur, Jasper me regarde et me glisse un petit bout de serviette que je m'empresse de cacher à l'insu des armures qui continuent leur route. La voie étant libre, j'ouvre le misérable bout déjà utilisé pour un quelconque repas et je lis le mot écrit avec ce que l'on peut trouver dans une cellule de prison : « Demain, 14h, la révolution sera en marche ». Une révolution ? Mais depuis quand j'ai signé pour une révolution ? Je voulais juste retrouver Kirino et partir d'ici. Enfin, je suppose que je ne vais pas pouvoir le retrouver de sitôt si je passe mon temps à effectuer les travaux qu'ils nous demandent de faire tous les jours. Cette révolution me fait peur puisque rien n'a été préparé mais c'est un coup de poker à essayer pour s'en sortir une bonne fois pour toute.

Dehors j'entends des bruits secs dans les airs et le son d'un râle étouffé. Je m'assieds dans ma cellule et me bouche les oreilles en fermant les yeux. Il ne faut pas être un grand génie pour savoir ce qu'ils sont en train de faire à Jasper. La nuit va être longue.

Le lendemain, retour aux travaux et je suis assigné à la roue. Je dois la tourner avec les autres qui sentent tous la sueur et le pire de tout est que je suis sûr que je sens mauvais tout autant qu'eux. Les corvées de l'Observatoire sont des petites friandises comparées à celles-là. Vivement la pause midi.

A midi, je retrouve Jasper un peu inquiet, le bout de papier plié dans mon poing. Je ne l'ai pas lâché depuis le début de la journée de peur qu'en fouillant ma cellule les gardes le trouve et me fassent subir la même punition qu'à mon ami de fortune.

« -Est-ce que ça va ? Je demande

-Parfaitement ! Il rit

-Ils t'ont...

-Fouetté ? Oui. Mais ça ne me fait pas mal du tout ! »

Il continue de rire aux éclats tout en me montrant son dos meurtrit et je grimace de douleur à sa place.

CéléstiensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant