Chapitre 1

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C'était un jeudi. Un de ces jours que l'on aime uniquement parce qu'il est proche du vendredi et ainsi du week-end. La lumière vive et artificielle du laboratoire reflétait contre la paillasse en carrelage blanc. Il n'y avait aucune odeur, aucun bruit, aucune fenêtre. Aseptisé. Un monde sous cloche.

La jeune rousse était penchée sur son microscope, l'œil collé à l'objectif, elle inspectait méticuleusement les microorganismes en développement sur son échantillon. Elle avait opté pour un microscope optique à fond clair, son préféré pour sa polyvalence et ancienneté. Il lui permettait un grossissement de 1500 à 2000 fois plus important. Ici l'échantillon était éclairé par dessous et inspecté par dessus. Elle avait choisi de réaliser un examen direct, un échantillon à l'état frais avec un montage entre lame et lamelle.

A l'aide d'une pince, elle avait déposé l'objet à observer au centre de la lame en verre, avait ajouté une goutte de liquide afin que la lampe du microscope n'assèche pas la préparation et avait recouvert délicatement d'une lamelle en évitant de piéger des bulles d'air.

Alors, elle s'était plongée contre son objectif, comme on se glisse dans son bain chaud après une journée sous la neige ou une longue journée, un bouquin à la main et prête à engloutir les aventures du protagoniste. Sauf qu'ici c'était beaucoup plus écolo que le bain.

Elle, elle vivait les aventures des euglènes ou euglena pour les scientifiques, un genre commun d'algues vertes flagellées, riches en nutriments et se reproduisant rapidement dans un milieu constitué d'eau.

- Il est 22h30 Pénélope, je ferme cette fois-ci, interpella une voix.


Pénélope releva la tête, un sourire embarrassé. Elle n'avait pas vu l'heure passer, encore une fois...

Par chance, son maître de stage Ravi Simh, venait une fois de plus de la ramener à la réalité. 

Pénélope avait vingt et un an et était étudiante en dernière année de master en microbiologie spécialisée dans l'environnement. Déjà cinq ans d'études parce qu'elle avait sauté deux classes dans son enfance : le CE2 et la sixième.

Depuis presque un an, en alternance avec ses cours (le lundi et le mardi de 9h à 17h) elle faisait un stage au centre de recherche national de la ville. Un complexe immense avec un nombre important de chercheurs et de locaux dont des laboratoires de sécurité niveau 4.


- J'arrive, répondit-elle.


Pénélope se leva de son tabouret et retira sa casaque longue encore une fois ancré entre ses fesses, témoignant d'une position statique longue.

Accompagnée de Ravi, elle sortit du laboratoire L3, un local en dépression permettant le confinement des agents biologiques manipulés, mais dont l'entrée du personnel devait être effectuée via un sas avec des portes asservies.

Ici, tout était très réglementé et organisé. Pour pénétrer à l'intérieur du laboratoire, il fallait passer par les vestiaires, changer ses chaussures, enfiler une combinaison avec pieds et capuche ou une casaque longue avec surbotte et charlotte.

On pouvait ensuite entrer dans le sas, nettoyer ses mains avec lavage d'au moins 5 minutes, pour pouvoir ensuite enfiler son masque (chirurgical ou avec un appareil respiratoire filtrant selon la nécessité) et une voire deux paires de gant à usage unique en latex bleu piscine des plus sexys, à bien sûr changer fréquemment par la suite. Vous l'aurez compris, la surface de peau à l'air libre se fait rare.

Après avoir retiré ses nombreuses couches de protection, elle lava ses mains vigoureusement. Le lavage des mains après une longue journée était souvent synonyme de détente et de partage discret.

Madame aux yeux champagneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant