Chapitre 12

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Depuis ce soir-là, Pénélope ne se sentait pas bien. Elle se traînait comme une loque, son corps refusait de s'alimenter comme il le devait. Elle regrettait amèrement ses choix, d'abord celui d'avoir tenté quelque chose avec Ravi, puis finalement celui de l'avoir détruit sans raison apparente et perdu son ami, le seul peut-être qui la comprenait vraiment.

Bien sûr que c'était de sa faute, bien sûr qu'elle s'en voulait d'avoir fait souffrir Ravi.

Les triangles amoureux c'était si cliché dans les séries, elle s'en était tellement moquée ! En plus triangle amoureux ? C'était vite dit, elle n'était même pas amoureuse du Prince, elle avait juste senti un truc, un petit truc. Mais on était très très loin de l'amour ou de sentiments !!!

Mais qui était elle ? Elle ne se reconnaissait même pas. Comment elle qui crachait tant sur la famille royale et tout cet apparat ridiculement hors de notre temps pouvait elle se mettre dans cette situation idiote.

C'est alors Alizée qui depuis quelques jours se faisait force de persuasion et qui la poussait à y aller :


– C'est le Prince Pénélope. L'héritier du trône, le fils de ceux qui gouvernent, alors tu ravales tes larmes et tu bouges ton cul !

– On s'en fiche de ça !

– Non, on ne s'en fout pas. Pas du tout même. As-tu au moins une idée du nombre de filles qui rêvent d'être à ta place ? Tu sais que certaines familles ont même économisé pendant des années pour pouvoir mettre leur enfant dans la même école que lui ? C'est un conte de fées Pénélope, ta danse avec lui, cette invitation... T'es ma nouvelle Cendrillon !

– Mouais...


Alizée avait laissé un silence, attendant une réaction de sa partenaire. Rien. Elle avait l'impression de parler à une huître.

Pénélope avait les yeux rouges et gonflés, les lèvres sèches, gercées et le bout du nez complètement irrité par les mouchoirs. Le seul mouvement apparent sur son corps était celui d'un petit bout de peau trop sec à la bordure de sa narine qui faisait des va-et-vient à chacune de ses inspirations et expirations.

Alizée s'était agacée et avait pointé son index sur elle d'un air menaçant.


– Et puis, t'as vraiment envie de te mettre la famille royale à dos ? Si tu refuses son invitation, tu peux changer de plan de carrière tout de suite et accepter un CDI chez tes parents, parce qu'ils se débrouilleront pour que tu ne réussisses pas ! Même si tu as ton doctorat Penny, ils détruiront ton nom, eux, les journaux, tout le monde !


Ces mots percutèrent Pénélope comme la première claque qu'elle s'était prise par sa mère Cécile quand elle avait osé voler un paquet de bonbons à quatre ans. Son ego en prit un coup, sa joue lui brûlait encore. Dans quel pétrin s'était-elle mise ?


– Tu vis un rêve Pénélope... T'as le prince charmant qui t'invite et toi tu veux refuser! Je te jure, si t'es pas un peu capricieuse...


Honteuse et boudeuse, elle avait alors été dans l'obligation d'accepter. Peut-être qu'Alizée avait raison, c'était le rêve de tellement de femmes du royaume, alors, pourquoi tergiverser ?

Pénélope n'avait eu que quelques jours pour se remettre de sa peine. Et c'est le cœur encore un peu amoché qu'un chauffeur vint la récupérer devant son appartement même.

Elle s'étonna de voir une voiture dans les rues piétonnes et réalisa l'importance de la famille royale qui en plus de pouvoir circuler n'importe où, connaissait son adresse sans qu'elle n'ait jamais eu à leur transmettre.

Madame aux yeux champagneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant